une femme raconte son accouchement houleux à Mayotte

Son bébé a décidé d’apparaître en même temps que le cyclone Chido, le samedi 14 décembre 2024. Bérengère vit à Mayotte depuis sept ans, elle est elle-même sage-femme… et désormais maman. Comme d’autres femmes, cette habitante de Tsingoni, à l’ouest de la Grande-Terre, a accouché alors que le cyclone balayait l’archipel. « À 10 heures du matin, j’ai perdu les eaux, juste avant l’arrivée du plus fort du cyclone »dit-elle, trois semaines après la naissance de son fils.

“Les routes étaient bloquées, alors je me suis dit que je resterais calme à la maison pour ne pas contracter, essayer de retarder au maximum l’accouchement”explains Bérengère.

Pas de réseau toute la journée : Bérengère est coupée du monde jusqu’à ce que sa collègue Audrey, qui vit également à Tsingoni, lui rende visite le lendemain matin. “Tu m’ouvres la porte et tu me dis : ‘J’ai craqué hier et je me contracte’. Et là je me dis ‘oh non’. Nous n’avions pas de ventouse, nous n’avions rien à suturer, nous n’avions rien du tout.se souvient son collègue.

Bérengère a pu monter à bord de l’hélicoptère de la gendarmerie dans l’après-midi du 15 décembre pour accoucher à la maternité de Mamoudzou. (FRANCE INFO / RADIO FRANCE)

Le travail a commencé, mais Bérengère ne peut pas accoucher à la maison. Audrey part alors chercher une radio satellite. “Je cours aussi vite que je peux, grimpe aux arbres, contourne d’énormes plaques de métal”dit la jeune femme.

Il est informé qu’à l’hôpital de Mamoudzou, la zone d’atterrissage est détruite. Aucun hélicoptère du SMUR ne pourra s’y poser. Pendant ce temps, Bérengère patiente toujours : “J’étais encore dans mes contractions, donc j’étais vraiment concentré sur ma douleur.”

Dimanche après-midi, la gendarmerie a envoyé un hélicoptère. Heureusement, la maison de Bérengère se trouve juste à côté du stade, là où l’appareil peut atterrir. “Dès l’atterrissage de l’hélicoptère, toute la pression est tombée, on s’est dit ‘on est sauvés'”, se souvient Audrey. « C’était déjà la première fois que je montais en hélicoptère ! j’ai vu toute la végétation. Il ne restait plus rien, tout était plat. Une horrible vision du haut de Mayotte… »explains Bérengère.

Selon Audrey, “la police était super sympa”plus “nous étions un peu stressés cependant”. « Ils n’ont pas l’habitude d’avoir des femmes enceintes en travail dans leurs hélicoptères, alors ils m’ont regardé attentivement et m’ont dit : ‘tu es sûre qu’elle ne va pas accoucher sur la route ?’


L'entrée de la maternité Mamoudzou, à Mayotte, le 28 décembre 2024. (AGATHE MAHUET / FRANCE INFO / RADIO FRANCE)

L'entrée de la maternité Mamoudzou, à Mayotte, le 28 décembre 2024. (AGATHE MAHUET / FRANCE INFO / RADIO FRANCE)

L’entrée de la maternité Mamoudzou, à Mayotte, le 28 décembre 2024. (AGATHE MAHUET / FRANCE INFO / RADIO FRANCE)

Arrivé à Mamoudzou, l’hélicoptère parvient à se poser à proximité du port. Transportée à la maternité largement épargnée par le cyclone, Bérengère a finalement pu accoucher le 15 décembre, entourée de ses collègues sages-femmes. “Les filles n’auraient pas été là, des choses plus graves auraient pu arriver”dit Bérengère, la gorge nouée. Elle appelait son petit garçon Ezio, même si tout le monde lui disait “Bébé Chido, bébé Chido”. UN « une expérience inédite et inoubliable, c’est sûr »souligne la jeune maman.

Une femme accouche lors du passage du cyclone Chido à Mayotte, reportage d’Agathe Mahuet et Gilles Gallinaro

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