Quand l’hôpital public investit une clinique privée dans l’Aube… Une solution contre les déserts médicaux

Quand l’hôpital public investit une clinique privée dans l’Aube… Une solution contre les déserts médicaux
Quand l’hôpital public investit une clinique privée dans l’Aube… Une solution contre les déserts médicaux

Le changement de propriétaire va intervenir très rapidement : « La décision de justice a été prise le 28 mai », rappelle Frédéric Connat, administrateur du nouveau groupe de coopération santé Clinique Pays de Seine. Il faut dire que l’ancienne entité (sous le joug du groupe « avec ») qui gérait l’établissement médical de Romilly-sur-Seine a été placée en liquidation judiciaire un mois plus tôt, avec une activité poursuivie jusqu’au 30. Juin. Pas question de laisser tomber les patients et les salariés dont une grande majorité (une cinquantaine) sera reprise par la nouvelle direction. C’était le seul candidat, « ce qui démontre que l’histoire du lucratif secteur privé que nous avons pu connaître ici ne voyait pas de projet durable, alors que nous avons l’ambition de préserver la permanence des soins sur le territoire, voire de développer en faisant appel à des professionnels troyens et en attirant d’autres praticiens », précise le représentant des repreneurs.

Fini les surcharges pour les patients

Ce nouveau groupe de coopération sanitaire est dominé par le centre hospitalier de Troyes (52,5% des parts) et la Mutualité Française Champagne-Ardenne – Services mutualistes de soins et d’accompagnement (35%), un duo public-privé auquel il doit ajouter les hôpitaux publics de Romilly et Nogent-sur-Seine, Sézanne, Bar-sur-Aube, sans oublier l’hôpital privé de l’Aube, l’ancienne clinique champenoise de Troyes, dont l’offre de rachat est détenue majoritairement par l’hôpital troyen.

Le public investit dans le privé, un choix qui surprend mais qui prend tout son sens dans un département rural où trouver un médecin est souvent un casse-tête, parfois même impossible pour certaines spécialités. « L’un des enjeux majeurs de ce projet, que ce soit à Troyes ou à Romilly, est de pouvoir répondre aux attentes des Aubois qui, faute d’accès, se rendent dans d’autres hôpitaux hors département, avec les contraintes de déplacements. et parfois hospitalisation de la famille”, un chiffre estimé à 30% des Aubois selon Frédéric Connat, également directeur général de la Mutualité française Champagne-Ardenne.

Première conséquence de ce rachat, la Clinique Pays de Seine devient un établissement privé, à but non lucratif, mais à tarification publique. Tout un symbole pour le site jouxtant directement l’hôpital de Romilly-sur-Seine. « Cela permet de renforcer le chiffre d’affaires de l’établissement et de ne plus facturer de dépassements d’honoraires, qui seront pris en charge lors de l’hospitalisation des patients », précise Frédéric Connat. Mais pourquoi, dans ce cas, ne pas avoir directement favorisé un rachat du terrain par l’hôpital ? « C’est la clinique qui est responsable du bloc opératoire. Peu de chirurgiens auraient accepté de travailler aux tarifs hospitaliers. Réarmer complètement un bloc aurait été bien plus compliqué », explique-t-il.

Parallèlement, les pertes dues aux dépassements d’honoraires seront compensées par l’établissement pour attirer des professionnels dans d’autres spécialités, ce qui est plus facile avec le statut de praticien libéral. « Aujourd’hui, nous avons de la chirurgie ophtalmologique, stomatologique (bouche), viscérale et digestive, gastro-entérologique, urologique et même esthétique, des activités réalisées par une quinzaine de médecins et chirurgiens libéraux avec trois anesthésistes », indique Christophe Rochas, futur directeur du site. « L’idée est de maintenir ces activités en actualisant le contrat des praticiens. »

Complémentarité avec l’établissement voisin

Pour l’avenir, la clinique des Pays de Seine ne manque pas d’ambitions. « L’idée est de réarmer l’unité, mais aussi de développer de nouvelles activités avec, dès juillet, le recrutement de tout un milieu autour des chirurgiens », précise Christophe Rochas. Douze soignants supplémentaires sont attendus, ainsi qu’un plan d’investissement de 2 millions d’euros pour rénover les équipements. Priorité aux outils numériques, mais aussi aux blocs opératoires, dont la obsolescence frise l’indécence. « Seules deux salles sur cinq fonctionnent », ajoute Frédéric Connat. Séparée par une porte battante de l’hôpital de Romilly, la clinique mise sur sa complémentarité avec les urgences voisines, le scanner ou encore l’IRM.

Autre bonne nouvelle pour les repreneurs : peu de départs de personnel ont été enregistrés depuis l’annonce du redressement judiciaire. « Avoir une équipe impliquée, qui a continué à travailler pendant cinq mois malgré les incertitudes, c’est aussi rassurant pour nous », se réjouit Christophe Rochas.

 
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