Après une année marquée par des conditions climatiques difficiles, la campagne agricole 2024/2025 démarre sur une note positive. Les récentes pluies ont non seulement réalimenté les eaux souterraines, mais ont également amélioré le remplissage des barrages, ce qui laisse présager une saison prometteuse, même si d’importants défis subsistent.
Depuis septembre, le Maroc a enregistré des pluies bienvenues, avec une moyenne nationale de 50 mm durant les trois premiers mois de la campagne, soit près du double des 27 mm enregistrés l’an dernier sur la même période. Cette amélioration a eu un impact direct sur les barrages, dont le taux de remplissage a augmenté de 5,2 points pour atteindre 28,7%, soit un volume de 4,8 milliards de mètres cubes.
Ces données marquent une rupture avec la campagne précédente, où la production céréalière a chuté de 43%, pour atteindre seulement 31,2 millions de quintaux. Selon Zakaria Abbass, professeur-chercheur en stratégie d’entreprise et commerce international à l’Université euro-méditerranéenne de Fès, cette précipitation est un signal positif pour les agriculteurs, notamment pour le démarrage des cultures céréalières.
Cependant, la reprise dépend de la régularité des pluies au cours des prochains mois et de l’efficacité des systèmes d’irrigation pour compenser les déficits hydriques passés, et une prévision prudente est donc nécessaire, car les aléas climatiques demeurent, prévient-il.
Des mesures pour soutenir le secteur
Face aux enjeux hydriques et climatiques, le ministère de l’Agriculture a déployé plusieurs initiatives pour soutenir cette campagne. Parmi eux, la distribution de semences certifiées à des tarifs préférentiels, des subventions pour les engrais et un programme d’irrigation couvrant 700 000 hectares. Ces efforts font partie de la stratégie Génération Verte 2020-2030qui se concentre sur la durabilité et la modernisation du secteur agricole.
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Toutefois, M. Abbass souligne que ces mesures, bien qu’essentielles, doivent être complétées par un accès simplifié aux crédits agricoles et une meilleure gestion de la chaîne d’approvisionnement.
Un secteur en quête de résilience
L’agriculture marocaine reste un pilier central de l’économie, représentant une source majeure d’emplois et de revenus. Les exportations agricoles ont enregistré une hausse de 22% au premier mois du quatrième trimestre 2024, démontrant le potentiel de redressement rapide du secteur.
Néanmoins, les experts appellent à une transformation profonde pour faire face aux défis futurs. La télédétection pour optimiser l’irrigation, les technologies agricoles intelligentes et le soutien aux petits agriculteurs font partie des solutions avancées. Comme l’explique M. Abbass, atteindre les objectifs de la stratégie « Génération Verte » nécessite l’inclusion des petits agriculteurs dans les coopératives pour améliorer leur accès au financement et promouvoir les filières agricoles locales à haute valeur ajoutée, comme l’olivier et les produits locaux.
Un nouvel élan pour l’agriculture marocaine
Alors que les premiers semis laissent présager une reprise, la campagne agricole 2024/2025 symbolise l’urgence de transformer le modèle agricole marocain. En s’appuyant sur des innovations technologiques, une gestion optimisée des ressources et une vision inclusive, le secteur peut non seulement surmonter ses défis, mais aussi se positionner comme moteur de croissance durable pour le pays.
