Les secteurs agricole et forestier du Bas-Saint-Laurent s’inquiètent des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits canadiens et mexicains que le président américain élu Donald Trump souhaite voir entrer en vigueur dès le premier jour de son mandat, le 20 janvier prochain.
Par exemple, 70 % du bois de l’entreprise Bois d’œuvre Cedrico, dans la MRC de la Mitis, est vendu au sud de la frontière.
L’imposition d’une taxe de 25 % risque de créer une zone de turbulences importantes dans l’industrie, selon son président Denis Bérubé, en entrevue à Réveil Mardi matin.
Il rappelle que les entreprises de son secteur se voient régulièrement infliger des sanctions financières sous prétexte de vendre du bois à des prix artificiellement bas sur le marché américain. Selon lui, les nouveaux tarifs douaniers de 25 % sur toutes les importations canadiennes ne feront qu’empirer la situation.
Cela risque de conduire à l’inflation. Cela risque de conduire à une réduction de la construction aux États-Unis. C’est encore beaucoup
» affirme le président de Cédrico, Denis Bérubé. Il ajoute qu’une partie de cette taxe serait supportée par les clients américains.
Le président de Cédrico, Denis Bérubé (Photo d’archive)
Photo : Radio-Canada / Simon Turcotte
C’est certainement très inquiétant car ces niveaux d’imposition sont élevés.
En revanche, M. Bérubé ne croit pas que son entreprise soit menacée puisque l’industrie de la construction aux États-Unis dépendra toujours du bois canadien pour assurer sa croissance.
Qu’en est-il de l’industrie agroalimentaire ?
Du côté des acériculteurs, la menace proférée par le président élu est inquiétante, alors qu’environ 60 % de la production acéricole de la province est exportée aux États-Unis.
La nouvelle d’hier est une bombe.
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Le président des Producteurs acéricoles du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, Justin Plourde (Photo d’archive)
Photo: Radio-Canada / Jean-Luc Blanchet
Connaître un peu le président américain [désigné]est-ce bluffer pouvoir négocier ? Nous ne savons pas
» demande Justin Plourde, président de la section Bas-Saint-Laurent–Gaspésie de l’Association des producteurs acéricoles du Québec (PPAQ).
Il précise que la mesure serait effective le 20 janvier, après quoi des négociations pourraient avoir lieu. C’est un danger car une négociation prend toujours beaucoup de temps. Cela donnera le temps d’avoir un impact et de nuire à toutes les industries
il croit.
M. Plourde explique qu’au cours des dernières années, son organisation a investi beaucoup de temps et d’argent pour diversifier ses marchés, notamment en se tournant vers l’Europe, l’Australie, le Japon et la Chine, pour limiter la dépendance au marché américain.
Avec 9,3 millions d’entailles, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie représentent le deuxième secteur acéricole en importance au Québec.
De son côté, la présidente de l’Union des producteurs agricoles du Bas-Saint-Laurent, Nathalie Lemieux, rappelle dans une déclaration écrite que lors de la campagne présidentielle, on parlait déjà d’imposer des tarifs douaniers de 10 % sur les produits canadiens.
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Nathalie Lemieux, productrice agricole et présidente de l’UPA Bas-Saint-Laurent (Photo d’archive)
Photo : Radio-Canada
Selon elle, même si M. Trump menace d’augmenter les droits de douane de 25%, il reste difficile d’anticiper les conséquences d’une telle mesure sur les produits agricoles et forestiers.
Elle espère néanmoins que le gouvernement fédéral défendra adéquatement le monde agricole lorsqu’il s’assiéra à la table des négociations.
Silence prudent
C’est un retour à l’imprévisibilité qui a caractérisé le premier mandat de Donald Trump à la Maison Blanche, selon plusieurs sociétés contactées par Radio-Canada.
L’entreprise Miralis, fabricant de cuisines à Saint-Anaclet-de-Lessard, Cascades, qui possède une usine à Cabano, ou l’entreprise Tourbières Berger, à Saint-Modeste, disent prendre tout très au sérieux, mais veulent rester prudentes, s’abstenant de faire des déclarations hâtives.
Récemment, la Chambre de commerce du Canada a mené un exercice pour évaluer les impacts des droits de douane américains de 10 %. Son observation était que cette mesure réduirait la taille de l’économie canadienne de 0,9 à 1 %. Cela représenterait un manque à gagner d’environ 30 milliards de dollars par an.