RD675 dans l’Eure. En attendant que le vide soit comblé, les traders serrent les dents

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Stéphane Fouilleul

Publié le

1 janvier 2025 à 16h20

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Coupée de la circulation à proximité d’Éturqueraye (Eure), entre Pont-Audemer et Bourg-Achard depuis le 27 septembre 2024, la RD 675 rouvrira-t-elle avant le printemps prochain ? C’est ce qu’a laissé entendre le département de l’Eure début octobre, lors d’un point presse organisé à proximité de l’endroit où une partie de la route s’est effondrée.

Confiant, le vice-président chargé des infrastructures routières, Thierry Plouviertablait sur janvier voire février 2025. Aujourd’hui, le discours est moins optimiste. Le Département estime difficile de « préciser un calendrier de remise en circulation de la RD 675, même si le Département engage tous les moyens nécessaires pour rouvrir rapidement la ligne. »

« Sous nos pieds, 275 m3 de vide »

Car au fil des semaines, on en sait davantage sur l’étendue de la découverte sous la chaussée. Lors des premières études, le Département en avait dénombré deux. Il n’y aurait queun seul, mais d’une ampleur particulièrement importante : « La société Semofi finalise ses enquêtes et recense, à ce stade, [le fait] que la marnière passe sous toute la route départementale », informe Thierry Plouvier.

La cavité est située à 35 mètres de profondeur. Il est constitué d’une série de galeries de deux mètres de haut qui s’étendent sous la chaussée et dans une parcelle agricole voisine. « Entre cette cavité et la surface, par endroits, le sol est tellement meuble que les fortes précipitations de 2024 provoqueront d’importants glissements de terrain », précise Thierry Plouvier.

Sous nos pieds, il y a 275 m3 de vide. Cela confirme qu’il fallait fermer la route, le risque d’effondrement était évident.

Thierry Plouvier, vice-président du Département
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Le vice-président a ajouté que les études sont toujours en coursnotamment « autour de différents pipelines d’approvisionnement en hydrocarbures situés à proximité immédiate de l’emplacement des marnes. »

Déjà 200 000 € de dépenses

Une chose est sûre : le coût du comblement de cette cavité souterraine risque d’être élevé. « Pour l’instant, près de 200 000 € ont été investis dans l’exploration de la marnière », explique Thierry Plouvier.

Concernant les travaux de remplissage qui consistent à sécuriser les marnes par coulage du béton, ils devraient commencer en janvier. L’opération s’annonce délicate car elle sera soumise aux conditions climatiques. Et durant cette période hivernale, des précipitations trop fréquentes pourraient retarder l’avancée du chantier, et plus précisément les temps de séchage du béton.

Les travaux de comblement des marnes devraient débuter en janvier 2025. ©SF

Des écarts qui changent les habitudes

Chaque jour, la RD 675 est un axe très temporaire. Pour Thierry Plouvier, sa fermeture était inévitable : « Nous ne voulions prendre aucun risque. En cas d’accident, le Ministère serait seul responsable», avait-il admis en octobre dernier. La fermeture a modifié les habitudes des automobilistes et des riverains contraints d’emprunter les différentes déviations mises en place pour contourner la portion bloquée à Éturqueraye en arrivant de Pont-Audemer, et à proximité de la ferme de la Chapelle de Brestot en venant de Rougemontiers.

Le message « Les commerçants continuent de vous accueillir pendant les travaux » est inscrit sur une pancarte placée sur le rond-point de la Médina, afin d’inciter les clients à ne pas changer leurs habitudes. ©SF

Pour les véhicules légers, le plus simple est de passer par le centre ville d’Éturqueraye pour rejoindre Routot ou Bourg-Achard. Pour ceux qui souhaitent rejoindre Pont-Audemer, la déviation nous fait passer par Brestot. L’autre possibilité est de prendre la route de la Risle en passant par Montfort et Appeville.

Quant aux poids lourds, ils doivent emprunter l’A13, vers le nord, ou se rendre à Brionne, rejoindre la D613 entre Évreux et Lisieux, passer par Lieurey, pour rejoindre Pont-Audemer.

Entreprises touchées

Si la fermeture de la RD 675 allonge le temps de trajet des automobilistes, ils pénalisent aussi fortement l’activité des entreprises installés le long des routes départementales et pour lesquels la clientèle de passage constitue une part importante du chiffre d’affaires. Première entreprise directement concernée : the roadside restaurant Le Médine à Cauverville-en-Roumois. Bien qu’il soit encore accessible car situé avant la partie fermée, son activité est affaiblie.

« Nous estimons une perte à 30 %. Novembre a été terrible », admet Noelle Fontainedirecteur du restaurant depuis 2008. « Avant la fermeture de la route, les poids lourds venant de Paris ou de Rouen quittaient l’autoroute à Bourg-Achard, prenaient la RD675 pour s’arrêter chez nous avant de repartir. Désormais, les transporteurs sont contraints de sortir à Bourneville. Il n’y a que les habitués et ceux qui nous connaissent qui viennent encore. » Le patron avait déjà constaté une baisse de fréquentation depuis la crise sanitaire : « Pour des raisons financières, certains chauffeurs ont aussi pris l’habitude de déjeuner dans leur camion. »

À Rougemontier, plusieurs commerces sont directement touchés par la réduction de la circulation. En 2020, the Chapelle Brestot farm installé un distributeur automatique de produits locaux 24h/24, et ouvert une épicerie fine en 2023. Le tout visible depuis la route principale. De nombreux automobilistes viennent faire le plein après avoir quitté leur travail. “Mais depuis que la route est fermée, mes clients habituels ne passent plus”, constate Lucie Delavoipière.

Pour inciter ses clients à conserver leurs bonnes habitudes, la gérante du GAEC a investi davantage dans la communication en distribuant 5 000 flyers aux alentours et en promotions sur ses produits. L’opération s’est également appuyée sur l’installation d’une quinzaine de panneaux publicitaires dans les secteurs Bourg-Achard, Bourneville-Sainte-Croix… « Le Département nous a autorisé à le faire, explique-t-elle. Mais selon la gérante, la plupart des pancartes ont été retirées par des personnes malveillantes : « Il nous en reste trois ou quatre », regrette-t-elle.

Angélique and Damien Dorchy run the bakery Les Délices d’Angel in Rougemontier. ©SF

Au centre ville de Rougemontier, the bakery Les Délices d’Angel calculé une perte de 22% depuis la fermeture de la RD675. Moins de sandwichs le midi, moins de viennoiseries le matin… Oui Damien and Angélique Dorchy peuvent compter sur leur clientèle fidèle, les clients de passage sont moins nombreux. « Contrairement à nous, un boulanger qui n’avait pas de trésorerie fermerait sûrement son entreprise », assure Damien. Le couple espère que les entreprises concernées pourront bénéficier d’une aide compensatoire du Département.

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