Le dollar est le seul gagnant de la guerre commerciale entre la Chine et l’Occident, selon McGeever – .

Le dollar est le seul gagnant de la guerre commerciale entre la Chine et l’Occident, selon McGeever – .
Le dollar est le seul gagnant de la guerre commerciale entre la Chine et l’Occident, selon McGeever – .

Le seul « gagnant » d’une éventuelle guerre commerciale totale entre l’Occident et la Chine sera probablement le dollar américain.

L’incertitude concernant la politique commerciale mondiale est à son plus haut niveau depuis 2018-19, lorsque les affrontements entre l’administration de l’ancien président américain Donald Trump et Pékin ont atteint leur paroxysme. On est encore loin de ces sommets, mais cela fera l’objet d’une surveillance accrue à l’approche de l’élection présidentielle américaine.

Quel que soit le vainqueur en novembre, de nouveaux droits de douane sur les importations en provenance de Chine et de probables représailles semblent inévitables. La Chine a déjà prévenu que si l’Europe se joignait à la tendance tarifaire, cela constituerait une « guerre commerciale ».

Le retour de M. Trump à la Maison Blanche augmenterait considérablement les enjeux.

La montée du protectionnisme et la diminution du commerce transfrontalier peuvent entraver la croissance dans le monde entier, mais les États-Unis – la superpuissance économique et monétaire mondiale – bénéficient de protections que d’autres pays n’ont pas.

Il s’agit notamment de la nature relativement fermée de l’économie, de l’importance mondiale des marchés boursiers et obligataires américains et de l’omniprésence du dollar dans les réserves internationales.

Cela ne veut pas dire que les États-Unis ne souffriront pas : la croissance ralentirait et l’inflation pourrait augmenter. Mais une inflation plus élevée retarde, voire élimine potentiellement, les baisses de taux de la Fed, et la croissance en Europe et en Asie serait plus vulnérable qu’aux États-Unis.

En bref, la douleur sera probablement ressentie plus intensément dans d’autres monnaies, dont aucune n’a le statut de valeur refuge du dollar. Et dans le monde des taux de change, tout est relatif.

TROIS FOIS PLUS DE DÉGÂTS

Les économistes de Goldman Sachs ont tenté de quantifier les risques pour la croissance des États-Unis et de la zone euro en analysant la guerre commerciale de 2018-19 et au-delà sous trois angles : les commentaires des entreprises américaines et européennes sur l’incertitude commerciale, les rendements boursiers autour des annonces tarifaires et les modèles d’investissement entre les pays.

Ils ont constaté qu’une augmentation de l’incertitude en matière de politique commerciale jusqu’aux niveaux de 2018-2019 réduirait probablement la croissance du PIB américain de trois dixièmes de point de pourcentage. L’impact estimé sur la croissance dans la zone euro serait trois fois plus important.

Pour une région dont la croissance devrait être nettement inférieure à celle des États-Unis, soit 0,8 % cette année et 1,5 % l’an prochain, selon le Fonds monétaire international, ce serait un coup dur. La Banque centrale européenne pourrait alors procéder à un assouplissement monétaire agressif, ce qui fragiliserait l’euro.

“De nouvelles augmentations de l’incertitude en matière de politique commerciale posent un risque de baisse important pour nos perspectives de croissance mondiale au deuxième semestre 2024 (second semestre 2024) et 2025… avec des effets plus importants dans les économies où les exportations représentent une part plus importante du PIB”, ont écrit mardi les économistes de Goldman.

FERME

L’économie américaine est beaucoup moins ouverte que celle de ses homologues européennes ou chinoises, ce qui signifie que les perturbations commerciales devraient avoir un impact relativement limité.

Selon la Banque mondiale, les exportations de biens et services des États-Unis ont représenté 11,8 % du PIB en 2022, contre 20,7 % pour la Chine. Les données d’Eurostat montrent que les exportations de biens de la zone euro ont représenté 20 % du PIB l’année dernière.

La persistance et la détérioration du déficit commercial depuis des années ont été considérées comme un frein majeur au dollar, les États-Unis ayant dû aspirer d’énormes quantités de capitaux étrangers pour couvrir le déficit et empêcher le dollar de chuter.

Mais l’an dernier, le déficit commercial américain s’élevait à 2,8 % du PIB, soit bien moins que l’année précédente et moitié moins qu’au milieu des années 2000. Les délocalisations, l’autosuffisance énergétique et les efforts pour relancer l’industrie manufacturière nationale indiquent que le déficit ne sera plus le frein qu’il était autrefois pour le dollar.

Et ce, avant qu’une escalade tarifaire ne réduise encore davantage les importations américaines.

PARITÉ EUROPÉENNE ?

Les problèmes économiques et la situation géopolitique de la Chine sont suffisants pour dissuader les étrangers d’investir dans le pays. Mais ce n’est pas une coïncidence si les flux d’investissement direct étranger vers la Chine chutent à leur rythme le plus rapide depuis 15 ans, au moment même où les tensions commerciales se ravivent.

Les actions chinoises sous-performent, à peine en territoire positif pour cette année et après une année 2023 désastreuse. Pékin peine à contenir le yuan, qui est à son plus bas niveau depuis sept mois face au dollar.

Les actions européennes et l’euro n’ont pas réagi favorablement aux récents titres concernant l’imposition de droits de douane par Bruxelles sur certaines importations en provenance de Chine. Compte tenu des relations commerciales étroites entre la zone euro et la Chine, cela n’est pas une surprise.

La zone euro importe plus de biens de Chine que n’importe quel autre pays du monde, et le poids du yuan dans l’euro pondéré en fonction des échanges commerciaux rivalise avec celui du dollar. Les tensions commerciales entre la Chine et l’Europe vont frapper durement l’euro.

Et comme l’euro pèse près de 60 % dans l’indice plus large du dollar, il existe naturellement une forte corrélation inverse entre le sort de l’euro et celui du dollar.

Les analystes de Deutsche Bank prédisent que le dollar restera « plus fort pendant plus longtemps » cette année et l’année prochaine, même si sa dynamique pourrait s’atténuer à mesure que le cycle s’allonge.

Une position plus belliciste sur le commerce de la part de celui qui remportera la Maison Blanche en novembre constituerait cependant un développement positif majeur pour le dollar et ramènerait probablement l’euro vers la parité.

« Le dollar sous-estime les risques associés au protectionnisme américain », écrivent-ils mercredi.

(Les opinions exprimées ici sont celles de l’auteur, chroniqueur pour Reuters.)

 
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