Par
Géraldine Lebourgeois
Publié le
3 décembre 2024 à 7h56
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Le Premier ministre Michel Barnier a été contraint de lundi 2 décembre 2024 prendre la responsabilité du budget de la Sécurité Sociale. Un premier 49,3 synonyme de motion de censure et sans aucun doute chute de son gouvernementpuisque la gauche et le RN ont annoncé qu’ils le voteraient à l’unisson dans 48 heures. Voici les réactions immédiates des quatre députés de La Manche.
Philippe Gosselin (LR)
« Je ne suis absolument pas gêné par les discussions que Michel Barnier a pu avoir avec l’EPR, la LR-DR ou encore le RN. En revanche, il a été plus difficile de travailler avec la gauche, car les Insoumis ont exercé une pression très forte sur l’intergroupe NFP pour empêcher toute négociation.
Il arrive un moment où la négociation doit prendre fin, sinon elle frise le chantage. Nous y étions et il ne restait donc que la solution 49,3. C’est à chacun de prendre ses responsabilités !
Depuis le début, l’objectif du NFP a été la démission de Macron et l’application de leur programme, rien que leur programme.
De son côté, le RN s’est mis dans l’impossibilité de ne pas renverser le gouvernement… Nous voilà donc dos au mur !
La seule mini-possibilité est que dans 48 heures, l’opinion publique crie : Arrêtez la déstabilisation et le chaos. Car en réalité, même si nous avons les moyens d’assurer le budget à 1est Janvier 2025 (et donc le fonctionnement du pays), cela ne peut être que chaotique et dramatique.
Avec un impact non seulement en interne, mais aussi à l’international. En cas de retournement, il n’existe pas de solution alternative avec le NFP, qui serait inversé immédiatement.
Cazeneuve? Le NFP l’a déjà tué et recommencera. Il resterait donc un gouvernement technique, qui ne pourrait gérer que les affaires courantes. Il y a de quoi s’inquiéter… »
Anna Pic (PS)
» Michel Barnier indique ouvertement qu’il a négocié exclusivement avec l’extrême droite, alors que près de 70 % de la population a voté en juillet pour un front populaire et écarté le RN.
Nous avons fait des offres à plusieurs reprises, mais à aucun moment nos téléphones n’ont sonné. On a trouvé des pistes pour 17 milliards sur ce PLFSS, il n’en voulait pas. En commission paritaire, nous avions proposé 8 milliards de recettes pour financer des points essentiels (Ehpad, hôpital public, remboursement du prix des médicaments, etc.), il n’en voulait pas.
Nous voterons donc pour la motion de censure de la gauche. Les projets de loi de finances de ce gouvernement entraîneront une récession qui touchera principalement les classes moyennes, les retraités et les chômeurs, tandis que les multinationales seront toujours exonérées de cotisations patronales.
En outre, disent les économistes, ces propositions budgétaires nous amèneront à réduire de moitié la croissance en 2025. Par responsabilité, nous ne pouvons pas accepter un tel budget.
Heureusement, nos institutions sont solides et tiendront le coup. Nous allons voter une loi qui permettra à tout le monde d’être payé, un projet de loi de financement de la Sécurité sociale arrivera par ordonnance d’ici quelques semaines. Et pour le projet de loi de finances, l’acceptation des recettes sera reportée aux tarifs de 2024, et le budget sera tel que défini en 2024, les affaires courantes seront gérées.
Mais Emmanuel Macron et le clan présidentiel doivent prendre leurs responsabilités. Ils peuvent encore nommer un Premier ministre issu de la grande famille de la gauche. »
130 mouvements
Plus de 130 motions de censure ont été déposées depuis 1958 avant celles annoncées ce lundi 2 décembre 2024, mais une seule, en 1962, contre l’élection du Président de la République au suffrage universel, a été adoptée, ce qui a provoqué la chute des voix. le gouvernement Pompidou. Une motion de censure peut en effet être initiée par des députés pour censurer la politique d’un gouvernement (art 49.2), comme cette fois avec succès. Il peut également être utilisé après l’engagement de la responsabilité du gouvernement pour le vote d’un texte (art 49.3), comme ce fut par exemple le cas à deux reprises et sans succès le 20 mars 2023 pour le texte sur la réforme des retraites défendu par le Premier ministre. Élisabeth Borne. Mme Borne a déposé une trentaine de motions de censure. Son successeur, Gabriel Attal, trois. Michel Barnier a fait face à sa première motion de censure (présentée par la gauche) en octobre, un mois après sa nomination.
Stéphane Travert (EPR)
« Le Parti socialiste doit prendre ses responsabilités. À une époque, ils étaient un parti de gouvernement, comment peuvent-ils aujourd’hui s’allier à l’extrême droite et à l’extrême gauche ?
Malheureusement, nous sommes confrontés à des dirigeants de partis politiques qui ne pensent pas aux Français. La censure pour laquelle va voter l’alliance des opposés RN – NFP est grave et donc irresponsable.
De notre côté, avec Gabriel Attal et les députés du groupe EPR, nous n’avons pas toujours été d’accord avec Michel Barnier, mais nous avons constamment agi en faveur de l’intérêt général. »
Bertrand Sorre (EPR)
« Compte tenu de la configuration de l’Assemblée nationale, Michel Barnier marche de toute façon sur une corde raide depuis sa nomination. Je pense qu’il a présenté un budget raisonnable, avec la nécessité de redresser les comptes publics et de faire des économies. Il a progressé vers ce que souhaitait notamment le RN, mais cela ne semble pas leur suffire…
La motion de censure du groupe Insoumis est systématique, ce n’est donc pas vraiment une surprise. Le RN prend ses responsabilités. A partir du moment où ces deux groupes politiques sont majoritaires et décident de voter la motion de censure, je ne me fais aucune illusion quant à un débarquement mercredi après-midi ou jeudi matin.
Les motions seront votées, sauf revirement inattendu, et le gouvernement de Michel Barnier démissionnera. Mais derrière ça, que fait-on ?
Nous avons besoin de stabilité, les Français nous la demandent. Ils sont dans une situation de grande anxiété, face à une situation politique, mais aussi économique, géopolitique et climatique qui les inquiète. Ce que j’entends sur mon territoire est un appel à la stabilité et non au chaos politique. »
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