Rencontre
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Indétrônable depuis quarante et un ans, le directeur du festival de Montpellier, indissociable de l’ancien maire Georges Frêche, incarne à lui seul une frange de l’histoire de l’art et de son institutionnalisation. Son règne admiré et redouté prendra fin à la fin de cette édition.
Attention, on nous prévient, Jean-Paul Montanari est un serpent à sonnette : quiconque entre dans le bureau du puissant « baron de la danse de Montpellier » en ressort charmé. Irrésistible, son air de vieille Anglaise distinguée râlant dans sa tasse de thé. Irrésistible, sa façon de tremper, petit doigt levé, ses projections dans l’acide citrique. Irrésistible, cet œil fin comme la langue est fourchu et cet amour fou, irrévocable de l’art auquel il a tout sacrifié. Né à Alger en 1947 dans un milieu ouvrier juif algérien, seul membre de sa famille à avoir accédé à l’enseignement supérieur, Montanari savait lire la danse quand tous les autres s’en amusaient. Que demander de plus au directeur de l’un des plus éminents festivals de chorégraphie au monde – Montpellier Danse, “fils” festival ? Chuchotements dans la pièce.
L’emprise sur les milieux culturels dura quarante et un ans, le temps d’un règne chatoyant et redoutable, à la longévité omniprésente. « Une longévité unique ! », lance, bravade, l’intéressé, aujourd’hui âgé de 77 ans. Son départ a été insinué, annulé, annoncé et reporté à plusieurs reprises. D’année en année, sa retraite devient la plus célèbre Arlésienne de la région, un numéro de vaudeville dans lequel il feint toujours de se réjouir plutôt que de rougir : “Je suis un vieux dictateur”, » il a récemment murmuré d’une voix d’agneau. Ou même devant nous aujourd’hui : “C’est pire que Charles Aznavour…” Le clap de fin devrait enfin tomber
