quand les élections législatives divisent les couples – .

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quand les élections législatives divisent les couples – .

« S« Honnêtement, je ne suis pas sûre de passer les prochaines soirées électorales avec lui », confie Claire*, 41 ans. Le « lui » dont parle cette Parisienne n’est autre que Vincent*, l’homme qui partage sa vie depuis sept ans. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, le couple enchaîne les disputes politiques. Pour Claire, la réponse à la fracture actuelle de la vie politique française doit passer par un vote pour la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron. Vincent votera, lui, dimanche, pour le Nouveau Front populaire (NFP). « À mon avis, le danger pour notre pays n’a jamais été aussi important, qu’il vienne de La France insoumise ou du Rassemblement national, explique Claire. Mais il pense que ce danger n’a jamais été aussi grand qu’à cause du RN. Et c’est là le nœud de notre désaccord. »

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Vincent, de son côté, ne supporte pas les discours mettant un signe d’égalité entre le NFP et le RN, et tente de convaincre sa compagne de voter à gauche. « Notre terrain d’entente est la lutte contre l’extrême droite », explique-t-il. Pour lui, la seule alternative au Rassemblement national est de voter pour le NFP, « étant donné que la Renaissance, c’est des fraises ». Mais rien à faire, depuis trois semaines, la discussion n’avance que très peu et les querelles se multiplient, que ce soit au sujet des aspirations ministérielles de Jean-Luc Mélenchon, du conflit israélo-palestinien ou encore du voile islamique.

Sept couples sur dix en accord politique

Selon une enquête Ifop en partenariat avec Gleeden (site spécialisé dans les rencontres adultères), réalisée en 2022, les choix matrimoniaux des Français obéissent à une logique d’homogamie politique. En effet, comme l’écrit la sociologue et politiste Anne Muxel dans l’étude de 2015 « Le pluralisme politique à l’épreuve de la vie privée », « au sein du couple, la politique renvoie à tout un registre de valeurs et de convictions nécessitant un accord mutuel sur les grands enjeux ». principes fondamentaux. Dans son enquête, la sociologue et politologue affirme que l’homogamie politique concerne près de sept couples sur dix. Ainsi, la grande majorité des Français considèrent qu’il faut être d’accord politique pour s’aimer.

À LIRE AUSSI « Une « chasse aux fascistes » ! » : quand la famille se déchire autour des élections législativesSi Claire et son compagnon ne partagent pas leurs opinions politiques, il n’en demeure pas moins qu’ils s’aiment. Mais force est de constater que la situation actuelle n’est pas simple pour les deux quadragénaires. « J’ai du mal avec la situation. Je suis très inquiet de la situation politique du pays et quand on est en couple, on a envie de pouvoir partager ses peurs et ses angoisses avec la personne qu’on aime. Malheureusement, aujourd’hui, je ressens un manque et une frustration de ne pas pouvoir le faire complètement », confie Vincent.

« C’est très difficile de se parler », avoue Claire. “Il est aussi convaincu que je suis manipulée par mes parents, ce qui est un argument assez désagréable à 41 ans.” La situation exceptionnelle du pays oblige leur couple à prendre des décisions exceptionnelles. Ils ont par exemple convenu d’un commun accord que Vincent ne déjeunerait pas, pour le moment, le dimanche chez les parents de Claire, par crainte de grosses disputes en présence de leur enfant.

Les jeunes et les électeurs de gauche résistent aux couples hétérogènes

Contrairement à notre couple de cadres parisiens, pour certains, il est impensable d’entamer une relation conjugale avec une personne d’obédience politique opposée. Selon les travaux d’Anne Muxel, les électeurs de gauche sont plus intransigeants sur ce point que ceux de droite : 81 % des premiers n’envisagent pas une relation avec un électeur d’extrême droite. Selon l’enquête Ifop, en prenant en compte les votes pour l’élection présidentielle de 2022, 69 % des votants de Yannick Jadot, 62 % des votants de Valérie Pécresse et 60 % des votants de Jean-Luc Mélenchon refuseraient d’entrer en relation avec une personne avec opinions politiques radicalement opposées. C’est plus que parmi les électeurs d’Emmanuel Macron (53%), de Marine Le Pen (53%) ou d’Éric Zemmour (37%).

À LIRE AUSSI « Je n’imaginais pas ça d’elle » : l’amitié à l’épreuve des législativesDes chiffres qui confirment l’existence, comme l’écrit Anne Muxel, d’« un tropisme clairement marqué à gauche vers une obligation d’accord entre liens affinitaires, dont les ressorts s’inscrivent dans l’histoire même des cultures politiques ». L’histoire de la gauche étant fondée sur une vision collective du progrès social, tandis que celle de la droite repose plutôt sur une volonté de liberté et de réalisation individuelle.

Selon les résultats de l’enquête Ifop, si le nombre de couples ne se mariant pas en raison de divergences politiques reste limité, il pourrait rapidement augmenter dans les années à venir en raison d’une jeunesse très sensible à l’entente politique. En effet, 50% des 18-24 ans déclarent refuser d’entrer en couple pour cette raison, alors que ce taux n’est que de 32% chez les 25-34 ans et de 17% chez les 35 ans et plus.

« Désaccord ne veut pas dire désenchantement »

La politique est une source de tensions qui peut parfois même conduire à la rupture d’un couple. C’est le cas de 20 % des Français et de 48 % des 18-24 ans, selon l’étude Ifop. Sans aller jusqu’à la rupture, le risque des tensions liées à la politique est la complication de la relation. « J’espère vraiment que les disputes avec Claire ne vont pas abîmer notre relation », s’inquiète Vincent. « Je lui pardonne et on ne se séparera pas à cause de ça car, sans avoir le même diagnostic, le plus important pour nous, au fond, ce sont les mêmes causes, c’est-à-dire le péril écologique, la liberté d’entreprendre ou de ne pas le faire, par exemple », ajoute sa compagne.

LIRE AUSSI « La guerre des clans est déclarée » : quand la politique crée des tensions au travailComme l’explique Claire – ainsi que la littérature sociologique – un accord sur les valeurs est bien plus important pour le bon fonctionnement d’un couple que la similarité politique. « Désaccord ne signifie pas désaffection. Écouter, ce n’est pas approuver», dit Raphaëlle de Foucauld. Selon ce thérapeute de couple**, la clé pour éviter qu’un couple n’éclate à cause de divergences politiques réside dans la communication. « Le problème de ces couples, c’est la recherche du soutien de l’autre. Un couple qui fonctionne bien saura découvrir et essayer de comprendre le monde de l’autre sans jugement, en faisant preuve de bienveillance, plutôt que d’essayer de convaincre son partenaire”, explique celle qui, en cas de dispute, conseille de reporter la discussion. , l’esprit clair, avec une posture d’écoute et de compréhension. Et elle veut rassurer : “Oui, un couple peut très bien fonctionner en mettant un bulletin différent dans l’urne.”

* Prénom modifié.

** Également fondatrice des jeux de conversation « 2 minutes de bonheur » et créatrice des podcasts Bulle de bonheur.

 
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