Pour retrouver sa place dans la capitale, le Concorde sera vert et piéton

« On dirait une sorte d’immense parking mais vide… » Tel est le commentaire d’un touriste allemand posté devant la place de la Concorde, ce lundi 24 juin 2024. Cette place mythique de la capitale est souvent reléguée au rang de simple esplanade minéralisée, devenue un rond-point géant en plein Paris, incompris des Parisiens comme des touristes.

C’est sans doute ce même constat qui a conduit la mairie de Paris à mettre en place une équipe spéciale, une sorte de « Task Force La Concorde », qui avait pour objectif de définir le cadre d’une transformation en profondeur de la plus grande place de Paris (7,5 hectares). Et le résultat devrait être surprenant.

Plus de vert, moins de voiture

Constitué de 17 personnalités issues d’horizons très différents (« Monsieur Patrimoine » Stéphane Bern, l’historien Patrick Boucheron, le membre du GIEC François Gemenne, la directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, Audrey Azoulay, etc. ), cette commission avait pour mission de définir les contours de ce que devrait être la future place de la Concorde.

Réuni à cinq reprises depuis avril, il avait encore quelques impératifs fixés par la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui voulait « répondre au défi climatique du XXIe siècle » et « pérenniser la réduction du rôle de la voiture expérimentée depuis le Rugby ». Coupe du monde en septembre 2023.

C’est sur ces bases que le comité d’experts a émis mi-juin une série de 12 recommandations qui donnent déjà un aperçu du profil de la future place du 8e arrondissement.

Faire quelque chose de nouveau à partir de quelque chose d’ancien

« Nous sommes partis des fondations existantes. De ce lieu doublement classé, monument historique de France et patrimoine historique de l’UNESCO des bords de Seine, dans le but de respecter sa conception, sa symétrie, son obélisque et son candélabre”, explique Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de Culture et président de cette commission spéciale comme pour rassurer les plus sceptiques face au changement.

Aussi, les experts recommandent de se baser sur « la composition historique du lieu et ses larges perspectives en valorisant les éléments architecturaux qui le composent ». Voilà pour ce qui est déjà en place. Pour le reste, le changement devrait être assez radical.

Une habitude pour ce lieu qui, dans son histoire, a connu de nombreuses transformations. « J’ai moi-même, avant de participer à cette commission, eu l’idée d’un lieu historiquement minéralisé et gelé, explique Jean-Jacques Aillagon, mais grâce à la très riche documentation fournie par les Services de la ville de Paris et de l’Apur, J’ai découvert qu’elle avait connu de nombreux visages au fil des années et même des siècles.

Un des principaux îlots de chaleur de Paris

Surtout des visages très « verts » et très « piétons » qu’elle devrait revoir très prochainement. « Historiquement, la place de la Concorde est une place de promenade, mais aujourd’hui, c’est un espace devenu extrêmement difficile pour les piétons, hostile aux promeneurs et quasiment inaccessible », commente l’ancien ministre. « C’est l’axe vers lequel nous devons travailler. »

Aujourd’hui, près de 62,5 % de l’espace est réservé aux voies réservées aux véhicules selon l’APUR, contre seulement 37,5 % aux trottoirs et terre-pleins. L’objectif pourrait être d’inverser ces figures pour recréer un lien entre les jardins des Tuileries et ceux des Champs-Élysées.

Un lien vert puisque la place de la Concorde sera plantée selon les recommandations des experts qui suggèrent de planter le plus d’arbres possible et de sélectionner des espèces peu consommatrices d’eau. Une nécessité pour cette place qui est l’un des principaux îlots de chaleur de la capitale.

Limiter la circulation sans la gêner

Cette continuité se fera également vers la Seine, aujourd’hui gênée par les trémies qui facilitent la circulation automobile vers les quais mais coupent la Concorde et déséquilibrent la symétrie originelle de la place. Le rapport recommande donc de les faire disparaître.

« Il ne s’agit pas de sanctionner un mode de mobilité plutôt qu’un autre. Par ailleurs, l’organisation actuelle (la moitié de la place est piétonne pour les Jeux olympiques de Paris 2024 – NDLR), montre que la circulation a gagné en fluidité, explique Jean-Jacques Aillagon, mais il faut céder sa place à d’autres modes comme faire du vélo ou de la marche. » Des usages en hausse selon les rapports de l’APUR présentés à la commission.

« La place de la Concorde reste un carrefour incontournable du trafic automobile au centre de Paris ; il n’est pas question de l’entraver, simplement de rééquilibrer les usages », ajoute le président de la commission. Rééquilibrer les usages tout en assurant « le confort de l’espace piéton » et en assurant la séparation des flux pour plus de sécurité selon le rapport de la commission.

Redonner vie au lieu

Dans ce même rapport, la commission insiste sur la nécessité de redonner vie à ce lieu trop souvent oublié des touristes, mais aussi des Parisiens. Il rappelle que bien que les logements soient rares dans son secteur, le quartier de la Concorde est un véritable pôle économique de la capitale avec près de 119 410 emplois recensés dans un rayon d’un kilomètre.

Un lieu pour les riverains, riverains ou travailleurs, mais aussi pour des événements qui devraient se multiplier dans les années à venir, comme le village du Rugby installé lors de la Coupe du monde 2023 ou les installations olympiques en place jusqu’en septembre prochain. Un juste retour des choses pour l’ancienne « place de la révolution » ?

On le saura très prochainement puisqu’avec ces recommandations, la mairie de Paris attend désormais les premières propositions de projets qui seront prochainement étudiées et devraient être présentées en septembre de cette année selon Jean-Jacques Aillagon qui se contente d’avoir son mot à dire. : « Les 17 membres de la commission participeront au jury de sélection et pourront veiller à l’application des recommandations. « .

Lors du lancement de la commission en avril, Anne Hidalgo avait espéré voir la transformation des lieux actée avant la fin de son mandat en 2026.

 
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