EEt si on se tournait enfin vers 2027 ? Le XV de France débute ce samedi sa tournée d’automne contre le Japon, et ce qui accompagne cette première rencontre de novembre, c’est l’idée d’une page qui se tourne, d’un nouveau chapitre, d’une histoire à écrire au soleil levant.
Trois cent quatre-vingt-onze jours séparent Antoine Dupont et ses camarades du traumatisme d’une Coupe du Monde terminée trop vite. Depuis ce quart de finale désastreux, les Bleus donnent le sentiment de naviguer entre deux eaux sans parvenir à se débarrasser complètement du poids de leurs regrets lors du Tournoi des Six Nations. Et puis, pour accentuer cette impression de gueule de bois sans fin, il y a eu cette tournée en Argentine avec un groupe rajeuni où la morosité s’ajoutait au spleen et au désenchantement.
Une forme de dérive
Il fallait en finir avec ce « zapoï » tricolore et la double affaire de Mendoza avait son mérite : elle obligeait Galthié et ses collaborateurs à regarder de plus près l’état de leur projet, à reconnaître une forme de dérive dans la gestion de personnes, une perte de clarté dans les objectifs désignés.
Comme si on ouvrait les fenêtres d’une salle chargée de miasmes, le cadre de vie des Bleus a été redéfini, et ce qui est sans doute le plus important, les cartes ont été rebattues. La frontière entre « joueurs Premium » et prétendants s’est en partie effacée lors de ce premier rassemblement. Le vent de la compétition a de nouveau soufflé à Marcoussis.
Capitaines lors du premier mandat de Galthié, Charles Ollivon, Anthony Jelonch ont été renvoyés chez eux, Jonathan Danty n’a pas été rappelé et l’omniprésent Gaël Fickou a été, peut-être temporairement, installé sur le banc des remplaçants. “L’équipe de France, ce n’est pas Koh Lanta”, a assuré Fabien Galthié qui, pendant quatre ans, a toujours protégé ses relais. Il n’a pas renoncé au credo de son premier mandat mais il a modulé les règles. Aucun de ces dirigeants n’est éliminé mais il n’y a plus de totem d’immunité. L’impératif de performance redeviendra le même pour tous. “On peut parler d’un groupe de France qui démarre sur une base élargie de 42 joueurs”, a reconnu le sélectionneur des Bleus.
« Vivre ensemble »
Lorsqu’il a rencontré les joueurs au CNR la semaine dernière, il a partagé avec eux pour la première fois une feuille de route vers la Coupe du Monde en Australie. « C’est dans trois ans, avec très peu de matches, 32 dont les trois cet automne. L’ambition de ces quatre semaines, c’est de remporter un cap, deux caps, trois caps et trois victoires, mais c’est aussi vivre ensemble et envisager trois années à venir. »
Ce samedi soir, au coup d’envoi, il ne restera plus que treize joueurs en quart de finale face aux Springboks (7 parmi les titulaires et 6 parmi les remplaçants). Parmi les nouveautés, on est bien sûr curieux de voir si Tevita Tatafu, le pilier droit de Bayonne, trouvera rapidement ses marques au niveau international et règlera la question de la succession à court ou moyen terme d’Uini Atonio. Nous serons également attentifs à la manière dont fonctionnera l’association Yoram Moefana – Émilien Gailleton au centre. Sur le papier, le duo de ces deux puncheurs semble séduisant. Il est sans aucun doute adapté au rugby axé sur la vitesse que proposera les Brave Blossoms d’Eddie Jones. Mais sera-t-il reconduit même en cas de succès la semaine prochaine ?
Dupont est de retour
Il n’est pas sûr que cette équipe japonaise, nettement battue par les All Blacks (64-19) il y a deux semaines, apportera à Galthié toutes les réponses qu’il attend avant de défier les hommes de Scott Robertson. Et lorsque l’on s’est fixé pour objectif d’atteindre des performances irréprochables, il reste peu de place à l’expérimentation.
Parce qu’il y a eu Mendoza en juillet, parce que les schémas de jeu proposés, comme la gestion des joueurs, n’étaient pas toujours clairs l’hiver dernier, il est important pour Galthié et son staff d’impulser un nouvel élan lors de ces trois rencontres de novembre.
La bonne nouvelle, c’est qu’Antoine Dupont est de retour. Parti vivre son aventure olympique avec l’équipe de France à 7, le demi de mêlée toulousain aura été épargné par ce genre de mal-être qui accompagne le XV de France depuis janvier. Son aura s’est développée, tout comme ses connaissances en tant que joueur. Qui d’autre que lui pour ramener la lumière et guider les pas des Bleus vers 2027 ?