Par
Inès Cussac
Publié le
24 novembre 2024 à 6h06
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« Allez les enfants, on s’accroche ! » Je sais que ce n’est pas facile à déchiffrer au début. » Entre deux respirations, Émilie Fleury n’hésite pas à couper les mélodies pour rattraper les élèves perdu dans leurs scores. Le chef du Chœur d’Enfants et de l’Ensemble Jeunes, de la Maîtrise Notre-Dame de Paris, prépare ces chœurs d’enfants et d’adolescents à la cérémonie de réouverture de la cathédrale. Samedi 7 et dimanche 8 décembre 2024, ils se retrouveront dans le monument, devant un parterre de chefs d’État, d’artistes, de personnalités religieuses et quelques millions de spectateurs, pour faire résonner à nouveau l’âme de Notre-Dame. Dame.
Un emploi du temps « extrêmement » chargé
Ce mercredi après-midi, deux semaines avant la cérémonie, la trentaine d’élèves assis face au chef de chœur répètent le programme musical à vitesse folle. « Tac, tac… C’est bon. Ça aussi… » glisse Émilie Fleury en faisant défiler les feuilles blanches barrées de traits noirs. Parce que le temps presse. « Le planning est extrêmement chargé, on a beaucoup de partitions à monter, résume-t-elle. « Nous sommes encore en début d’année donc pour les nouveaux et les petits, cela demande un gros investissement. Il y a beaucoup de partitions et de musiques à assimiler très rapidement. »
Henri Chalet, directeur et chef de chœur principal de la Maîtrise Notre-Dame de Paris, le reconnaît également : « C’est très pressé mais il y a aussi beaucoup de pression. » Les élèves, âgés de 8 à 18 ans, fréquentent tous l’école avec des horaires flexibles afin de chanter au moins 12 heures par semaine. De quoi s’entraîner dur avant de regagner la cathédrale.
Certains, trop jeunes, n’y ont jamais mis les pieds. Mais d’autres attendent rentrer « à la maison » avec impatience. « Je suis arrivé exactement l’année où il a brûlé, je n’ai pu en profiter qu’un an. Donc je suis très heureuse d’y retourner et de chanter», s’enthousiasme Nora, 16 ans, sous ses cheveux coupés.
Redécouvrez le lieu, la magie des lieux, la spiritualité des lieux… Que l’on soit croyant ou non, il se passe quelque chose en plus lorsqu’on vient à Notre-Dame. Ce n’est pas une pièce comme les autres. Il y a une vie supplémentaire, il y a une âme. La maîtrise fait partie de cette âme vivante : nous sommes une pierre vivante de la cathédrale.
De nombreux imprévus s’ajoutent également à la charge de travail déjà lourde des chefs de chœur et des choristes. « Nous nous entraînons depuis la rentrée. De nombreuses chansons sont encore ajoutées. Pour certains, c’est moins de dix minutes ! » confie Émilie Fleury. Derrière ses lunettes tombant sur son nez d’adolescente, Bertille confirme : « On a l’habitude de faire de nouveaux programmes mais là, je ne sais pas si on a jamais eu autant de partitions à travailler en même temps. […]. On passe notre temps à déchiffrer donc c’est un peu dur. Il faut s’accrocher.»
« Une pierre vivante de la cathédrale »
Lors de la restauration et du nettoyage de la cathédrale, touchée en 2019 par un incendie majeur, les voix du Maître ont été retrouvées « orphelins » . Obligé de chanter « hors les murs ». « Il a fallu se réinventer pendant cinq ans, le temps que les travaux soient terminés. Nous avons déjà la chance que cela ne dure que cinq ans», insiste Henri Chalet. « Le défi pour nous était de maintenir tout le savoir-faire, pour pouvoir être prêts à la réouverture. »
Pour apprendre, il faut forcément répéter, répéter, répéter. Les chansons les plus importantes, nous les ferons tous les jours. Après, il y a un peu de travail personnel, à nous aussi de retravailler, de réécouter…
Durant les travaux, les répétitions avaient toujours lieu dans le bâtiment du boulevard Saint-Germain à Paris (5e), murée d’échafaudages et jouxtant l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Les concerts se déroulaient dans des bâtiments et des salles tous plus différents les uns des autres. « Là, il y aura la spécificité de acoustique de Notre-Dame qu’il va falloir se réapproprier et apprivoiser au plus vite », prévient le chef principal du chœur.
Ouverture des portes, réveil du grand orgue, consécration du nouvel autel… Les chanteurs aux aurores bleues multipliera les performances tout au long des événements, prestations et représentations de la saison 2024-2025. « Il va y avoir beaucoup de concerts, il faut les préparer longtemps à l’avance car ce seront de grosses programmations. Nous n’avons jamais eu ça », note Nora. “Pour les débutants, ça doit être compliquéarriver l’année de la réouverture, c’est un moment très important. Ils doivent être un peu « qu’est-ce qui se passe ? ! Tout s’enchaîne !”, ironise la jeune fille.
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