au tournant des années 2010, « le rugby a supplanté le football à Bordeaux » – .

au tournant des années 2010, « le rugby a supplanté le football à Bordeaux » – .
au tournant des années 2010, « le rugby a supplanté le football à Bordeaux » – .

A l’heure où le maillot viticole va défier le rival toulousain à Marseille, en finale du Top 14, ce vendredi 28 juin, le cœur des Bordelais semble battre plus pour le rugby que pour le football. Bordeaux est-il devenu ovale ou reste-t-il fidèle au ballon rond ? Les sociologues du sport Christophe Bonnet et Jean-Paul Callède analysent l’évolution de la prévalence de ces deux sports dans la ville. « Le rugby a supplanté le football à Bordeaux, mais les Girondins conservent une bonne audience », résume Christophe Bonnet, maître de conférences à la Faculté des sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) de Bordeaux. « Je n’opposerais pas vraiment les deux », préfère Jean-Paul Callède, auteur du livre « Une terre de rugby », aux Éditions Sud Ouest.

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1 Les racines culturelles du rugby

Bordeaux est l’une des premières villes de France où le rugby s’est implanté en dehors de Paris. Dès la fin du XIXe siècleet siècle, le Stade Bordelais, en devenant champion de France en 1899, fut l’une des premières équipes à contrer l’hégémonie parisienne, raconte Christophe Bonnet. En Gironde, comme dans tout le Sud-Ouest, la culture et les valeurs du rugby se mêlent à celles du territoire : partage, solidarité, gastronomie, fête. Le football a toujours été populaire alors que le rugby, au début, était un sport d’élite, mais au fur et à mesure de sa diffusion dans les couches de la société, il s’est développé. Certaines positions avaient même une coloration sociale : les fronts étaient majoritairement agriculteurs, la charnière était constituée de professions intellectuelles et les arrières faisaient partie de l’élite sociale. Aujourd’hui, on constate que cette diversité sociale a été le terreau fertile de la réussite du rugby à toutes les couches de la société, car chacun a sa place. »

2 Le tournant des années 2010

La fusion en 2006 entre le CABBG (Bègles) et le Stade Bordelais, pour devenir l’Union Bordeaux-Bègles (UBB), coïncide avec une professionnalisation. « Cela entraîne une ‘métropolitisation’ du jeu et des budgets alloués par les entreprises au sponsoring, explique Christophe Bonnet. Les clubs ont besoin d’argent, les entreprises en ont, et les plus gros sont dans la métropole plutôt que dans le reste du département. Le club bordelais devient alors le fleuron de la Gironde. A Agen, Mont-de-Marsan, La Rochelle… c’est pareil. De plus, l’UBB a l’intelligence de baser toute sa communication sur la proximité avec le territoire. Le tissu économique est là et a envie de participer à l’aventure. »

« Quand on peut communier dans un espace public, proche des joueurs, ça crée du lien, on appelle ça le côte à côte »

3 Celui qui joue au stade Chaban

Selon Jean-Paul Callède, « l’important est de savoir qui joue où. L’UBB a pris les clés du stade Chaban (anciennement Lescure) en 2015, lorsque les Girondins ont repris le Matmut Atlantique. Le rugby se joue alors dans un lieu qui possède une mémoire collective. Serge Simon a déclaré : « Si on perd à Musard [mythique stade de Bègles]Sans aller jusqu’à froisser les anciens, jouer dans un stade qui a une âme a une influence. A cette époque, les Girondins de Bordeaux jouent au Matmut, moderne mais sans passé, à une époque où leurs résultats sont moins bons. C’est la différence entre l’espace vécu et l’espace utile. Quand on peut communier dans un espace public, proche des joueurs, ça crée du lien, on appelle ça côte à côte, sinon la relation est en face à face, comme dans les grands stades où le public est plus spectateur qu’acteur du lien. Quand les Girondins font vibrer le Matmut d’émotion, ce stade va commencer à se remplir de mémoire. Pour l’instant, le Matmut pour les Girondins, c’est un peu comme un costume trop grand.

4 Anti-starisation et atmosphère

« Dans le rugby, contrairement au football, selon Christophe Bonnet, il n’y a pas trop de stars. Bordeaux, notamment, mise sur les jeunes talents du territoire. Les supporters s’identifient plus facilement aux joueurs. Par ailleurs, de nombreux spectateurs soulignent l’ambiance familiale et conviviale qui règne dans les tribunes de rugby. Les supporters des deux équipes sont mélangés, ce qui n’est pas le cas dans le football. De plus, les incidents dans les tribunes lors des matches de football sont médiatisés et ne font aucun bien au sport.»

« Si le rugby a légèrement supplanté le football dans le cœur des Bordelais, il faudra voir ce qui se passerait si les Girondins retrouvaient leur lustre d’antan », estime Christophe Bonnet. Pour Jean-Paul Callède, « quel que soit le résultat de la finale, Bordeaux a déjà gagné sa saison ».

 
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