Léon Marchand, le rêve olympique

Léon Marchand, le rêve olympique
Léon Marchand, le rêve olympique

L’orateur réchauffe la salle et le public applaudit. ” En route vers Paris », crie-t-il dans le micro. Car ces Championnats de France de natation, qui se sont déroulés cette semaine (16-21 juin) dans l’immense complexe aquatique L’Odyssée, dans la banlieue de Chartres (Eure-et-Loir), ont fait office de qualification pour les Jeux olympiques.

Dans un bassin d’échauffement, Léon Marchand tente de se préparer de manière anonyme. Mais son bonnet de bain vert vif aux couleurs de son club, les Dauphins de Toulouse, permet rapidement de le repérer. Depuis une passerelle surplombant le bassin, des photographes professionnels » tireur » au téléobjectif pendant que des nageurs en herbe le mitraillent avec leur téléphone. “ Il nous a dit bonjour », s’enthousiasme une tête blonde.

Si la plupart de ses concurrents ont le physique d’un Golgoth, ou, pour rester dans la sémantique aquatique, d’un homard culturiste, Léon Marchand (cinq titres de champion du monde à 22 ans) a la taille d’une crevette : 1,83 mètre pour 70 kilos, selon son dossier officiel. En fait, un peu plus. ” Il peut paraître un peu débraillé », sourit Sophie Kamoun.

Le pimpant consultant télévision de BeIN Sports explique : « Il a de très grandes mains, de grands pieds, une flexibilité fantastique, une grande laxité des articulations. Il y a d’autres qualités que d’avoir du muscle quand on fait de la natation de haut niveau. Il a des qualités innées. Il va plus vite que les autres sous l’eau. Léon, quand il plonge, il ressort trente centimètres devant tout le monde, d’autant plus qu’il s’entraîne aux Etats-Unis. »

Quand « Léon » apparaît, un stade entier se lève et scande son nom

Il y a près de trois ans, les Haut-Garonnais s’exilaient outre-Atlantique, avec Bob Bowman, l’homme qui a façonné le plus grand spécialiste de tous les temps, l’Américain Michael Phelps (vingt-trois titres olympiques, un record). Ses retours en France sont rares et constituent donc un événement. A Chartres, les sifflets de l’arbitre ordonnant aux concurrents de monter sur les starters résonnent aux oreilles. Les décibels explosent littéralement les tympans lorsque les nageurs les plus célèbres entrent en lice, comme le sprinteur Florent Manaudou, dont le corps musclé est de plus en plus tatoué, ou la spécialiste des papillons Mélanie Hénique aux cheveux teints en rose.

Le reste après cette annonce

Mais quand « Léon » apparaît, un stade entier se lève et scande son nom. Les spectateurs savent que la fusée qui nage sous leurs yeux et remporte ses courses les unes après les autres (quatre titres nationaux dans la piscine de Chartres) a la capacité de remporter plusieurs titres olympiques cet été, ce qui en ferait certainement l’athlète française de Paris 2024. , ou même juste l’une des stars de ces JO.

Il sera notamment attendu le 31 juillet, lors d’une soirée où il pourrait monter deux fois sur le podium des Jeux en l’espace d’une heure et demie : au 200 mètres papillon puis au 200 mètres brasse. Un exercice exigeant qu’il a réalisé mercredi à Chartres, la Fédération française ayant calqué son programme de championnat sur celui des Jeux olympiques.

Qualifié dans 4 épreuves, le nageur vise autant de médailles d’or

Les « 200 pap’ » pour commencer. A gagné en 1’54”08 avec deux secondes d’avance sur le deuxième. Il n’a même pas eu le temps de célébrer son sacre lorsque Léon Marchand s’est dirigé sous les acclamations du public vers le grand bassin extérieur de récupération avec, au loin, la silhouette majestueuse de la cathédrale Notre-Dame de Chartres. Pour contrôler son état de fatigue, la direction vérifie son taux d’acide lactique dans son sang.

Cinquante minutes plus tard, il replonge et remporte l’épreuve du « 200 brasse » en 2’08”95, réalisant à nouveau les minima olympiques. Nicolas Castel, l’entraîneur de son club toulousain d’origine, estime que la mission est réussie : « Il y a encore des petits ajustements entre les deux courses, des réajustements, rien de bien important. Il m’a dit qu’il avait un peu faim. Il faudra être vigilant. Sinon tout est parfait. » Tout sourire, le double vainqueur du jour se présente, sa tignasse bouclée encore humide, devant la meute de journalistes venus assister à ses exploits.

Un peu fatigué par les cinquante derniers mètres, il se souvient surtout que « C’était cool ». « J’ai aimé ! Après, aux Jeux, il faudra nager beaucoup plus vite. » Avec son débit de mitrailleuse et son ton de voix joyeux, Léon Marchand ajoute dans un éclat de rire : « 200 brasse-200 brasse, ça fait un duo assez bizarre. Et j’aime tout ce qui est bizarre. » Pour Sophie Kamoun, c’est clair : « quelque chose est en train de se passer. Cela me rappelle ce qu’on a vécu avec Laure Manaudou à l’époque. Il y a une ambiance électrique et trois fois plus de médias que d’habitude dans la tribune de presse. En même temps, nous avons affaire à un extraterrestre. »

Un groupe d’enfants attend au pied des tribunes pour une séance d’autographes. Un petit garçon, dont c’est l’anniversaire, se prend même en photo aux côtés de son idole et fond en larmes. Il est comme ça, Léon Marchand. Cela vend du rêve et apporte de la joie. En attendant de toucher, le mois prochain, le Graal olympique qui lui semble promis.

 
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