sommée de quitter les lieux après 18 ans sur la plage, la paillote de l’Abri-Côtier résiste

sommée de quitter les lieux après 18 ans sur la plage, la paillote de l’Abri-Côtier résiste
sommée de quitter les lieux après 18 ans sur la plage, la paillote de l’Abri-Côtier résiste

Quelques notes de musique et éclats de voix. Le front de mer s’anime ce samedi 30 novembre à Lion-sur-Mer (Calvados). Plus précisément à la cabane Abri-Côtier, pour un apéritif-concert, à deux pas de la mairie. Mais pas sûr que l’ambiance pénètre les murs. Fin octobre, un huissier traverse la place pour apporter une lettre à Antony Roussel, le patron : « C’était le 2 octobre. La mairie m’a informé de la fin de l’occupation du domaine public fin septembre. Nous avons dû partir. C’est un coup monumental. » La fin annoncée d’une aventure de 18 ans pour ce petit bar-restaurant ouvert six jours sur sept, toute l’année.

Fin novembre, les habitués se mobilisent. Ils sont quelques dizaines à l’apéro-concert en soutien à Antony et Géraldine, l’employée. Bien qu’ordonné de partir, le restaurateur est toujours ouvert, avec sa carte « de 4 ou 5 plats frais faits maison, le midi, et des pâtisseries réalisées par Géraldine ». Mais sa présence ne tient qu’à un fil. La mairie n’a pas renouvelé son autorisation, tacitement prolongée depuis des années. Lion-sur-Mer a en effet des projets pour le « Bac à Sable », cette petite place populaire mais vieillissante du front de mer, où se situe l’Abri-Côtier. On parle de restaurant, mais Antony Roussel se sent « évincé du projet ». « C’est incompréhensible de ne pas inclure Antony dans le projet », dénonce un membre du collectif de soutien. « C’est un partenaire incontournable, qui a proposé d’évoluer pour répondre aux attentes de la ville. »

La municipalité compte enrichir l’offre de restauration, ce qu’Antony Roussel était prêt à faire. « J’ai accepté d’ouvrir le soir, mais il a fallu s’agrandir et avoir une structure fermée. Le potentiel client est là. J’aurais pu embaucher une équipe pour le service du soir», note le restaurateur. Des élus ont indiqué à plusieurs reprises qu’un tel projet impliquerait un appel d’offres et que le gestionnaire de l’Abri-Côtier pourrait y participer. Mais ce dernier est abasourdi par le manque de dialogue qui, selon lui, n’augure rien de bon pour son entreprise. « Le projet est vague », s’inquiètent les habitants. « On ne connaît pas les dates, la durée, les études. Il n’y a pas de concertation, même s’il s’agit d’un lieu de vie, ouvert toute l’année. L’Abri-Côtier pourrait disparaître. La mairie n’écoute pas les clients. »

On parle d’un nouveau bâtiment situé en partie sur le parking actuel. Le premier coup de pioche pourrait être donné fin 2024/début 2025. Malgré nos demandes, la maire Magali Saint n’a pas donné suite avant la publication de cet article. Une attitude qui n’étonne pas le collectif, dont les membres sont plutôt favorables à l’idée « d’embellir les lieux ».

L’Abri-Côtier continue de faire plaisir depuis l’annonce début octobre, sur fond de « situation gelée ». Antony Roussel indique avoir écrit deux fois depuis à Magali Saint, sans réponse non plus : « Ça fait très peur. Je dors mal. Avec mon salarié, nous avons 50 ans et nous pourrions nous retrouver au chômage. On ne licencie pas les gens comme ça, sans aucune discussion. » En attendant, certains riverains profitent encore de « cette âme de Lion-sur-Mer, où l’on a des souvenirs d’un sirop en rentrant de la plage avec les enfants ».

 
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