“Il n’y a que des gagnants”a insisté le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié au micro de TF1 après le dernier match test des séries d’automne remporté par ses hommes contre l’Argentine (37-23) vendredi au Stade de France. Succès populaire, succès sportif, cette tournée de novembre a été riche en enseignements avec des joueurs qui se sont illustrés comme Louis Bielle-Biarrey ou Paul Boudéhent et d’autres qui ont retombé dans la hiérarchie. Nous pouvons penser à Matthieu Jalibert qui a mal vécu son déclassement ou encore à certains cadres contestés et/ou épargnés par Fabien Galthié. Voici les gagnants et les perdants de cet automne.
Les gagnants
Boudehent a franchi un chapitre
Paul Boudehent fait partie de ceux qui ont marqué les esprits et pointe en vue du Tournoi des Six Nations 2025 où la France se rendra en Angleterre puis en Irlande. Remplaçant dès le premier match de la tournée de novembre contre le Japon, le troisième ligne rochelais a sagement attendu son heure, arrivée plus tôt que prévu avec la blessure de Thibaud Flament, touché à la crête iliaque. Entré en jeu peu avant la pause, il marque un doublé en seconde période qui permet aux Bleus de s’imposer largement (52-12) et qui convainc Fabien Galthié de le titulariser face aux Noirs. Toujours à l’aise lors de la victoire étriquée du XV de France (30-29) face à la Nouvelle-Zélande, il a encore été marqueur d’essais avant de réaliser une grosse prestation face aux Pumas. « La digestion du Tournoi et de la Coupe du Monde lui a permis de faire un pas en avant dans la compréhension du jeu et de sa détermination »a déclaré Fabien Galthié lors du rassemblement.
Ramos a gagné dès l’ouverture
Thomas Ramos Bien qu’il préfère jouer au poste d’arrière, il est également un excellent demi d’ouverture. Il l’a encore prouvé sur cette tournée en l’absence de son coéquipier au Stade Toulousain Romain N’Tamack. Si le choix de l’aligner comme charnière à Dupont en a irrité plus d’un, qui a fait appel à Matthieu Jalibert à la place, Thomas Ramos a rapidement fait taire les critiques sur le terrain. Il a souvent régalé ses amis comme sur ce ballon de récupération où sa passe du pied quasiment aveugle pour Louis Bielle-Biarrey a permis au XV de France de prendre les commandes du match. « Il a des yeux derrière la tête »» s’est moqué Fabien Galthié en rendant l’action. Qu’il soit titularisé en 10 ou repositionné en 15, Thomas Ramos a surtout confirmé qu’il était un redoutable buteur en passant 18 de ses 20 tentatives entre les perches, ce qui l’a rapproché d’une longueur de Christophe Lamaison (380) et Frédéric Michalak (436). Il pourrait devenir le meilleur réalisateur du XV de France lors du prochain Tournoi des Six Nations.
Bielle-Biarrey a cassé l’écran
S’il n’y en avait qu’un pour Antoine Dupont avant la tournée, à la fin de celle-ci c’est un match à l’applaudissement avec Louis Bielle-Biarrey dont la popularité n’a cessé de monter durant ce mois de novembre. Casque rouge sur la tête, vitesse de pointe impressionnante – il a été flashé à près de 35 km/h contre les Noirs –, finisseur hors pair – il a inscrit quatre essais en trois matches pour porter son total à 10 en 14 sélections… « LBB » en met autant énergie offensivement comme défensivement. Souvenez-vous de ces deux retours défensifs face au Japon alors que le match était déjà terminé : dans le premier, il utilisait sa cuisse pour empêcher son coéquipier du club de Bordeaux-Bègles, Tevita Tatafu, d’aplatir et dans le second, malgré sa rapidité et sa détermination, il était incapable de jouer à nouveau le rôle de sauveur. « Louis est en train de devenir un joueur de classe mondiale, tout simplement. Peut-être qu’il l’est déjà . Même s’il est très jeune. Il ne perd pas de temps, il comprend tout et il a un potentiel et un talent incroyables. Et il apporte beaucoup à l’équipe de France”soulignait Fabien Galthié avant le match contre l’Argentine.
Les perdants
Jalibert a mal vécu son déclassement
« Matthieu continuera en équipe de France… s’il le souhaite bien sûr. » Cette phrase prononcée en pleine conférence de presse annonçant la composition du XV de France face aux Noirs n’est pas anodine. Elle dit tout sur le malaise entre Matthieu Jalibert et le coach. Prévu pour faire partie de la réserve contre la Nouvelle-Zélande, l’ouvreur de l’UBB a demandé à revenir à Bordeaux pour se vider la tête. Un très mauvais signal envoyé, selon Fabien Galthié. « C’est son choix, chacun est libre de vivre ses émotions, de les partager. Il nous faut de la détermination, des joueurs forts. Jusqu’à présent, même si son parcours n’a pas été linéaire, il a contribué à l’équipe de France et a toujours montré son talent en donnant le meilleur de lui-même. Chacun a le choix de prendre des décisions. Parmi les 42, nous devons identifier les joueurs déterminés qui ont la capacité de traverser les bons moments comme les moments difficiles. » De ce fait, Matthieu Jalibert n’a pas été convoqué pour préparer le match face aux Pumas. Il devra abandonner pour retrouver sa place dans le groupe.
Les cadres Fickou, Alldritt et Ollivon interpellés et épargnés
« On a pris un chemin parce qu’on a constaté que les équipes championnes du monde faisaient en moyenne 50 ou 60 sélections. Mais peut-être qu’avec notre écosystème français, cette ambition n’est pas possible, pas réalisable. » Fabien Galthié a-t-il changé de logiciel ? Lors de son premier cycle à la tête des Bleus, le sélectionneur s’est laissé le temps de faire des choix forts. Lors du dernier Tournoi, il a attendu le quatrième match des Six Nations pour écarter Danty, Lucu, Woki et Jalibert. Ce système de rétrogradation-promotion était plutôt vrai d’une compétition à l’autre. Là pendant la tournée, ça arrivait d’un match à l’autre. Ollivon n’était pas dans les 23 contre le Japon. Fickou était ce soir-là sur le banc, lui qui avait débuté tous les matches depuis le début du mandat de Fabien Galthié. Autre exemple, celui d’Alldritt, qui pour la première fois depuis le Tournoi 2020 n’était pas aligné par choix face aux Pumas. Vite libérés face à la Nouvelle-Zélande, les Rochelais doivent désormais affronter la concurrence de Roumat, Gazzoti, Guillard, Ollivon et Cros. « Plus il y aura d’émulation, plus nous aurons de joueurs qui vont concourir au même poste, meilleure sera l’équipe de France »is convinced Fabien Galthié.
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Jelonch, Danty et Woki ont disparu des écrans radar
Il y a des perdants et des grands perdants. Anthony Jelonch, Jonathan Danty et Cameron Woki en font partie. Symbole de leur déclassement, ils n’ont pas joué une seule minute durant cette tournée. Anthony Jelonch, qui se remet lentement d’une grave blessure au genou subie en janvier, n’a repris la compétition que fin septembre. Il a besoin de temps pour retrouver son meilleur niveau. Un moment incontestable, Jonathan Danty a sérieusement reculé dans la hiérarchie au centre. Fickou, Moefana, Gailleton, Depoortère sont passés devant lui. Tout comme Cameron Woki dans son poste hybride de deuxième et troisième ligne. L’équipe de France a ce côté impitoyable qui fait que quand on perd sa place, il faut redoubler d’efforts pour la récupérer.