«Quand un adolescent va très mal, ce qui compte dans l’accès aux soins, c’est bien sûr une prise en charge rapide, mais aussi la sortie, le contact avec la réalité extérieure. » Le docteur Alice Letessier, chef de l’unité de pédopsychiatrie au Centre hospitalier des Pyrénées (CHP) à Pau, a présenté mardi 17 décembre les enjeux de l’ouverture fin 2024 du nouveau centre de crise pour adolescents Les Tamaris.
La nouvelle unité, inédite dans les Pyrénées-Atlantiques et qui répond à l’augmentation alarmante (+ 40 %) des admissions d’adolescents depuis le Covid, permettra d’une part d’assurer un accueil adapté lors d’une crise (dépression, anorexie sévère, épisodes délirants, etc. .), « avec une durée de traitement limitée à dix jours, renouvelable une fois ».
« La réalité est là-bas »
D’autre part, il assurera le lien avec d’autres structures pour stabiliser le patient et penser l’avenir, grâce aux équipes mobiles de soignants et d’éducateurs qui assurent notamment le contact avec les familles. Pour éviter de « produire des symptômes » en y ajoutant l’angoisse du retour à celle de la situation initiale, il s’agit « d’apprendre au jeune à ‘faire avec’, à mobiliser ses propres ressources et à ne pas rester dans un environnement hospitalier. », expliquent les soignants. “La réalité est là-bas…”
Pour les cas les plus compliqués, ceux qui ne peuvent rentrer chez eux parfois pendant plusieurs mois (habitudes alimentaires, difficultés familiales graves, phobies scolaires), la proximité directe de Capucines, le centre de pédopsychiatrie, permet la poursuite du traitement en bonbons.
Alain Guinamant, le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) des Pyrénées-Atlantiques qui a financé le projet (près de 880 000 euros) pourrait se contenter de voir naître ce chaînon manquant dans l’offre de soins psychiatriques à destination des adolescents.
Si nous parvenons à atteindre zéro isolement, nous aurons atteint notre objectif
Destinée aux 13-17 ans, l’unité Les Tamaris, construite en un - record (moins d’un an), compte plus de 200 m² de cinq lits répartis dans autant de chambres sécurisées – à noter l’absence totale de crochets pour limiter les risques de suicide – , un jardin extérieur clos pour des activités thérapeutiques de groupe et un espace sensoriel (son et lumière) destiné à favoriser l’apaisement naturel. « Cela permet d’éviter les chambres d’isolement et les mesures coercitives (camisoles de force), explique Jamel Fedlaoui, directeur principal du centre pour mineurs Béarn et Soule. Si nous parvenons à atteindre le zéro isolement, nous aurons atteint notre objectif. »
Reste le problème – pas du tout anodin – de la pénurie de médecins qui, malgré tous les moyens matériels et autres mesures déployées, maintient pendant de trop nombreuses années les équipes soignantes et leurs patients dans la précarité.
En cas de crise
En cas de situation de crise, le 05 59 80 94 63 permet de contacter l’Unité d’Accueil et d’Admission de Crise (UAAC) du Centre Hospitalier des Pyrénées, de 8h30 à 20h30 pendant ces horaires, il est possible de contactez le 3114 (numéro national de prévention du suicide), les urgences classiques au 15, ou encore SOS-Amitié au 09 72 39 40 50.