Un face-à-face inattendu dans un Iran qui vote de moins en moins.

Un face-à-face inattendu dans un Iran qui vote de moins en moins.
Un face-à-face inattendu dans un Iran qui vote de moins en moins.

Mais l’ouverture créée par le pouvoir avec la présence d’un candidat réformateur n’a pas permis d’enrayer la crise de participation. Celle-ci s’est confirmée d’élection en élection, et plus encore depuis le mouvement de contestation de 2022-2023, qui a encore creusé l’écart entre le régime et de nombreux Iraniens. A peine quatre Iraniens en âge de voter sur dix (39,92 %) – un sur quatre à Téhéran ! – se sont rendus aux urnes vendredi pour le premier tour de cette présidentielle anticipée, organisée après la mort accidentelle de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi.

Il s’agit du taux de participation le plus faible jamais enregistré, toutes élections confondues, depuis l’avènement de cette première république chiite au monde en 1979. Le score est la troisième baisse record d’affilée depuis la présidentielle de 2021 (48,48%), les législatives de mars 2024 ayant atteint 40,64%. Et pourtant, sur ces quelque 24,5 millions de bulletins déposés dans les urnes lors de cette présidentielle, un million d’entre eux étaient des votes nuls.

Qui est Massoud Pezeshkian, le candidat arrivé en tête au premier tour de l’élection présidentielle iranienne ?

Crise de légitimité

Cela montre que «« La base électorale de chaque camp a été considérablement réduite »Selon l’analyse du politologue Ali Vaez, qui dirige le programme Iran de l’International Crisis Group, un think tank basé à Bruxelles. Comparés à la précédente élection présidentielle (où seuls des candidats conservateurs se sont présentés), les scores combinés des partisans de la ligne dure Saïd Jalili et de Mohammad-Bagher Ghalibaf (qui est arrivé troisième), soit 12,8 millions de voix, sont bien pâles en comparaison des quelque 18 millions de voix de Raïssi.

Une telle baisse de la mobilisation signifie que même certains électeurs constituant le noyau dur ne voient plus l’intérêt ou la raison d’aller voter pour leur camp. Pour les autorités de la République islamique, qui ont toujours mis en avant la composante républicaine et « démocratique » du régime, cette crise de participation est aussi une crise de légitimité.

Les candidats à la présidentielle iranienne

Centre versus périmètre

La tentative des autorités de mobiliser les électeurs en autorisant la participation des réformateurs n’a pas vraiment réussi – alors que les durs ont pris le contrôle du pays depuis trois ans, après les deux mandats du modéré Hassan Rohani. Reste à savoir si l’alternative claire posée lors du second tour entre les représentants des deux camps fera mieux. Mohammad-Bagher Ghalibag, le président conservateur de l’Assemblée islamique arrivé troisième, a déjà donné pour instruction à ses plus de trois millions d’électeurs de reporter leurs voix sur Saïd Jalili.

Concernant la répartition des votes de préférence, les électeurs de l’ultraconservateur Saïd Jalili se concentrent dans la partie centrale du pays, tandis que ceux de Massoud Pezeshkian se trouvent principalement dans les provinces « périphériques ». Le député de Tabriz est ainsi principalement populaire dans sa région du nord-ouest ainsi que dans l’ouest de l’Iran, ainsi que dans les provinces du nord et du sud-est. Toutes ces régions abritent des minorités (kurdes, azéries, arabes ou encore baloutches) sensibles à ce candidat qui en est lui-même originaire. Une dimension qui pourrait toutefois limiter sa réserve de voix pour le second tour.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV De nouvelles avancées des rebelles suscitent l’inquiétude
NEXT Une journée en enfer sur RMC Story – .