« On s’en sort, mais c’est compliqué et ça nuit au moral »

Sur le marché de Périgueux (Dordogne), Charles Marsat, 40 ans, a toujours le sourire, quelques blagues et de bonnes recettes pour ses clients. Dans l’exploitation bio qu’il dirige depuis sept ans avec sa compagne Perrine Flahaut, à Cornille, sur un plateau situé à 200 mètres d’altitude, le maraîcher a toujours le sourire, mais plaisante moins. Ce mardi matin, Séverine Alfieri, animatrice technique en cultures maraîchères à Agrobio Périgord, qui le suit depuis trois ans, confirme. &ldquo…

Sur le marché de Périgueux (Dordogne), Charles Marsat, 40 ans, a toujours le sourire, quelques blagues et de bonnes recettes pour ses clients. Dans l’exploitation bio qu’il dirige depuis sept ans avec sa compagne Perrine Flahaut, à Cornille, sur un plateau situé à 200 mètres d’altitude, le maraîcher a toujours le sourire, mais plaisante moins. Ce mardi matin, Séverine Alfieri, animatrice technique en cultures maraîchères à Agrobio Périgord, qui le suit depuis trois ans, confirme. « Ce sont surtout les grandes cultures qui souffrent. L’année est compliquée à cause des pluies. J’ai même rencontré des maraîchers qui avaient de l’eau dans leurs serres. »


Certains plants d’aubergines n’ont pas réussi à prendre.

Hélène Rietsch

“Une catastrophe”

“C’est une catastrophe. On s’en sort, car on est en hauteur, avec des terrains drainants (1,5 hectares sur 15, une centaine de poules et un petit verger). Nous avons toujours eu des périodes de pluie, mais là, c’est la première fois. Il a plu presque continuellement depuis septembre, sans jamais d’ensoleillement suffisamment long pour assécher les sols », confirme Charles. Il est 9 heures, le maraîcher salue ses fraises, protégées par un tunnel nantais. Il est temps d’aérer pour laisser entrer les pollinisateurs.


« Voir dépérir les légumes dont on s’occupait à la pépinière, ça rend fou. Il y a plein de gens qui vont s’arrêter, ceux qui ont tout en plein champ. »

Hélène Rietsch


Les courgettes de la serre sont toujours aussi belles.

HEURE

Ici, habituellement, 300 variétés de légumes poussent toute l’année, dont plusieurs sont cultivées sous serre. « Heureusement, nous travaillons avec des tissus tissés, mais cela ne suffit pas. Regardez, nous avons une concurrence racinaire, à côté des toiles, qui maintient l’humidité. Nous tapissons tout ce que nous pouvons. Malheureusement, les carottes ne sont pas possibles. Personne n’a pu les semer en plein champ cette année. »

Les pluies font le bonheur des herbes folles et des gastéropodes se nourrissant de salades. Le maraîcher a perdu tous ses pois mange-tout, rongés par les limaces, la moitié de ses haricots et petits pois, 15 % de ses aubergines et 25 % de ses haricots. Ses salades, habituellement immenses cette saison (avril à juin), ont rétréci. Heureusement, il a pu planter des tomates et des pommes de terre sans incident. Les concombres et les aubergines s’en sortent, mais avec quelques difficultés, mildiou pour les premiers, et quelques plants ratatinés pour les secondes.

Les pieds dans l’eau

Il faut surtout se dépêcher de planter ce qui n’a pas pu l’être (poireaux, carottes, patates douces). « Nous plantons également les courgettes tardivement. Ils sont restés trop longtemps dans la pépinière», ajoute l’agriculteur. Certaines d’entre elles, splendides, s’épanouissent dans les serres, aux côtés des fleurs et de la bourrache, hôtes idéaux des pollinisateurs et des coccinelles.

« Imaginez-vous très longtemps les pieds dans l’eau. Il en va de même pour les plantes, qui vivent dans des sols saturés d’eau. ça pourrit les racines. Ils étouffent et n’ont plus d’oxygène. »

De l’eau, toujours et encore de l’eau, qui affecte le moral. « Ces pluies signifient plus de temps à la crèche, plus de travail, plus de labeur, pour finalement n’avoir rien. Cela vous rend fou. Il y a beaucoup de gens qui vont arrêter. Je connais un jeune qui a perdu 70 % de ses fruits rouges à Château-l’Évêque », ajoute Charles. « On a travaillé tout le printemps avec de gros imperméables, des chaussettes trempées, on en a marre. D’habitude, au mois de mai, on protège déjà les serres du soleil», sourit le maraîcher, qui sur ce point et ce seul point, n’a rien à faire.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Plaintes déposées après la publication de preuves identifiant trois suspects
NEXT conversation intime avec Jacques Audiard autour des musiques de ses films