« Nous ne prenons jamais de vacances, nous ne nous sentons jamais mis à rude épreuve. Mais des nouvelles comme ça, c’est fatigant« . La nouvelle en question est l’annonce du groupe Lactalis. Il y a près d’un mois, Dirk Geysen, producteur laitier à Saint-Etienne-du-Bois dans le nord de la Vendée, recevait un appel téléphonique lui annonçant la fin de sa collaboration avec l’industriel. D’ici deux ansLactalis ne collectera plus son lait à la ferme.
Deux ans de contrat, et après il faudra chercher ailleurs. Et deux ans ça passe vite, selon Dirk. “Ce n’est finalement pas grand-chose, car il nous reste à gérer les affaires agricoles. Et je ne suis pas sûr que nous trouverons un nouveau collectionneur d’ici là. Cet éleveur d’origine belge, installé depuis maintenant quatre ans à Saint-Etienne-du-Bois, produit uniquement du lait biologique avec ses 70 vaches laitières. Un marché où la concurrence est déjà très forte, et où il est difficile de se faire une place.
120 éleveurs sans contrat
La situation était donc déjà difficile pour Dirk et Hedwige, sa femme et compagne. L’annonce de Lactalis ne fait qu’assombrir l’avenir de leur exploitation et bien d’autres. “Le marché étant très tendu, il y a déjà trop de lait bio. Aucune laiterie ne nous attend. Pour certaines exploitations, ça va devenir compliqué de survivre« .
Dirk et Hedwige réfléchissent donc à la marche à suivre s’ils ne parviennent pas à trouver un nouveau partenaire dans le temps imparti. Ils pourraient même renoncer à produire du lait biologique pour revenir à une agriculture conventionnelle. La seule solution, peut-être, est de trouver une laiterie. Une décision qui serait prise à contrecœur. “C’est dur à digérer, on est déçu», concède Hedwige. “C’est notre cœur qui parle pour nous, c’est la colère qui prend le dessus. On ne sait pas où aller dans les années à venir« .
Les deux éleveurs belges sont de retour et ils ne sont pas les seuls. Au sud de la région Pays de la Loire, 120 éleveurs sont concernés aujourd’hui par une rupture de contrat avec le géant Lactalis. Breeders from Vendée, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire as well as some producers located in Deux-Sèvres. “Du jour au lendemain, certains se retrouvent lâchés comme des haillons. Et ça me fait mal au cœur“, adds Brice Guyau, president of the FDSEA of Vendée.
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La décision de Lactalis ne fait donc qu’aggraver une crise agricole déjà clairement visible. Avec météo très compliquée ces derniers moisce qui n’aide pas de nombreuses cultures et pénalise également d’autres secteurs. Plusieurs collecteurs de lait, comme Terrena et LSDH, ont annoncé pouvoir reprendre une partie des contrats cédés par Lactalis. Reste à savoir quand, comment et si tous les éleveurs pourront en bénéficier.