Après le tandem FDSEA-JA et la Coordination rurale, le quatrième syndicat agricole de l’Indre, la Confédération paysanne, a également fait entendre sa voix dans le mouvement de contestation agricole cet automne, mardi 3 décembre 2024, à Châteauroux. Une cinquantaine de ses adhérents, porte-parole et sympathisants se sont rassemblés à la mi-journée, place de la République, entre deux tracteurs, des bottes de paille et un stand installé sous une tonnelle.
« Face à une situation exceptionnelle, des mesures exceptionnelles s’imposent »
Ils proposaient des dégustations gratuites de plusieurs produits locaux, avec pour slogan : « Pour continuer à nourrir les citoyens, il faut nous aider rapidement pour que nos fermes ne disparaissent pas ! “, a déclaré Sylvain Gourbault, l’un des co-porte-parole du syndicat, au préfet de l’Indre, Thibault Lanxade, et au directeur de la Direction territoriale (DDT), Rik Vandererven, invités à venir les rencontrer. Car entre pluies excessives, récoltes et semis catastrophiques, les agriculteurs déplorent un « Année pourrie » qui a “marqué toutes les fermes”.
“Pour faire face à ces aléas climatiques, l’Etat a abandonné le régime de calamité agricole pour un système d’assurance qui montre toutes ses défaillances l’année où il le faut, ce qui est reconnu par la Chambre d’Agriculture, précise Robin Doubli, autre co-porte-parole du syndicat. Pour nous aider, le Ministre de l’Agriculture nous a proposé la mise en place de prêts à taux bonifiés pour refinancer nos exploitations… Mais ce n’est pas de nouveaux prêts dont nous avons besoin quand les dettes existantes sont déjà trop lourdes ! Cela ne suffit pas : face à une situation exceptionnelle, des mesures exceptionnelles s’imposent. »
Aide directe et compensation rapide
La Conf’ demande donc une aide directe et conditionnelle de 200 € par hectare de cultures (semées ou non) plafonnée à 100 ha par exploitation ; 4 000 € par maraîcher, apiculteur ou arboriculteur ; un traitement ” rapide “ pour les plus vulnérables, notamment les jeunes installés ; un traitement “très rapide” dossiers de demandes d’indemnisation de solidarité nationale (ISN, anciennes calamités agricoles) ; indemnisation des éleveurs concernés par les FCO 3 et 8 et le MHE ; la mobilisation de l’enveloppe européenne d’urgence.
La préfecture rappelle ses vingt engagements
Dans un communiqué signé par Thibault Lanxade, préfet de l’Indre, ce dernier rappelle les engagements pris depuis les manifestations paysannes début 2024, dont certains ont déjà été mis en place.
> Plus de 98 % des dossiers Pac ont pu bénéficier du versement de l’avance d’aide : versement de 75 millions d’euros. Les paiements se poursuivent pour les derniers dossiers et des opérations de règlement du solde ont déjà été initiées par la DDT.
> Une surveillance particulière a été mise en place, appelée Task Force 36, qui a permis de suivre de près une centaine d’opérateurs identifiés comme étant en grande difficulté.
> Un signal fort a été envoyé aux élus et aux acteurs de la restauration collective privée pour les inciter à accélérer l’application des lois Egalim. Des visites de chantier avec les services de l’Etat sont programmées.
> Des situations de force majeure ont été reconnues afin d’adapter au plus vite les mesures au contexte du terrain (entretien des haies, récupération fourragère des jachères, plan nitrate, dérogation à l’interdiction de labour, etc.).
> Dossiers liés à l’eau (irrigation et réserve) : un guichet unique a été mis en place avec un engagement de réponse dans des délais courts.
> Des démarches de demande de reconnaissance au titre de l’Indemnité Nationale de Solidarité ont été initiées par la DDT : onze dossiers sont en cours et les démarches de déclaration de pertes vont débuter.
> Le ministre a annoncé la mise en place de deux prêts conjoncturels et structurels : pour ce dernier, l’État apportera sa garantie à 70 % dans la limite de 200 000 €.
> Une exonération partielle de la taxe foncière sur les propriétés non bâties (TFPNB) de 50 % a été décidée par la DDFIP.
> L’enveloppe destinée à couvrir les cotisations sociales passe de 74 000 € à 194 000 €.