Comment réinventer la ville pour anticiper les changements sociétaux et climatiques ? Annecy 2050, un document prospectif élaboré par la ville d’Annecy et l’agence AUC, apporte quelques premières réponses.
En 2040, Annecy sera, selon les climatologues, la ville française la plus durement touchée par les canicules. Un horizon pas si lointain qui nécessite que les élus agissent. C’est dans ce contexte que la ville d’Annecy a choisi d’élaborer, avec l’agence AUC (regroupant architecte, urbaniste, paysagiste…), lauréate d’un dialogue compétitif, une stratégie territoriale.
Adaptation au climat
Cela se concrétise dans la démarche Annecy 2050 dont la version 1 devrait être rendue publique en septembre prochain. « Annecy 2050 s’inscrit dans le projet de notre mandat visant à construire une politique de développement maîtrisée pour une ville abordable, à taille humaine, accessible à tous et adaptée au réchauffement climatique », explique Nora Segaud Labidi, adjointe au maire d’Annecy, chargée du Développement durable. et le logement.
Pour Stéphan Dégeorges, directeur du CAUE 74 – structure qui a participé à la définition du cahier des charges présenté aux agences d’urbanisme concurrentes sur le projet –, « l’objectif, dans ce travail prospectif, est aussi de renouer avec la démocratie. Il est essentiel d’offrir aux citoyens la possibilité de voir loin pour qu’ils se sentent concernés et donc encouragés à s’impliquer.
« En 2040, Annecy sera, selon les climatologues, la ville française la plus touchée par les canicules. Un horizon pas si lointain qui nécessite que les élus agissent. »
3 territoires clés
L’étude Annecy 2050 couvre l’ensemble de la ville, mais une attention particulière est portée aux secteurs clés. Une grande boucle a été conçue, en lien avec les travaux menés par l’Agglomération sur les transports. Il existe trois périmètres urbains définis par Annecy 2050 : Le Vallon du Fier, dans les communes déléguées de Cran-Gevrier, Annecy, Annecy-le-Vieux et Meythet ; le quartier des Trois Fontaines situé dans les communes déléguées d’Annecy, Seynod, Cran-Gevrier, et enfin Les Carrés dans la commune déléguée d’Annecy-le-Vieux.
« Un point commun dans la manière dont nous envisageons d’agir dans ces secteurs, commente Nora Segaud Labidi : faire avec la ville qui est déjà là, répondre aux injonctions contradictoires qui nous sont posées : créer du logement, de la nature en ville. et en même temps ne pas artificialiser.
Et l’élu d’ajouter : “Ceci tout en gardant nos engagements inscrits dans notre projet de mandat de réaliser, en matière de logement, une politique des trois tiers” (un tiers de logements sociaux, un tiers de logements intermédiaires, un tiers de logements privés, NDLR). ).
Densifier, de manière acceptable
L’enjeu est, pour la ville, de rester dans l’enveloppe urbaine actuelle en se densifiant de manière acceptable. Le Vallon du Fier devrait ainsi accueillir de nouvelles habitations et un nouveau parc. Ce site naturel pourrait être, indique la municipalité, « une alternative au lac ». A Trois Fontaines, un « quartier productif et culturel » serait envisagé, avec des commerces, des artisans… et des logements. Enfin, le secteur des Carrés devrait être dévolu, outre l’habitat, à l’agriculture urbaine : amplification de la production agricole, marché alimentaire local… Les friches, laissées par le départ du garage Peugeot, seraient récupérées au profit de « nouveaux équipements et espaces verts “.
« Il faut imaginer des microforêts urbaines qui permettent d’aménager ces couloirs de fraîcheur, reliant de grands espaces naturels. »
Djamel Klouche, co-fondateur de l’agence AUC
Coût ou investissement ?
Cette perspective ambitieuse nécessitera un investissement important de la part de la communauté. En effet, la crise qui secoue l’immobilier, même à Annecy, impacte les projets. Et, pour permettre l’émergence de nouveaux quartiers, la Ville est déjà obligée de mettre la main à la poche. C’est déjà le cas pour un programme de logements dans l’écoquartier Vallin Fier qui est à l’arrêt faute d’acquéreurs : la ville a pris la décision de baisser la charge foncière pour les logements locatifs sociaux et la gratuité des logements prévue pour permettre la programme pour sortir. Coût pour la collectivité : 3 millions d’euros.
Pour aller plus loin : https://www.annecy.fr/fileadmin/mediatheque_annecy/Ma_ville/Am%C3%A9nagement_du_territoire/Annecy_2050_-_plaquette_-_mars_2024.pdf
Catherine Bocquet
Sur le même sujet :
Cet article est issu de notre magazine « Panorama Économique Immobilier 2024 », disponible en format lecteur en ligne ou en format papier.
