Toute rénovation nécessite une bonne dose de planification. Nous présentons des projets de différentes tailles, qui pourraient donner des idées.
Voici l’histoire insolite de la restauration d’une maison patrimoniale et du terrain environnant, à Saint-Laurent. C’est une histoire d’amour portée par les descendants de la famille Bélanger, les élus du quartier, sa population et des équipes de professionnels passionnés qui ont uni leurs forces pour en faire un projet exemplaire.
Rien ne destinait la maison Robert-Bélanger, construite entre 1803 à 1806, à Saint-Laurent, à devenir l’une des premières maisons patrimoniales au Canada à détenir la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design). Elle a résisté pendant 200 ans, grâce aux membres des familles Robert et Bélanger, propriétaires jusqu’en 1986. Son sort semblait scellé en 2007, lorsque ceux qui l’avaient acquise ont manifesté leur volonté de la démolir.
«Un groupe favorisant la conservation de la maison, qui comprenait un descendant de la famille Bélanger, a été formé, la Ville a été écoutée et une analyse de son intérêt patrimonial a été réalisée», souligne l’architecte Daniel Durand, associé chez DFS Architecture & Design.
En 2009, la maison Robert-Bélanger a été reconnue monument historique par la Ville de Montréal.
Plusieurs éléments militent en sa faveur, dont le fait que le terrain sur lequel la maison a été construite a appartenu à la famille Robert d’environ 1750 à 1848 et que la famille Bélanger a été propriétaire du terrain et de la maison pendant cinq générations. . La résidence, transmise grâce à des dons, est également représentative des maisons de ferme construites sur l’île de Montréal à la même époque. Une des deux dernières fermes construites entre 1770 et 1820 à Saint-Laurent, elle est implantée sur un terrain qui la met en valeur et rappelle la vocation agricole du lieu.
L’arrondissement de Saint-Laurent a acquis la maison Robert-Bélanger et le terrain en 2010, mais le chemin pour leur redonner leur éclat a été semé d’embûches, témoigne le maire de l’arrondissement, Alan DeSousa, qui a pris le dossier sous son aile.
La volonté n’était pas seulement de protéger le patrimoine, mais de le faire de manière exemplaire, de faire entrer la maison dans le 21ème.e siècle et veiller à ce qu’il soit considéré comme un symbole de réussite.
Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent
«J’avoue que nous avons rencontré des difficultés», explique-t-il. Dans notre vision, le site est aussi important que la maison. Leur histoire et leurs usages sont étroitement liés. Il a fallu beaucoup d’efforts et de volonté politique pour sécuriser le terrain, qui se trouvait dans une zone où de nombreuses nouvelles maisons étaient en construction. Les terres, qui génèrent aujourd’hui les cultures qui alimentent nos banques alimentaires, sont un clin d’œil au passé agricole laurentien. »
Certification LEED
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fL’intérieur de la maison a été démonté en 2013, lors d’une première tranche de travaux. En 2017, un nouvel appel d’offres a été réalisé, remporté par l’agence DFS Architecture & Design. Elle a été maître d’œuvre de l’ensemble du projet et était responsable des aspects architecturaux et de la coordination de toutes les interventions des autres disciplines dans la maison et sur le terrain.
Comme tous les bâtiments de Saint-Laurent, la maison ancestrale devait être préservée en visant la certification LEED, à la demande du maire DeSousa.
«C’était tout un défi, car il y a des systèmes électromécaniques très sophistiqués», révèle l’architecte Anh Dang, chargée de projet pour l’arrondissement de Saint-Laurent. Des puits géothermiques alimentent le système de pompe à chaleur. Des stratégies ont été développées, par exemple, pour dissimuler le système électromécanique. On ne voit aucun socle au rez-de-chaussée ni à l’étage. Ce sont toutes les stratégies, qui ont été mises en place à l’intérieur et à l’extérieur, qui ont permis de préserver l’aspect patrimonial de cette maison. »
C’est un peu inattendu que nous demandions la certification LEED pour un bâtiment patrimonial vieux de 200 ans, alors que nous le restaurons.
Daniel Durand, architecte et associé chez DFS Architecture & Design
« C’est déjà une démarche de développement durable de garder la maison. Tout au long du processus, nous n’étions pas sûrs d’obtenir la certification. Nous étions très heureux qu’il soit certifié LEED Argent », note l’architecte.
L’aménagement écologique du site a contribué à l’obtention de la certification. Dans les lots que le quartier a réussi à acquérir, un verger et un potager ancestral ont été créés, ainsi qu’un grand potager subdivisé en deux sections. À l’été 2024, grâce à la participation de bénévoles et de l’organisme VertCité, qui gère notamment ce potager communautaire, 900 kg de légumes ont été distribués aux banques alimentaires de l’arrondissement.
Nous avons travaillé dans toutes les directions pour tirer le meilleur parti du terrain et de la maison ouverte au public, tout en tenant compte des besoins de la population environnante.
Anh Dang, architecte et chef de projet
Saluant le travail d’équipe réalisé pour préserver la maison et le terrain, qui forment un tout, Daniel Durand est fier de voir comment des personnes de tous âges s’approprient le site. Le maire Alan DeSousa espère inspirer d’autres villes du Québec.
« Les dossiers de protection et de conservation sont souvent difficiles, car il est beaucoup plus facile de démolir que de préserver ce que nous avons déjà », souligne-t-il. Si cette réalisation permet à d’autres maires de voir la beauté et ce qu’elle évoque, ce sera mission accomplie. »
Bref
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Durée des travaux :
- Maison : 25 mois
- Milieu naturel : 15 mois
Financement (maison) : 2,5 millions (Entente sur le développement culturel de Montréal – Gouvernement du Québec et Ville de Montréal)
Financement (milieu naturel) : 1 165 286 $ (programme d’aide financière du Réseau vert et bleu du Grand Montréal – Gouvernement du Québec et Communauté métropolitaine de Montréal)
Indispensable : viser la certification LEED et rappeler le passé agricole du site
Défi : intégrer des systèmes électromécaniques très sophistiqués sans que cela n’apparaisse