L’auteur du mauvais geste a-t-il commis des violences intentionnelles ? Son procès s’ouvre ce mardi à Tarbes

L’auteur du mauvais geste a-t-il commis des violences intentionnelles ? Son procès s’ouvre ce mardi à Tarbes
L’auteur du mauvais geste a-t-il commis des violences intentionnelles ? Son procès s’ouvre ce mardi à Tarbes

l’essentiel
En décembre 2022, Mathias Dantin, un adolescent de 17 ans originaire de Momères dans les Hautes-Pyrénées, est victime d’un mauvais tacle lors d’un match de rugby UNSS qui le laisse tétraplégique. L’auteur des faits, âgé de 18 ans au moment des faits, a été jugé ce mardi 17 décembre par le tribunal judiciaire de Tarbes pour violences ayant entraîné une incapacité permanente. Un procès scruté de près par le milieu du rugby amateur.

Accident dramatique ou acte de violence intentionnelle ? L’épineuse question a été posée ce mardi 17 décembre à la chambre criminelle du tribunal judiciaire de Tarbes dans les Hautes-Pyrénées, saisie après que Mathias Dantin est devenu tétraplégique à l’âge de 17 ans lors d’un match scolaire de rugby à XV, le 14 décembre 2022.

Ce jour-là, les élèves des lycées Notre-Dame de Garaison, à Monléon-Magnoac dans les Hautes-Pyrénées, et Saint-Pierre-Pradeau-La Sède, à Tarbes, s’affrontaient lors d’une compétition sportive organisée au Parc des expositions. à Tarbes par l’Union Nationale du Sport Scolaire (UNSS).

Si l’ambiance se voulait bon enfant, la rencontre a tourné au drame lorsque le jeune Mathias Dantin, capitaine de son équipe tarbais, ne s’est pas relevé après avoir été taclé par un joueur de l’équipe adverse. Dans les secondes qui ont suivi, la famille de Mathias qui assistait au match et les membres de l’équipe d’accompagnement se sont rendu compte que la situation était grave. Les secours ont été appelés en urgence.

L’adolescent grièvement blessé, plongé dans le coma, a subi plusieurs opérations chirurgicales en l’espace de quelques jours et a passé un long moment en réanimation avant que le terrible diagnostic ne soit définitivement posé : la lésion cervicale provoquée par le choc a entraîné une tétraplégie.

Symbole malgré lui

Une nouvelle qui a suscité un élan de solidarité sans précédent en Bigourde et bien au-delà. Joueurs du Stade Bagnérais (où Mathias Dantin évoluait en junior), personnalités du rugby professionnel, ou encore simples citoyens… de nombreuses personnes ont contribué au fonds de solidarité lancé en soutien à l’adolescent. Une initiative qui a touché le cœur du jeune Mathias et de ses parents, confrontés à des coûts de santé faramineux.

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Dans le même -, l’UNSS suspend pour un mois les compétitions scolaires de rugby. Une décision inédite qui a relancé un débat sensible : “faut-il jouer au rugby à l’école ?”

Lorsque plusieurs chefs d’établissement ont annoncé qu’ils ne proposeraient plus de discipline lors des cours d’éducation physique et sportive (EPS), la pilule a eu du mal à passer auprès des enseignants concernés. Les enseignants d’éducation physique ont dénoncé « une rupture de confiance » dans une lettre adressée au ministre de l’Education nationale de l’époque, Pap Ndiaye, par l’intermédiaire du syndicat SNEP-FSU qui s’est fait connaître.

Et tandis que Mathias Dantin se battait pour sa survie à l’hôpital, il est devenu malgré lui le symbole de la dangerosité du rugby. Jusqu’à ce que l’affaire bascule dans une autre dimension.

10 ans de prison pour le joueur

Cinq mois après l’événement sportif qui a changé le cours de la vie de leur fils, les parents de Mathias Dantin ont porté plainte contre Future.

« Parce que nous considérons qu’il y a plusieurs responsabilités […] Il appartiendra au procureur et au juge d’instruction de prendre en compte tous les éléments et d’établir les responsabilités de chacun”, avait alors déclaré l’avocat de la famille Dantin, Jérôme Marfaing (barreau de Toulouse). “Les parents souhaitent que les normes UNSS soient revues pour que ce type d’accident ne se reproduise plus : soit on adapte les règles d’encadrement, soit il faut arrêter le rugby dans le sport scolaire”, a fait valoir le conseil.

Mais après plusieurs mois d’enquête, la responsabilité de l’UNSS a été écartée et le parquet de Tarbes a annoncé qu’il allait poursuivre l’auteur du tacle pour violences volontaires ayant entraîné une incapacité permanente. Placé en garde à vue en août 2024 puis libéré sous contrôle judiciaire, le jeune homme originaire de Haute-Garonne, aujourd’hui âgé de 20 ans, encourt jusqu’à 10 ans de réclusion.

« Comportement violent intentionnel »

« L’action commise par l’accusé s’est déroulée en dehors de toutes les règles du rugby (ce que confirment la vidéo, les arbitres, le président de l’UNSS) et résulte d’un comportement volontaire de violence. A savoir un tacle cathédrale, réalisé plus tardivement car la victime marchait le long de la ligne de touche après avoir donné le ballon plusieurs secondes avant les faits”, argumente la procureure de Tarbes, Bérengère Prud’homme, qui ajoute que des témoignages recueillis feraient état d’un comportement agressif de la part de le joueur du lycée Notre-Dame de Garaison lors des matchs.

Interrogé par nos soins, Me Pascal Nakache (barreau de Toulouse), avocat du jeune homme, a indiqué qu’il ne souhaitait pas s’exprimer dans les médias par respect pour son client qu’il dit “traumatisé par cette affaire”.

Le joueur a-t-il délibérément attaqué Mathias Dantin lors de ce match en réalisant un tacle non conforme aux règles du jeu ? La décision du tribunal de Tarbes pourrait avoir un fort impact dans le monde du rugby amateur.

 
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