Dimanche matin, l’Association française du galop « PP » (province de Paris), qui compte 350 membres actifs, a tenu son assemblée générale à l’hippodrome d’Auteuil. De nombreux sujets ont été évoqués par les nouveaux membres du cabinet réunis autour du président Adrien Montoille, mais aussi par les figures du “PP” que sont Hubert Tassin et Jean d’Indy, comme l’avenir d’Auteuil et l’obstacle, la course au 7 novembre, les orientations du conseil d’administration… A la veille d’un important conseil d’administration du PMU, Hubert Tassin a appelé à une relance des paris hippiques à travers une nouvelle impulsion stratégique. “La situation n’est pas bonne, il ne faut pas se faire d’illusions, s’en prend à Hubert Tassin. Il y a eu un petit boom post-Covid en 2022-23 lié à un phénomène que l’on connaît très bien au PMU, à savoir les indicateurs favorables en termes de taux de chômage, d’inflation et de pouvoir d’achat qui sont dopés depuis un moment. Le budget 2024 a été élaboré sur la base d’une prolongation du résultat ajusté de 2023, avec un léger rebond qui allait se confirmer. 2024 verra un produit brut des Jeux inférieur à 2023. Nous aurons une redistribution aux sociétés de courses d’un résultat qui sera inférieur de 2, 3 voire 4 millions d’euros également en raison de la grève par rapport à l’année dernière. année (NDLR : 835 M€) et ce qui a été budgétisé (851 millions d’euros). De mon point de vue, nous ne faisons que récolter les fruits des quatre années précédentes. Quatre années durant lesquelles les choses ont beaucoup évolué sous la dernière présidence d’Edouard de Rothschild. La gouvernance du PMU a été bousculée en donnant d’abord les pleins pouvoirs à un directeur général qui était Cyril Linette et maintenant Emmanuelle Malecaze-Doublet lorsque cette dernière a été limogée. Si auparavant, comme l’espérait feu Jean-Luc Lagardère, le PMU était dirigé par un couple composé d’un président du secteur et d’un “directeur général” des services de l’État, aujourd’hui ce n’est plus un sujet d’actualité. Toutefois, cela a grandement facilité les discussions directement avec les ministres. Il y a également eu la nomination de deux administrateurs indépendants, ce qui pose question dans le cadre d’un « GIE » (Groupement d’Intérêt Economique). Le drame, c’est que des erreurs stratégiques ont été commises. Cela peut arriver, mais encore faut-il savoir comment les corriger. Cyril Linette a suivi une intuition qui était de réduire le nombre de courses. Cependant, au bout d’un an et demi, lorsque nous avons réalisé que c’était mortel, cela n’a pas été corrigé. Nous sommes arrivés au licenciement de M. Linette concernant la question du bâtiment commun Thémis, mais sa politique n’a pas été modifiée. Emmanuelle Malecaze-Doublet, son adjointe, a alors été désignée pour prendre la relève, estimant que la stratégie consistant à baisser l’offre était la bonne malgré les chiffres démontrant qu’il s’agissait d’une erreur. La réforme Quinté+ est aussi un semi-échec.”
“Le problème selon moi, c’est que la direction ne croit pas aux paris hippiques, même si elle n’est pas ruinée, spiega Hubert Tassin. Cela dit, les choses peuvent changer. Enfin… Il faut absolument que la stratégie évolue, le problème c’est que le Trot et le Galop communiquent actuellement très mal entre eux avec des tensions qui se sont cristallisées autour de la question du partage des ressources 50-50.»
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Jean d’Indy : “C’est à nous, autres associations, de tirer la sonnette d’alarme”
De son côté, l’ancien président du Jumping avant Frédéric Landon et Jacques Détré, Jean d’Indy, a fait part de ses inquiétudes sur la capacité du trot et du galop à ramer actuellement dans le même sens, celui de la croissance : « L’ambiance du Comité France Galop en 2024 est extrêmement agréable et conviviale, mais je n’ai pas le sentiment qu’il y ait de vrais débats de fond sur l’avenir de l’institution et la façon dont nous pouvons faire face à la crise que nous traversons. Il y a eu de nombreuses consultations, mais le temps passe et un mandat présidentiel dure 4 ans ; Cela fait déjà presque un an derrière nous. Le plan stratégique de France Galop se limite pour l’instant aux propriétaires : aucun itinéraire ne passe par le PMU. Des ressources importantes sont également nécessaires pour mettre en œuvre les stratégies. Je repars de cette année passée au sein du Comité France Galop avec beaucoup d’inquiétudes. Au manque de confort budgétaire s’ajoute un point sur la qualité des échanges trot-galop. Si aujourd’hui les deux actionnaires majoritaires du PMU ne s’entendent pas même s’ils occupent des bureaux l’un en face de l’autre, comment pourront-ils changer la direction du PMU ou lui imposer une nouvelle stratégie ?
Deux exemples m’ont beaucoup choqué cette année. Les trois établissements ont embauché des cadres supérieurs, sauf que chacun l’a fait dans son coin, sans coordination pour voir ce qui pouvait être partagé au niveau des fonctions supports. C’était également la perspective avec l’achat de la co-immeuble Thémis racing. Il n’y a clairement aucune volonté de mutualiser des services comme l’informatique.
Dernier élément qui paraît anecdotique, mais qui est très révélateur des relations entre trot et galop. Dimanche dernier encore, nous avions le meeting du Prix La Haye Jousselin en face du meeting du Prix de Bretagne. Mais franchement, aurions-nous fait la même chose avec le Prix du Jockey-Club ? Non, ce choix est fait parce qu’il constitue un obstacle ; Le PMU n’a jamais voulu se concentrer sur la relance des enjeux de cette discipline. On marche à l’envers si le trot et le galop ne font pas bon ménage pour les meetings parisiens, où va-t-on ? C’est absolument absurde. Lorsque nous signalons des choses qui ne vont pas, nous avons facilement tendance à répondre que tout va bien. Non, ce n’est pas vrai, si les compétitions continuent ainsi, elles vont se heurter au mur et c’est à nous, les autres associations, de tirer la sonnette d’alarme.”
Chaleureusement remerciés, les donateurs ont permis aux membres du « PP » de gagner une quarantaine de couvertures, dont une pour les personnes présentes principalement à l’« AG ».