Alors que la glace fond, l’Everest révèle les corps de centaines d’alpinistes.

Alors que la glace fond, l’Everest révèle les corps de centaines d’alpinistes.
Alors que la glace fond, l’Everest révèle les corps de centaines d’alpinistes.

Par

Actualités éditoriales

Publié le

28 juin 2024 à 10h58

Parmi ceux qui ont gravi le plus haut sommet de l’Himalaya cette année, il y a une équipe dont l’objectif n’était pas d’atteindre le sommet de 8 849 mètres, mais faire descendre les restes oubliés.

Au péril de leur vie, les volontaires ont déjà récupéré cinq corps gelés, dont un sous forme de squelette, puis ramenés à Katmandou, la capitale népalaise.

Deux ont été pré-identifiés en attendant des « tests détaillés » pour confirmer leur identité, selon Rakesh Gurung du ministère népalais du Tourisme. Ceux qui ne peuvent être identifiés seront probablement incinéré.

Des cadavres comme repères surnommés « Bottes vertes » ou « Belle au bois dormant »

Cette campagne népalaise visait à nettoyer l’Everest et les sommets voisinsLhotse et Nuptse, c’est macabre, difficile et dangereux.

«En raison des effets du réchauffement climatique, les corps et les déchets deviennent de plus en plus visibles à mesure que la couverture neigeuse diminue», explique leAFP Aditya Karki, major de l’armée népalaise à la tête d’une équipe de 12 soldats et 18 grimpeurs.

La route du Col Sud jusqu’au sommet de l’Everest. (©AFP/Archives/Valentin RAKOVSKY)
Vidéos : actuellement sur -

Plus de 300 personnes sont mortes au sommet depuis le début des expéditions dans les années 1920, dont huit au cours de la seule dernière saison.

De nombreux corps sont restés là, certains caché par la neige ou dans des crevasses profondesD’autres, toujours vêtus de leur équipement d’escalade coloré, sont devenus des points de repère pour les grimpeurs, surnommés « Bottes vertes » ou « La Belle au bois dormant ».

« La zone de la mort »

Il y a un effet psychologique. Les gens croient qu’ils pénètrent dans un territoire divin lorsqu’ils escaladent des montagnes, mais s’ils voient des cadavres en chemin, cela peut avoir un effet négatif.

Aditya Karki
Major de l’armée népalaise

De nombreux corps sont retrouvés dans le ” zone de mort », où les faibles niveaux d’oxygène augmentent le risque de mal aigu des montagnes et finissent par devenir fatal au-delà d’une certaine durée.

Cadavres, dans la glace, extraits à la hache

Il a fallu 11 heures pour libérer l’un des cadavres coincés dans la glace jusqu’au torse, et utiliser de l’eau chaude pour le libérer et l’extraire avec une hache.

Sur cette photo prise le 16 mai 2024 et publiée par l’armée népalaise, des soldats chargent des corps gelés récupérés de l’Everest dans une ambulance pour la crémation à l’aéroport international Tribhuvan de Katmandou. (©Direction des relations publiques et de l’information de l’armée népalaise/AFP/-)

« C’est extrêmement difficile », insiste Tshiring Jangbu Sherpa, qui a dirigé l’expédition de récupération des corps. « Sortir le corps est une chose, le descendre en est une autre. »

Selon le guide, certains corps sont encore quasiment tels qu’ils étaient au moment de leur mort, habillés de leur équipement complet, avec crampons et baudrier. L’un d’eux, intact, vient de perdre un gant.

Un coût financier considérable

Récupération de cadavres à haute altitude un sujet controversé dans la communauté des alpinistes. L’opération est très coûteuse et jusqu’à huit sauveteurs sont nécessaires pour chaque corps.

En altitude, il est difficile de transporter de lourdes charges, mais un cadavre peut peser plus de 100 kilos. Pour Aditya Karki, cet effort est cependant nécessaire.

Des ouvriers trient les déchets collectés sur le mont Everest pour les recycler le 12 juin 2024 à Katmandou, au Népal. (©AFP/Prakash MATHEMA)

Des montagnes en cimetières ?

« Il faut les ramener autant que possible », dit-il. « Si nous continuons à les laisser derrière nous, nos montagnes se transformeront en cimetières. »

Pendant les missions, les corps sont souvent enveloppés dans un sac, puis descente en traîneau.

Un corps retrouvé près du sommet du Lhotse, le quatrième plus haut du monde à 8 516 mètres, était l’un des plus difficiles à descendre, a déclaré Tshiring Jangbu Sherpa.

Le corps était gelé, les mains et les jambes écartées. Nous avons dû le porter tel quel jusqu’au camp 3, et seulement après il a pu être transféré sur un traîneau.

Tshiring Jangbu Sherpa

Encore beaucoup de secrets.

Si le corps de George Mallory, alpiniste britannique disparu en 1924, a finalement été retrouvé en 1999, celui de son compagnon d’escalade, Andrew Irvine, n’a jamais été retrouvé. Leur appareil photo non plus, qui pourrait fournir la preuve d’une ascension réussie susceptible de réécrire l’histoire de l’alpinisme.

11 tonnes de déchets

Cette campagne a mobilisé 171 guides et porteurs népalais pour rapporter 11 tonnes de déchets.

Tentes fluorescent, équipement d’escalade hors service, bouteilles de gaz vides et même excréments humains jonchent la route menant au sommet.

Des ouvriers trient les déchets collectés sur le mont Everest pour les recycler le 12 juin 2024 à Katmandou, au Népal. (©AFP/Prakash MATHEMA)

« Les montagnes nous ont donné tellement d’opportunités », observe Tshiring Jangbu Sherpa, « nous devons leur rendre la pareille, nous devons enlever les déchets et les corps. »

Désormais, les expéditions sont obligées d’éliminer les déchets qu’elles produisent. “Cette année, les déchets devraient être ramenés par les montagnards”, souligne M. Karki. « Mais qui ramènera les vieux déchets ? »

Source : AFP

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon -.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV La justice se prononcera mardi sur la demande de prescription de Rachida Dati
NEXT prévisions pour le lundi 3 juin