Consultation sur les caribous | Québec manque à son « devoir d’honneur », selon la cour

(Montréal) Les Premières Nations saluent la décision de la Cour supérieure qui ordonne au gouvernement du Québec de mettre en place, d’ici le 30 septembre 2024, un processus de consultation distinct avec elles, afin de protéger le caribou des forêts et des montagnes.


Publié à 13h30



Stéphane Blais

La Presse Canadienne

Le gouvernement du Québec a « failli à l’honneur de la Couronne », il y a « une urgence d’agir » et il « aurait dû lancer un processus de consultation depuis longtemps », peut-on lire dans le jugement de la Cour supérieure.

La décision rendue le 21 juin par la juge Marie Cossette constitue la réponse de la Cour à un appel initié en février 2022 par les conseils d’Essipit et de Mashteuiatsh selon lequel le Québec avait failli à son obligation constitutionnelle de les consulter dans le cadre de l’élaboration d’un programme de protection du caribou. stratégie.

«La Cour est d’accord avec nous» et «nous espérerons que Québec s’engage à respecter cette décision et qu’il s’ajuste en conséquence en participant à un processus de consultation ouvert» et «dans une participation sincère et honorable», a indiqué le chef du Conseil des Innus de Mashteuiatsh. , Gilbert Dominique, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Le gouvernement a failli à son « devoir d’honneur »

La réticence du Québec « à collaborer avec nous sur ce dossier est inacceptable », selon Gilbert Dominique, qui a rappelé que le gouvernement promettait des mesures de protection des caribous depuis au moins 2016 dans les communautés innues d’Essipit et de Mashteuiatsh, situées sur la Côte-Nord et en la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

À cette époque, « nous avions évoqué la possibilité d’être consultés dans certains processus, mais ces processus n’ont jamais été formellement proposés par le gouvernement du Québec », a indiqué le chef Dominique.

Dans son jugement, la cour souligne que le gouvernement a informé à plusieurs reprises les Premières Nations que leur participation à l’élaboration d’une stratégie de protection du caribou était importante.

Par exemple, le document judiciaire rappelle que le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a indiqué à plusieurs reprises que les communautés pourraient « participer à la co-construction de la Stratégie » afin qu’elle soit élaborée en tenant compte de leurs enjeux. et leurs préoccupations.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE ARCHIVES

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette

Ces déclarations « ont fait naître des attentes légitimes parmi les plaignants, en dehors de leur droit constitutionnel d’être consultés », selon le jugement.

Or, peut-on lire dans la décision, « le gouvernement a manqué à son devoir d’honneur envers les plaignants », car il « n’a pas déclenché un tel processus » et « n’a pas répondu aux attentes légitimes » des Premières Nations.

«La situation du caribou se détériore»

La juge Marie Cossette écrit que non seulement le droit des Premières Nations d’être consultées est « violé », mais « la situation du caribou se détériore encore davantage pendant cette période et le gouvernement n’est toujours pas en mesure d’indiquer à la Cour le moment où La stratégie de protection envisagée sera communiquée.

Il s’ensuit « que leurs droits et titres ancestraux sont d’autant plus menacés compte tenu de la place centrale occupée par le caribou, dont la condition ne cesse de se fragiliser », écrit le juge.

Exploitation forestière et protection des grands massifs

Pour éviter la disparition de l’espèce, le chef Gilbert Dominique est d’avis « que certains grands massifs qui abritent le caribou doivent être protégés ».

Mais il faut aussi envisager de ne plus construire de nouvelles routes forestières pour extraire le bois dans l’habitat de l’espèce et également de reboiser certaines routes.

La protection du caribou aura nécessairement des conséquences sur les emplois dans l’industrie forestière, selon le chef Dominique.

« C’est évident, il va y avoir des chocs, nous en sommes d’accord. Alors, comment pouvons-nous faire en sorte d’atténuer ces conséquences ? […] Il faut trouver des solutions», a indiqué le chef du Conseil Innu de Mashteuiatsh.

Le chef de la Première Nation innue Essipit, Martin Dufour, a écrit dans un communiqué qu’il espère que Québec acceptera la décision du juge et participera aux consultations « avec ouverture » et de manière « sincère et honorable ».

 
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