-Libye sous Sarkozy | de la réhabilitation de Kadhafi à sa chute

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France-Libye sous Sarkozy | de la réhabilitation de Kadhafi à sa chute

La campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007 a-t-elle été financée par le dictateur libyen Mouammar Kadhafi ? L’ancien président de la République va revenir devant le tribunal, à partir de ce lundi 6 janvier, pour répondre, avec plusieurs anciens ministres, aux soupçons de corruption internationale.

La singularité du régime de Mouammar Kadhafi, en quête de respectabilité sur la scène diplomatique dans les années 2000, a alimenté les soupçons de financement libyen de la campagne électorale présidentielle de Nicolas Sarkozy, sur lesquels la justice française va se pencher à partir de ce lundi. L’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, devra répondre, aux côtés de plusieurs anciens ministres, de soupçons de corruption internationale. Le procès se terminera le 10 avril 2025.

Opacité

Lorsque Nicolas Sarkozy est entré à l’Élysée en 2007, « il faut rappeler qu’en Libye, nous sommes confrontés à un état d’anarchie », déclare Hasni Abidi, directeur du Centre d’études sur le monde arabe et la Méditerranée. Il y avait « les hommes de la tente », les chefs du renseignement intérieur composant un cercle restreint entouré d’une « opacité totale », et qui échangeaient avec un autre cercle restreint, celui des proches de Nicolas Sarkozy, explique l’expert.

“Le congrès populaire général – équivalent du Parlement – ​​n’avait absolument aucun pouvoir ni contrôle sur les décisions prises par l’entourage de Kadhafi”, ajoute-t-il.

« Valises d’argent liquide »

Le diplomate Patrick Haimzadeh, auteur du livre « Au cœur de la Libye de Kadhafi » (Editions JC Lattès), connaît bien le régime libyen pour avoir été en poste à Tripoli de 2001 à 2004. « Il était d’usage que le régime Kadhafi finance des dirigeants étrangers. de l’État et des hommes politiques au pouvoir ou dans l’opposition, le plus souvent sous forme de valises pleines d’argent liquide », affirme-t-il sans détour. « De là à dire que Nicolas Sarkozy en a profité, c’est à la justice française de trancher », poursuit-il prudemment.

Il rappelle que la relance du dialogue entre la et la Libye a commencé bien avant la présidence de Nicolas Sarkozy (2007-2012).

Le processus a commencé sous Jacques Chirac, en 2001, lorsque Kadhafi a fermement condamné les attentats du 11 septembre, un changement radical de posture alors que le régime libyen était lui-même accusé d’être impliqué dans les attentats de Lockerbie (décembre 1988) et dans le DC 10 d’UTA (septembre 1989). , qui a fait des centaines de victimes et valu à Tripoli un embargo international.

Toutefois, « du côté français, de nombreuses réserves subsistent, en raison des litiges en cours et des sanctions onusiennes, européennes et nationales toujours en vigueur », souligne Patrick Haimzadeh. Paris explore alors des « domaines de coopération » mais uniquement dans des domaines non stratégiques comme la culture ou le tourisme.

«Canal direct»

Puis, « courant 2005, un attaché de sécurité détaché du ministère de l’Intérieur a été affecté à l’ambassade de France à Tripoli, établissant ainsi un canal de relations direct entre le ministère de l’Intérieur et les responsables de la sécurité libyenne », explique le diplomate.

Et “c’est avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Élysée en 2007 que la relation a pris un nouveau tournant avec l’ouverture de nouveaux domaines de coopération et des perspectives de contrats importants, notamment dans le domaine militaire”, poursuit-il.

La visite d’Etat du colonel libyen à Paris en décembre 2007 était aussi censée être l’occasion de signer des milliards d’euros de contrats. Cela n’aboutira jamais, ce qui entraînera une tension dans la relation, analyse Hasni Abidi.

Car « la Libye est un pays vierge. Tout doit être construit. Les gisements de pétrole sont très importants. Le pays dispose également de réserves d’or et d’argent qui font saliver toutes les chancelleries occidentales », explique-t-il.

La réadaptation « par la grande porte »

Côté libyen, Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, a « une obsession » : retrouver une forme de légitimité auprès de l’Occident. Planter sa tente, fin 2007, dans les jardins de la résidence officielle de l’Hôtel Marigny lui a évidemment offert une « réhabilitation par la grande porte », souligne Hasni Abidi.

Le dictateur devait rester trois jours à Paris, il faisait des prolongations, recevant tour à tour intellectuels, artistes et hommes politiques. Sans que les industriels français n’en récoltent les bénéfices.

La relation bilatérale avait cependant été marquée par une première période « d’euphorie », du côté français, décrit Jalel Harchaoui, chercheur associé à l’institut britannique Royal United Services.

À l’été 2007, Nicolas Sarkozy a réussi à libérer, après huit ans d’emprisonnement et de torture, cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien accusés d’avoir inoculé le virus du sida à des centaines d’enfants libyens. .
Ensuite, le colonel Kadhafi se révèle dur en affaires.

Déclin et chute

Par ailleurs, le régime libyen est frappé par « une forme de décadence », explique Jalel Harchaoui. “La corruption atteint des niveaux sans précédent : Kadhafi, qui se targuait de pouvoir la contrôler, n’en a plus le contrôle”, a-t-il déclaré. “Il y a une sorte de lente détérioration de la situation avec les bras droits de Kadhafi qui quittent le navire, certains pour se réfugier en France.”

En mars 2011, l’un des fils de Kadhafi, Seif Al-Islam, a lancé une bombe : « Sarkozy doit restituer l’argent qu’il a accepté de Libye pour financer sa campagne électorale. » “Je crois qu’il est tout à fait plausible” que la campagne de Nicolas Sarkozy ait été financée par le régime libyen “car il y avait cette tradition où les tyrans africains pouvaient acheter des hommes politiques en France”, souligne Jalel Harchaoui, en référence notamment aux soupçons de financement, par l’ancien président gabonais Omar Bongo, de campagnes électorales en France, comme celle de Jacques Chirac, en 1981. Ce dernier avait démenti.

“En revanche, il est absurde de croire que les Etats-Unis ont mené l’intervention militaire contre Kadhafi en 2011, simplement pour plaire à un président Sarkozy désireux d’étouffer l’affaire du financement”, conclut-il.

En mars 2011, le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé le recours à la force en Libye pour protéger les populations civiles des troupes de Kadhafi. En août, les rebelles prennent le pouvoir à Tripoli. Fin octobre, Mouammar Kadhafi, en fuite, est capturé et tué près de Syrte. Depuis lors, la Libye est en proie à la violence et au chaos.

SourceAFP

Par La rédactionComité de rédaction – Casablanca

 
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