Le Conseil des Etats a accepté mercredi de justesse une série de six motions identiques visant à ajouter la discrimination contre le sexe de la personne (en plus de l’orientation sexuelle qui y figure déjà) à l’article 261 du Code pénal. Toutes les femmes du Conseil des Etats, quel que soit leur parti, ont affiché leur solidarité avec ce texte qui a finalement été adopté par 21 voix contre 18, contre l’avis de la commission et des hommes.
A l’origine de cette croisade des femmes, il y a un fait divers, comme l’a rappelé la socialiste Mathilde Crevoisier Crelier (PS/JU). En 2019, au bord d’un terrain de football en Suisse alémanique, des supporters brandissaient une banderole sur laquelle il était écrit : « Winti-Fraue figgä und verhaue ». Ce qui signifie en bon français : « Embrasser et tabasser les femmes de Winterthour ».
Une plainte a été déposée, mais les auteurs ont échappé à toute condamnation. La Cour n’a eu d’autre choix que de les acquitter faute de base légale. Pour la socialiste, et pour toutes les femmes qui ont signé la motion, il s’agissait « d’un appel très clair à la haine et à la violence ».
La Jurassienne dépeint une situation de plus en plus défavorable aux femmes : « Les propos dénigrants, les incitations à la haine dirigées notamment contre les femmes, se multiplient non seulement dans l’espace public, mais aussi numérique. (…) Les femmes se retrouvent aujourd’hui, il y a plus de cinq ans encore, dans le viseur des mouvements masculinistes qui crachent désormais sans retenue leur haine des femmes sur le site du premier forum venu.
La majorité de la commission (6 contre 4), conduite par le rapporteur valaisan Beat Rieder (C/VS), s’est prononcée contre cet ajout à l’article 261, pour diverses raisons: surcharge du système judiciaire, judiciarisation de la société, criminalisation de la parole et danger pour la liberté d’expression. De son côté, le Conseil national s’est déjà montré favorable à cet ajout, sauf du côté de l’UDC.
Les quatorze femmes présentes au Conseil des Etats ont voté en faveur de la motion, y compris la représentante de l’UDC Esther Friedli (UDC/SG). Sept hommes les ont soutenus. En face, dix-huit hommes ont voté non. La messe a été dite.