Dans l’Indre, la sous-traitance agricole comme remède à la crise du travail ? – .

Dans l’Indre, la sous-traitance agricole comme remède à la crise du travail ? – .
Dans l’Indre, la sous-traitance agricole comme remède à la crise du travail ? – .

Sous la pression croissante du manque de main d’œuvre et des coûts exorbitants des équipements agricoles de pointe, un nombre croissant d’agriculteurs choisissent de déléguer une partie, voire la totalité, de leurs tâches à des prestataires externes. Cette tendance, au fil des années, semble gagner du terrain.

« La moissonneuse représente un investissement énorme pour trois semaines de travail par an »

A Saint-Florentin dans l’Indre, Adrien Baert, 26 ans, incarne cette nouvelle génération d’agriculteurs pragmatiques. Avec son père, ils exploitent 350 hectares de terres répartis sur plusieurs communes comme Graçay, Vatan et Liniez. « On délègue seulement la récolte, sinon on fait tout nous-mêmes dans les champs », il explique. Une philosophie qui va bientôt se heurter à un nouveau défi : l’année prochaine, ils arrêteront l’élevage de Limousines car Adrien récupérera 180 hectares auprès d’un exploitant en retraite. Avec un domaine qui s’étendra désormais sur 530 hectares, déléguer une partie des travaux et faire appel à une entreprise de sous-traitance agricole (ETA) devient alors une nécessité : « Pour les vendanges, nous avons besoin de quelqu’un aux silos car nous stockons tout, un autre qui conduit une benne et un chauffeur sur la moissonneuse, alors que toute l’année, nous ne sommes que deux. » De plus, pour Adrien, le calcul est vite fait : « La moissonneuse représente aussi un investissement énorme pour trois semaines de travail par an. Sans compter les inévitables pannes en pleine récolte. »

Un gain de temps et d’économie

Cette approche n’est pas isolée. Selon le dernier recensement agricole de 2020, 56 % des exploitations françaises ont eu recours aux services, un chiffre en augmentation. Le phénomène pourrait encore s’amplifier dans les années à venir, à mesure que le nombre d’exploitations agricoles diminuera et que celles restantes augmenteront. Dans l’Indre, les exploitants agricoles, confrontés à un manque de main d’œuvre ou de matériel, peuvent se tourner vers les dix ETA existantes ou vers les 140 coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma).

Pascal Moulin, céréalier à Saint-Valentin, partage cette vision. Depuis plus de dix ans, elle confie des travaux spécifiques à des prestataires : « Pour des travaux de semis ou de battage, ou lorsque le matériel est trop cher par rapport à la surface à traiter, je préfère faire appel à un prestataire. L’année dernière, j’ai embauché une entreprise pour récolter des lentilles. Mon matériel n’était pas adapté et la végétation était insuffisante. Le prestataire disposait d’une coupe spéciale qui permettait de maximiser la récolte. »

Maxime Pion, agriculteur de 120 hectares aux Lacs et éleveur de Charolais, confirme cette stratégie : « Je ne fais que le battage. Investir dans une moissonneuse ne serait pas rentable. Pendant que le chauffeur de l’ETA s’occupe des récoltes, je peux me concentrer sur l’élevage. »

Face aux enjeux économiques et techniques, la sous-traitance agricole permet de lisser les coûts, d’optimiser le temps de travail et parfois, de se concentrer sur d’autres tâches. Pour Adrien Baert, le calcul est clair : « D’une année sur l’autre, je connais exactement le coût à l’hectare (80 à 95 €/ha). Quand je fais mes calculs, je sais combien cela me coûtera à la fin de l’année. »

 
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