Une Palme surprise, un lot de consolation et une grande première… Que retenir des lauréats de Cannes 2024 ? – .

Une Palme surprise, un lot de consolation et une grande première… Que retenir des lauréats de Cannes 2024 ? – .
Une Palme surprise, un lot de consolation et une grande première… Que retenir des lauréats de Cannes 2024 ? – .

La 77e édition du Festival de Cannes s’est terminée samedi avec un palmarès qui a étonné les observateurs.

Palme d’Or, « Anora » de l’Américain Sean Baker a volé la vedette aux favoris de - durant la quinzaine.

Un choix qui donne le sentiment que le jury présidé par Greta Gerwig était insensible aux influences extérieures.

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A Cannes, il ne faut jamais se fier aux pronostics. Alors que la Croisette prédisait la victoire deÉmilie Pérez par Jacques Audiard en fin de première semaine, puis s’installe à la deuxième place en finale tout droit derrière Graines de figues sauvages par Mohammad Rasoulof, c’est Anora de Sean Baker qui a remporté la Palme d’Or au 77ème Festival de Cannes. Pas tout à fait une surprise puisque le huitième long métrage de ce cinéaste américain indépendant de 53 ans a été très applaudi lors de ses différentes projections en pleine quinzaine.

Pendant longtemps, cette comédie douce-amère qui dépeint les déboires d’une jeune travailleuse du sexe de Manhattan a tenu notre meilleure moyenne parmi les critiques internationales. Plus classique dans la forme que l’Audiard, moins politique que le Rasoulof dans la forme, Anora est-ce un film mineur ? Le temps nous le dira. Le plus fédérateur ? Sans doute, à entendre les explications de Greta Gerwig en conférence de presse.

Il y avait quelque chose de véridique et d’inattendu dans chacune des interprétations

Greta Gerwig dans “Anora”

Nous avons été collectivement transportés et émus par ce film», a expliqué le réalisateur américain de Barbie. “Cela nous a semblé à la fois nouveau et en conversation avec des formes de cinéma plus anciennes. Qu’il y avait quelque chose qui nous rappelait les structures classiques d’Ernst Lubitsch ou d’Howard Hawks. Et qu’il y avait quelque chose de véridique et d’inattendu dans chacune des interprétations. Tous ces visages étaient inoubliables

Devoir de réserve oblige, on n’en saura pas plus. Mais le choix de la Palme d’or donne le sentiment que, tels les jurés d’un grand procès, Greta, Omar, Eva et les autres ont vécu la quinzaine isolés de toute influence extérieure. Qu’ils jugeaient le cinéma, rien que le cinéma. Et que c’était l’un des films les plus drôles de la compétition qui leur a permis de finalement se mettre d’accord, au-delà des milieux et des cultures.

Rasoulof dans une catégorie à part

Le prix spécial décerné à Mohammad Rasoulof doit-il être considéré comme un lot de consolation ? Oui et non. D’un côté, le jury semble avoir raté l’histoire en refusant la Palme à un cinéaste qui a risqué sa vie en réalisant Graines de figues sauvages, véritable réquisitoire contre le régime de Téhéran, fuyant alors son pays pour échapper à la prison. En revanche, cela souligne le caractère unique d’une œuvre qui ne rentrait pas dans la même catégorie que les autres.

Les prix d’interprétation sont moins débattus. Si Sébastien L’apprenti ou Ben Whishaw dans Limonov aurait mérité de gagner chez les garçons, confirme Jesse Plemons dans Sortes de gentillesse de Yorgos Lanthimos qu’il est l’un des talents les plus étonnants du cinéma américain actuel, tour à tour étrange, ordinaire et inquiétant. Et c’est certainement la première fois qu’un acteur est récompensé pour trois rôles différents dans un même film !

Audiard, en route vers les Oscars ?

Mais ce qui ne fait aucun doute, c’est que l’Espagnole Karla Sofia Gascon est la première actrice transgenre récompensée à Cannes. Le jury a sans aucun doute vu le symbole. Mais en lui donnant la priorité avec ses partenaires Adriana Paz, Zoe Saldana et Selena Gomez pour Émilie Pérez de Jacques Audiard, il est resté imperméable à l’air du temps, préférant mettre en avant le talent collectif au service de cette comédie musicale hors du commun.

Six ans plus tard Dheepan, Jacques Audiard repart donc avec le prix du jury alors que beaucoup le voyaient déjà ranger une deuxième Palme dans le placard du salon. Il nous a semblé que le règlement interdisait le cumul des prix mais ce petit écart, s’il est avéré, se démarque au vu de l’énergie audacieuse et créatrice de ses Émilie Pérez, dont on imagine déjà attaquer les prochains Césars. Et sans aucun doute représenter la France aux Oscars. Cependant…

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Cinéaste peu connu du grand public, le Portugais Miguel Gomes bénéficie d’une mise en lumière sans précédent grâce au Prix de la mise en scène décerné à son ambitieux grande tournée. Mais on ne peut s’empêcher de penser que le jury s’est trompé de prix en distinguant le scénario de La substance alors que c’est bien l’étonnante réalisation de la Française Coralie Fargeat qui donne toute son ampleur à cette satire ultra-violente du culte de la beauté, toujours aussi vivace sur la Croisette. La palme du punk, certainement.


Jérôme VERMELIN à Cannes

 
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