en Charente, comment les ambitions natalistes se heurtent aux réalités du désert médical

en Charente, comment les ambitions natalistes se heurtent aux réalités du désert médical
en Charente, comment les ambitions natalistes se heurtent aux réalités du désert médical

La rédaction vous conseille

En Charente, les femmes et les couples ayant eu recours à la PMA (procréation médicalement assistée) parlent souvent du temps long, de la distance, dans un département singulièrement mal équipé en la matière. La réalité d’un désert médical qui semble actuellement se heurter aux ambitions natalistes du plan de fertilité présenté il y a quelques semaines par le président Emmanuel Macron. Et qui, dans ses grandes lignes, entend améliorer l’accès à la PMA et généraliser les contrôles de fertilité dès 20 ans.

Une volonté politique qui entend endiguer un effondrement des naissances en France. En Charente, entre 2010 et 2023, le nombre annuel de naissances est passé de 3 561 à 2 830, soit une baisse de 20 % selon l’Insee. L’accès à la PMA révèle une lacune dans un département qui a « toujours eu des demandes fortes en la matière, à l’image de la tendance nationale », constate Titia Ndiaye, gynécologue obstétricienne clinicienne au centre clinique de Soyaux depuis 2013 et spécialiste PMA. Dans le même temps, le nombre de gynécologues dans le département continue de diminuer, entraînant une situation quasi « catastrophique », observe Catherine Monceyron, présidente du Conseil de l’Ordre des sages-femmes 16.


Dr Titia Ndiaye, dans son cabinet au centre clinique de Soyaux.

CL

Aujourd’hui, seuls les couples hétérosexuels présentant des « problèmes mineurs de fertilité » sont pris en charge dans le département. En effet, les procédures d’insémination ne sont réalisées qu’au centre clinique de Soyaux, le département restant « l’un des rares en France » à ne pas disposer de centre de FIV (fécondation in vitro).

Entre 150 et 200 inséminations par an

Chez PMA, vous avez jusqu’à trois rendez-vous par semaine.

Assise dans son bureau, un mur fleuri d’avis de naissance à ses côtés, le Dr Titia Ndiaye transporte ces dossiers PMA, entourée de ses équipes et du laboratoire agréé rattaché à la clinique. Seul gynécologue clinicien de l’établissement, « nous étions cinq fois plus nombreux il y a dix ans ».

En Charente, la demande a augmenté, comme partout en France, grâce aux lois bioéthiques qui ont élargi son accès. Aujourd’hui, le docteur Ndiaye réalise entre 150 et 200 inséminations (acte le plus simple de la PMA) en clinique, avec des résultats « un peu supérieurs à la moyenne nationale ». Mais il y a aussi un suivi, en termes de constitution de dossiers, de prises de sang, d’échographies qui peuvent être réalisées en Charente pour les femmes et les couples qui réalisent une FIV hors département : « entre 10 et 15 dossiers par mois. » Concernant le déménagement dans les centres de FIV, « nous avons la chance d’être à égale distance de Bordeaux, La Rochelle, Poitiers, Limoges et Périgueux ».

Pour la congélation des ovocytes, que souhaite favoriser le plan de fertilité, les Charentaises doivent se tourner vers les Cecos, les centres d’étude et de conservation des ovules et du sperme humain, situés à Limoges, Poitiers et Bordeaux pour les plus proches.

« PMA des villes, PMA des champs »

Quant à l’hôpital d’Angoulême, les soins y sont limités à des « consultations avancées en médecine reproductive » comprenant « des bilans d’exploration de l’infertilité et la réalisation d’examens associés ».

Concernant les contrôles de fertilité, « qui ont tout leur sens car en matière de prévention, en Charente, on ne les réalise pas », regrette le Dr Titia N’Diaye pour qui « il faut plus de moyens humains ». Pour Estelle Dautry, journaliste et co-auteure d’un livre sur l’infertilité (1)“A 20 ans, on a encore rarement un projet d’enfant”, ajoutant que “30% des couples ont une stérilité inexpliquée”. Et de relever également « les inégalités des territoires » à travers « une PMA des villes et une PMA des champs ». « Quand on est en PMA, on peut avoir jusqu’à trois rendez-vous par semaine au centre de suivi. S’il s’agit d’un trajet de deux heures, il est facile de comprendre les difficultés. Nous avons besoin de centres locaux de procréation assistée, mais pour cela, il en manque des millions. »

(1) Génération stérile ? : de la détresse aux affaires, enquête sur un tabou (Éditions Autre, 2022).

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV « Tout ce dont nous avions rêvé pour Orléans l’année dernière s’est réalisé » – .
NEXT Zéro accord à une semaine d’une réunion vitale