La joue gros avec la chute du gouvernement – ​​12/03/2024 à 20:11

La joue gros avec la chute du gouvernement – ​​12/03/2024 à 20:11
La France joue gros avec la chute du gouvernement – ​​12/03/2024 à 20:11
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Le Premier ministre Michel Barnier après le conseil des ministres à l’Élysée à Paris, le 27 novembre 2024 (AFP / JULIEN DE ROSA)

Croissance affaiblie, consolidation budgétaire ralentie, incertitude accrue… La chute probable du gouvernement sans budget pour 2025 pénalisera la , estiment les économistes, sans pour autant la plonger dans « la tempête » redoutée par le gouvernement.

– Déficit battu –

Loi spéciale ou ordonnance spéciale, la France dispose de plusieurs moyens pour éviter une paralysie qui empêcherait par exemple la rémunération des fonctionnaires.

Mais qu’un nouveau Premier ministre adopte « un budget édulcoré » incluant des concessions ou que le budget 2024 soit renouvelé à l’identique, le pays raterait son objectif de réduire son déficit public à 5 % du PIB l’année prochaine, estime Maxime Darmet, économiste à Allianz.

Un budget 2024 reconduit entraînant un gel des dépenses de l’État en valeur représenterait entre 15 et 18 milliards d’euros d’économies, explique Mathieu Plane, économiste à l’OFCE. Il s’agit d’un niveau proche de l’effort prévu dans le projet de loi de finances initiale (PLF) pour 2025.

Les dépenses sociales, automatiquement indexées sur l’inflation, augmenteraient cependant tandis que l’État devrait renoncer aux augmentations d’impôts – au moins 20 milliards – qu’il envisageait, comme la surtaxe sur les très hauts revenus ou les bénéfices des grandes entreprises.

la banque Natixis estime que dans un tel scénario, le déficit atteindrait 5,3% du PIB alors que Paris est déjà pointé du doigt par Bruxelles pour son déficit public excessif.

– Gagnants et perdants –

Dans le cas d’un budget technique, les retraités verraient leur pension augmenter en fonction de l’inflation au 1er janvier, alors que le gouvernement prévoyait de le faire intégralement pour les pensions inférieures au SMIC, avec un certain retard.

En revanche, la charge de l’impôt sur le revenu serait alourdie : en raison d’un barème non réévalué en fonction de l’inflation, 380 000 ménages supplémentaires tomberaient automatiquement dans l’impôt sur le revenu et « 17 millions de ménages paieraient davantage », prévenait récemment le ministre du Budget. , Laurent Saint-Martin.

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Les comptes publics de la France (AFP / Bertille LAGORCE)

Autre perdant, les collectivités territoriales, dont la dotation versée par l’État risque d’être gelée, souligne Maxime Darmet, qui y voit un risque pour le fonctionnement des services publics. Certains pourraient compenser le manque à gagner en augmentant les impôts locaux, notamment la taxe foncière, selon lui.

– Faible croissance –

La réduction des dépenses pèsera sur la croissance, à des degrés divers selon les scénarios.

“Avec un budget reconduit dans les termes de 2024, et notamment sur la partie dépenses, on aurait un renversement de ce qui a permis, pour l’instant, de maintenir un peu de croissance en France”, à savoir “l’investissement public” en une économie qui en dépend beaucoup », explique Charles-Henri Colombier, directeur économique de Rexecode.

La pression fiscale croissante sur le revenu des ménages ne serait pas non plus de nature à encourager la consommation.

À cela s’ajouterait une accentuation de l’effet négatif de l’incertitude politique – estimé jusqu’ici à 0,2 point de PIB pour 2025 par l’OFCE – qui conduirait les ménages comme les entreprises à un attentisme prolongé. M. Colombier évoque également la méfiance croissante à l’égard des investisseurs étrangers.

Et moins de croissance signifie moins de recettes fiscales, ce qui complique l’équation budgétaire.

– Chocs financiers –

“Les conséquences de la censure pourraient nous coûter la confiance de nos créanciers et de nos voisins”, a prévenu mardi le président du Medef Patrick Martin, la principale organisation patronale.

Résistants à l’incertitude, les marchés financiers subissent déjà des chocs. Après que Michel Barnier ait demandé des comptes à son gouvernement, le taux des obligations publiques françaises à dix ans a immédiatement grimpé, passant de 2,86 % à 2,92 % en quelques heures.

Le “spread”, l’écart entre les taux de la France et de l’Allemagne, baromètre de la confiance des investisseurs, a également connu une hausse rapide lundi, à 0,88 point.

Dans son malheur, la France a un allié de poids : la Banque centrale européenne. En juin, elle a engagé une politique de baisse des taux, rendue possible par la baisse de l’inflation dans la zone euro, atténuant la pression sur les taux d’intérêt des obligations d’État.

Il n’en reste pas moins que “si rien ne change dans les prochains mois, une lassitude pourrait s’installer sur les marchés, et alors tout pourrait devenir très vite délirant”, prévient Aurélien Buffault, gérant obligataire chez Delubac AM.

 
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