Dans juste un mois. Entre les derniers tournois de tennis masculin et féminin de 2024, et la United Cup, qui a lancé la saison 2025, les joueurs auront à peine eu le temps de souffler. Certains ont donc choisi d’attendre le 12 janvier et l’ouverture de l’Open d’Australie, premier Grand Chelem de l’année, pour reprendre la compétition. D’ici là, franceinfo : sport revient sur les cinq questions posées par la reprise des tournois sur les courts du monde entier.
Quelle tournure pourrait prendre l’affaire de dopage impliquant Jannik Sinner ?
Les oreilles du numéro 1 mondial doivent bourdonner. Alors qu’il n’a pas encore lancé sa saison 2025, Jannik Sinner continue d’apparaître dans les conversations de ses rivaux, à travers l’affaire de dopage dans laquelle il est mêlé. Depuis l’Australie, Novak Djokovic, comme Nick Kyrgios avant lui, a réclamé plus de transparence, estimant que les joueurs les mieux classés semblaient bénéficier d’un traitement de faveur. Le double test positif au clostebol effectué par l’Italien en mars n’a été rendu public que fin août.
Jannik Sinner a été innocenté par un tribunal indépendant mandaté par l’Agence internationale pour l’intégrité du tennis (ITIA) et n’a reçu aucune suspension. Il a défendu avec succès la thèse de la contamination. Mais son sort reste incertain puisque l’Agence mondiale antidopage (AMA) a fait appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), demandant un à deux ans de suspension.
“On estime que l’application des règles ne correspond pas à la jurisprudence”, a justifié le directeur général de l’AMA. La décision du TAS devrait être rendue début 2025. “Bien sûr, ça me trotte un peu dans la tête, a concédé l’Italien à la mi-novembre. Mais je ne suis pas inquiet. Je collaborerai comme je l’ai fait les fois précédentes.
Qui sera le leader du tennis féminin ?
Sur le trône depuis le 21 octobre 2024, Aryna Sabalenka entame pour la première fois une saison en tant que leader du tennis féminin. La Biélorusse démarre d’ailleurs l’année en terrain conquis, elle qui est double tenante du titre à l’Open d’Australie en 2023 et 2024.
Avec quatre titres supplémentaires remportés l’an dernier (et trois places de finaliste), elle a passé l’intersaison entre la Floride et le Moyen-Orient pour finaliser sa préparation, discutant des domaines de son jeu à améliorer : “Je ne suis pas très bon au filet, et même mon service n’est pas aussi bon que je le souhaiterais.” Cela s’est avéré payant puisqu’elle a remporté dimanche le tournoi de Brisbane en dominant la Russe Polina Kudermetova (107e) 4-6, 6-3, 6-2.
En 2025, le numéro 1 mondial devra continuer à ferrailler avec Iga Swiatek. Le Polonais, médaillé de bronze aux JO de Paris, a connu une fin d’été puis d’année compliquée. Testée positive à la trimétazidine en août 2024, l’ancienne numéro 1 mondiale a été suspendue un mois, se défendant avec la thèse d’une contamination.
Elle rate ainsi la tournée asiatique et voit disparaître de précieux points. « Le pire, c’était l’incertitude : je ne savais pas ce qui allait arriver à ma carrière, comment elle allait se terminer, si j’allais être autorisé à rejouer au tennis. C’est l’expérience la plus difficile de ma vie jusqu’à présent”, » confiait le joueur fin novembre, lors de la révélation de la sanction. Reste à savoir comment Iga Swiatek a digéré l’événement. Lors de la reprise de la United Cup, la Polonaise a déjà levé le poing à trois reprises.
Novak Djokovic peut-il entrer définitivement dans l’histoire ?
Après une année 2024 consacrée à l’objectif (atteint) de remporter le seul sacre qui manque à son palmarès – l’or olympique – Novak Djokovic va pouvoir se lancer à l’assaut d’un nouveau record. En annonçant le recrutement comme entraîneur de son ancien rival écossais Andy Murray, le Serbe de 37 ans a fait passer le message qu’il ne comptait pas se reposer sur ses lauriers, certes déjà bien garnis.
Co-détenteur du record du nombre de titres du Grand Chelem (avec Margaret Smith Court), le désormais numéro 7 mondial pourrait, dès le 26 janvier, inscrire son nom au sommet de l’histoire en remportant un 25e Majeur. Pour cette nouvelle tentative, il se lance dans son jardin australien où il possède déjà 10 couronnes. Une victoire finale à Melbourne serait aussi synonyme du centième titre en carrière pour le Serbe.
Mais après n’avoir disputé que 46 matches l’an dernier, Novak Djokovic a déjà lancé sa campagne 2025 en tombant à Brisbane en quarts de finale… face au 293ème joueur mondial (Reilly Opelka revient de plusieurs années de blessures alors qu’il était classé 17ème mondial en 2022).
Qui suivre les traces de Rafael Nadal sur ocre ?
L’abandon du roi de Roland-Garros laisse un grand vide sur terre battue. Quatorze fois vainqueur porte d’Auteuil entre 2005 et 2022, Rafael Nadal a remporté 63 de ses 92 titres sur terre, faisant de lui le meilleur de tous les temps sur cette surface. Plusieurs joueurs ont tenté de se faire une place dans l’ombre du « Taureau de Manacor », sans qu’un seul nom ne ressorte.
De nationalité espagnole et de même précocité, Carlos Alcaraz semble destiné à imiter son idole de jeunesse. Vainqueur de Roland-Garros à 21 ans la saison dernière, il a montré son talent et sa capacité à briller sur une surface sur laquelle il a remporté près de la moitié de ses 16 titres (sept).
Autre prétendant : Alexander Zverev. Déjà vainqueur de quatre Masters 1000 sur terre, l’Allemand ne s’est jamais imposé Porte d’Auteuil. Mais en 2024, il dépasse son plafond de verre des demi-finales (2021, 2022, 2023) en s’inclinant en cinq sets en finale. En 2024, il enregistre 23 victoires contre six défaites sur ocre. Le n°6 mondial Casper Ruud a connu un ratio similaire (24-7). Au cours de sa carrière, le Norvégien a remporté 11 de ses 12 titres sur terre battue. Il lui manque également la consécration à la Porte d’Auteuil ou lors d’un Masters 1000 pour commencer à se forger un statut.
Quel Français pourrait briller dans le dernier carré d’un tournoi majeur ?
Après une année 2024 morose pour les Tricolores, 2025 pourrait s’éclaircir. Les améliorations sont plutôt attendues du côté des hommes. En début de saison, trois Français figurent dans le top 30 : Ugo Humbert (14e), Arthur Fils (20e) et Giovanni Mpetshi Perricard (30e). Interrogé par Eurosport, leur compatriote Adrian Mannarino prédit même une saison conclue parmi les huit meilleures mondiales : “Ils jouent très bien et sont actuellement à leur place au classement. Ils sont jeunes, ils continuent de progresser donc je n’en vois pas raison ne pas les voir faire une belle saison à terminer au Masters.
Les trois meilleurs Français actuels ont remporté chacun deux titres l’an dernier. Élu « meilleure progression ATP » en 2024, avec un bond au classement mondial de la 205e à la 31e place, Giovanni Mpetshi Perricard a également débuté 2025 sur le parquet. A Brisbane, les Lyonnais se sont inclinés en demi-finale, mais ont néanmoins écarté consécutivement l’ancien 13e mondial Nick Kyrgios et l’actuelle 18e Frances Tiafoe.
De son côté, Caroline Garcia retrouvera la compétition à l’Open d’Australie, après une pause depuis fin septembre pour soigner une maladie persistante. La Française, qui confiait à l’automne avoir “J’ai perdu le plaisir de jouer”cherche maintenant à “jouer pour elle-même” et non plus pour les trophées et les classements. Le plaisir sera-t-il pour elle la clé pour retrouver le niveau de jeu qui lui a permis d’atteindre la 4ème place mondiale ? Derrière Caroline Garcia, les autres Françaises pointent au-dessus de la 50e place et les espoirs seront plus mesurés.