Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a examiné ce mardi matin les différents recours concernant le détournement de Pertuis et Saint-Hostien sur la RN 88. Appels au fond, concernant l’arrêté du préfet de Haute-Loire pris le 28 octobre 2020 et relatif à l’autorisation environnementale du projet routier. Si la décision finale ne sera rendue que d’ici deux semaines, l’audience nous a permis d’entendre les conclusions du rapporteur public. Des conclusions qui donnent une tendance sur le jugement que pourrait rendre le tribunal.
Au total, quatre recours ont été déposés il y a près de quatre ans, par plusieurs associations (FNE 43, FNE Aura, SOS Loire-Vivante et l’association des usagers des transports d’Auvergne), un dirigeant d’entreprise et deux groupes d’opposants politiques majoritaires au sein du parti. Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes : les écologistes et le groupe socialiste. L’Etat et la Région (maître d’ouvrage délégué en l’occurrence) étaient représentés à l’audience.
Sur les quatre recours présentés, trois ont fait l’objet d’une demande d’irrecevabilité de la part du rapporteur public. Seul le recours des associations a été présenté comme recevable.
La question des mesures compensatoires
Durant les 40 minutes de présentation de ses conclusions, après avoir écarté plusieurs arguments des associations, la rapporteure publique Carine Trimouille s’est concentrée sur les mesures compensatoires. Elle a examiné un à un les différents points avancés par les opposants, avant de demander finalement l’annulation partielle de deux articles de l’arrêté préfectoral du 28 octobre 2020. « Le rapporteur public a estimé que ces deux articles étaient insuffisants, en termes de garantie, car ils prévoyaient que les mesures compensatoires seraient réalisées à la fin des travaux. Or, le code de l’environnement exige que ces mesures soient efficaces, avant le début des travaux», résume Maître Mathieu. Victoria à la fin de l’audience, avocate d’associations de protection de l’environnement. Il a rappelé dans sa plaidoirie que « ces mesures compensatoires sont totalement insuffisantes ». La plupart de ces mesures compensatoires concernent des acquisitions de terrains et toutes ne sont pas réalisées.
A l’inverse, le sous-préfet du Puy-en-Velay, s’exprimant au nom de l’Etat, a rappelé que « le dossier avait fait l’objet d’une instruction approfondie par les services de l’Etat. Elles ont considérablement augmenté le ratio de compensation pour les habitats d’espèces protégées. Ces exigences ont conduit à un total de 215 hectares de compensation au total au lieu de 150 hectares », a-t-elle observé lors de l’audience. « Cette déviation présente un intérêt majeur pour la sécurité routière, pour le confort des habitants de Pertuis et de Saint-Hostien. Il permettra de faire face à une augmentation du trafic déjà constatée, dans une zone où la voiture est le moyen de transport privilégié », a expliqué Nathalie Cencic. Des arguments que les associations de défense de l’environnement ont contesté, une nouvelle fois, prônant des « mesures alternatives insuffisamment étudiées » voire de courts détournements des deux villes.
Les travaux seront-ils arrêtés ?
Pour l’avocat de la Région Aura, “il s’agit d’une déviation attendue depuis près de 30 ans”. En termes de rémunération : « c’est un projet exemplaire. Il est urgent que ce projet puisse aboutir », a rappelé Maître Ludovic Cuzzi. Il a demandé au tribunal d’autoriser la poursuite des travaux.
Parce que c’est la question principale maintenant. Si le Tribunal administratif confirme les conclusions du rapporteur, le jugement suffira-t-il à arrêter les travaux ? Difficile de le savoir tel quel. “Cela est susceptible de susciter une réflexion sur la question des mesures compensatoires.” De là à l’arrêt des travaux ? « Cela dépendra aussi de ce qui sera constaté dans le jugement », a indiqué l’avocat des associations à l’issue de l’audience.
Le président du tribunal administratif a également demandé où allaient les travaux de déviation. Il a été rappelé que 40 millions d’euros de dépenses avaient déjà été engagés. “Les travaux sont bien avancés, trois ouvrages d’art ont été réalisés pour remettre en état les routes”, ont expliqué les services de la région.
Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand rendra son jugement « dans un délai de deux semaines ». A partir de là, les associations de protection de l’environnement, comme l’Etat et la région, pourront alors faire appel dans un délai de deux mois. L’affaire serait alors portée devant la cour administrative d’appel de Lyon.