En Creuse, le monde agricole scrute de loin cette élection européenne

Parmi les enjeux majeurs de la politique européenne, l’agriculture, qui représente près d’un tiers du budget européen. Alors évidemment depuis la Creuse, nous regardons l’Europe.

Du marché de Jarnages aussi. Les quelques producteurs présents ce dimanche 9 juin n’ont pas boudé les urnes, chacun avec ses attentes mais sans grande conviction.

« On nous promet beaucoup de choses, mais il ne se passe pas grand-chose. » Audrey Przystupa de la Ferme des Trois Petits Cochons de La Chapelle-Taillefert espère « moins de charges », « moins de papiers », des « normes », des « démarches administratives » pour « sortir la tête de l’eau ». L’agricultrice a fait son choix, auquel elle croit « plus que les autres ». La même depuis qu’elle a 18 ans. « J’espère que cette personne décèdera un jour. Compte tenu de ce que nous avons, cela ne peut pas être pire », assure-t-elle.

Son voisin d’en face, producteur de fromage, est tout aussi étranglé par le millefeuille administratif et normatif. « Nous n’attendons plus grand-chose de l’Europe. Ce qu’on attend, c’est vivre de ce qu’on produit, c’est tout. Résolvons déjà le problème des coûts de production. Qu’on ne peut pas vendre en dessous du prix de production », confie Dominique Herel, du Domaine de Chaussidoux à La Celle-Sous-Gouzon. Son vote sera sans affinités, ce sera celui du « ras-le-bol ».

« Je ne l’ai pas encore étudié en détail », sourit Damien Gibert de la ferme Cabri’o’lait lorsqu’on lui pose la question. En termes organiques, il serait plutôt « éco-leaning » mais il sait que cette fois encore, il votera « plutôt par dépit, pas par conviction », « pour le moins pire », même si à la fin du Lors du vote, il a quelques attentes : « Prenons davantage en considération les petits », que la PAC, « trop restrictive » à certains égards évolue pour « favoriser un peu de diversité plutôt que les grands », « la qualité ». Pourquoi ne pas laisser l’Europe permettre au monde agricole de s’en passer ? « Le but c’est de pouvoir vivre sans bonus, c’est une réalité que beaucoup ont oubliée. »

Arnaud Chaperon, maraîcher à Cressat (Les Jardins de Gaia) attend beaucoup de ce scrutin et surtout de l’Europe, de « l’orientation » qu’elle veut donner à l’agriculture de demain. « J’attends qu’il y ait une vraie vision qui soit en accord avec notre société et l’époque dans laquelle nous vivons. Aujourd’hui, on ne peut plus dire qu’on ne sait pas quelle heure il est ! » L’heure d’un véritable verdissement de la PAC, l’heure de s’engager dans « une agriculture propre », plus « intelligente », plus qualitative, plus locale et qui fait vivre ceux qui la font.086fac7bf6.jpg

Il attend un peu de « courage » politique et « surtout une vision, pas à un ou deux ans, mais une vision à long terme pour faire des choses cohérentes ». Installée en bio sur moins de 4 000 m², avec la politique actuelle, elle ne peut même pas bénéficier de la prime bio ou des subventions sur une si petite surface alors qu’elle nourrit « 120 familles chaque semaine, dix mois par an », « emploie quelqu’un » tout en étant « plus productif que la plupart des gens autour… »

Elections européennes : un taux de participation de 50,16% dans la Creuse à 17 heures

Texte : Julie Ho Hoa
[email protected]
Photos : Bruno Barlier

 
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