Le Canada « a réglé la question » de l’avortement, déclare le juge en chef de la Cour suprême

Le Canada « a réglé la question » de l’avortement, déclare le juge en chef de la Cour suprême
Le Canada « a réglé la question » de l’avortement, déclare le juge en chef de la Cour suprême

Aux yeux du juge en chef du plus haut tribunal du pays, Richard Wagner, la légalité de l’avortement est une question réglée au Canada, preuve en est qu’aucun gouvernement n’a souhaité l’encadrer dans une loi.

“Il me semble que la société a réglé cette question il y a plusieurs années, lorsque la Cour suprême a déclaré inconstitutionnelles certaines dispositions du code pénal qui faisaient de l’avortement un délit”, a expliqué le juge Wagner lors d’un point presse lundi.

Il n’a pas voulu répondre à la question précise de savoir si un éventuel gouvernement conservateur pourrait utiliser la clause dérogatoire pour restreindre le droit à l’avortement au Canada. Cette question pourrait revenir un jour devant la Cour suprême, a indiqué le juge, qui entend trancher l’affaire à ce moment-là.

C’est la Cour suprême qui a légalisé l’avortement dans l’affaire R. c. Morgentaler, en 1988. Selon les juges, les articles du code pénal qui interdisaient l’interruption de grossesse violaient le droit de la femme à « la vie, la liberté et la sécurité », tel que garanti par la Charte canadienne des droits et libertés.

« Depuis cette époque, et cela remonte à plusieurs années, le législateur, le Parlement, n’a jamais jugé bon de légiférer sur ce sujet. Il aurait pu y avoir une loi, un peu comme on l’a fait pour l’aide médicale à mourir. Mais ils ne l’ont pas fait », explique-t-il.

« Je ne veux pas quitter mon cercle judiciaire là-bas. Mais juridiquement parlant, la question est réglée en ce qui nous concerne. On verra donc si d’autres ont l’imagination pour faire autrement. »

Au cours des dernières semaines, des élus libéraux ont accusé le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, d’avoir des intentions cachées et d’être prêt à utiliser la clause dérogatoire pour légiférer contre le droit à l’avortement. M. Poilievre a plutôt fait allusion aux policiers ce printemps à son intention d’utiliser « n’importe quel outil » à sa disposition pour renforcer les peines criminelles.

Pierre Poilievre semble pro-choix, mais il indique qu’il laisserait le droit aux élus de son parti ouvertement opposés aux interruptions de grossesse de déposer leur projet de loi d’intérêt privé. Une revue réalisée par Le devoir de ses vingt années en politique montre que le chef conservateur a déjà soutenu pas moins de cinq projets de loi critiqués comme visant à accorder un statut légal au fœtus.

La disposition dérogatoire est une façon pour les élus d’indiquer que certaines parties de la Charte canadienne des droits et libertés ne s’appliquent pas aux textes juridiques. C’est une façon de protéger les factures de certaines contestations judiciaires.

L’Ontario et le Québec ont utilisé ces dernières années la disposition dérogatoire de manière préventive, comme dans le cas de la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français. Le Bloc Québécois a également proposé la semaine dernière que le gouvernement fédéral l’utilise pour empêcher que les personnes accusées de crimes graves soient libérées grâce à l’arrêt Jordan.

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