GARD Augmenter les revenus plutôt que réduire les dépenses

Le MODEF National a tenu une conférence de presse. La Chambre d’Agriculture du Gard s’est jointe au jeu.

Dans la salle de direction de la Chambre d’agriculture du Gard à Nîmes, le Mouvement de défense des agriculteurs familiaux (MODEF) s’est exprimé à travers la présentation de son président Frédéric Mazer. Les sujets de la journée concernaient l’arrachage du vin, les prix agricoles et la sortie de la production agricole des accords commerciaux mondiaux…

Co-président national du syndicat, Frédéric Mazer est accompagné de Didier Gadéa, président de l’Hérault, et de Xavier Fabre, de l’office du Gard et vigneron à Domazan.

Xavier Fabre, Fred Mazer et Didier Gadéa (Photo Anthony Maurin)

C’est également lui qui prend la parole et fait le point sur la campagne d’arrachage d’une grande partie du vignoble français. Encore. ” Cette année ? 27 000 hectares sont arrachés, soit 3 % du vignoble. Une fois de plus, l’ancienne région Languedoc-Roussillon est la bonne élève avec plus de 15 000 hectares arrachés, dont 4 000 dans le seul département du Gard. »

Depuis son installation, il y a un peu moins de 20 ans, on parle de 100 000 hectares arrachés à ces cultures. ” Le modèle ultralibéral détruit notre potentiel au lieu de valoriser le travail et les produits. Est-ce qu’on continue comme ça avec FranceAgriMer et la FNSEA qui nuisent à notre avenir ? »

Pour un agriculteur, le déracinement est un sentiment d’échec mêlé de chagrin. ” Avec ces 27 000 hectares arrachés, 1 500 vignerons arrêteront complètement leur travail après avoir reçu une prime ridicule. Ils n’avaient pas d’autre perspective, ce n’est pas une bonne politique ! »

La Chambre d’Agriculture du Gard à Nîmes dont la gouvernance va bientôt être remise en cause (Photo Anthony Maurin)

La prime étant de 4 000 euros par hectare, une fois les taxes et redevances payées, il ne reste plus grand chose dans le panier. De toute façon, il n’y a aucune raison de relancer quelque chose ici ou ailleurs, dans l’agriculture ou dans un autre secteur. ” Ce déracinement est un échec total qui ne résout aucun problème pouvant affecter la production ou la gestion des stocks… Les friches vont tout simplement se multiplier, une belle avancée possible pour les incendies et les inondations. » ajoute Xavier Fabre.

Selon Modef, il ne faut plus réduire les dépenses mais chercher à augmenter les recettes en trouvant l’argent là où il est. Pour Didier Gadéa, les problèmes sont aussi gouvernementaux.

« Il y aura bientôt des élections à la Chambre et les syndicats bougent mais seul la Modef a la revendication d’un prix de référence, fixe et rémunérateur, garanti par l’Etat. Cela s’est déjà fait aux États-Unis entre 1938 et dans les années 1990, cela s’est également vu en avec le Front populaire en 1936 et c’est actuellement le cas dans le pays le plus peuplé du monde, l’Inde. On constate un mépris des classes très puissant en France. »

Pour Modef, Xavier Fabre, Fred Mazer et Didier Gadéa (Photo Anthony Maurin)

La mise en place d’un tel prix pourrait bien débloquer les situations. Avec un prix de départ cohérent, les négociations entre producteurs et acheteurs seront plus faciles.

« Mais cela ne suffit pas ! Chez nous, les agriculteurs, nous achetons un produit à un prix dérisoire et chez vous, en bout de chaîne, nous vous le vendons à un prix très élevé. Les prix s’envolent, mais ce sont les marges de certains qui posent problème, il faut réguler cela. »

À cet aspect économique s’ajoutent deux autres problèmes. Le prix de l’énergie et la pyramide des âges. Trop de spéculations autour de l’énergie ? Quant à la pyramide des âges, elle s’est tout simplement inversée en quelques décennies. ” Il faut briser les monopoles privés, les Chambres doivent changer de cap. »

Et le président du Gard a repris la parole pour évoquer un problème international, l’OMC. ” Cette instance en a marre du capitalisme financier… Les juges n’y sont même plus nommés. Les USA se sont affranchis des règles mises en place par l’OMC et le nouveau traité avec la Nouvelle-Zélande est incroyable. Le ton est donné sur les mesures sanitaires et phytosanitaires… Il n’y a même plus de clause miroir ! Il faut sortir les matières premières de l’OMC et du marché spéculatif, c’est ce que réclame la Modef. Les paysans sont des ouvriers, pas des commerçants ! »

 
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