Sociologue spécialiste des questions de sexualité dans l’Église, Céline Béraud a été nommée, par le mouvement Emmaüs, présidente de la commission d’étude sur les violences sexuelles commises par l’abbé Pierre. Directrice de recherche à l’École des hautes études en sciences sociales, elle est l’auteur de l’ouvrage Le catholicisme français à l’épreuve des scandales sexuelspublié aux éditions Seuil en 2021. Entretien.
Quelle est votre mission ?
Comprendre les mécanismes institutionnels qui, pendant des décennies, ont produit le silence. Pourquoi les victimes des violences sexuelles de l’abbé Pierre n’ont-elles pas pu s’exprimer ou ont-elles vu leur parole étouffée ? Et pourquoi ceux qui savaient n’ont rien révélé publiquement, laissant le prêtre poursuivre ses méfaits pendant des décennies. Il s’agit malheureusement d’une mission assez classique dans un contexte de scandales sexuels à répétition.
Quelle est la particularité de l’affaire de l’abbé Pierre ?
Elle est au carrefour de plusieurs institutions : l’Église, le mouvement Emmaüs, mais aussi des partis politiques comme le Parti communiste semble-t-il. L’abbé Pierre était partout respecté pour sa lutte contre l’exclusion.
Comment cette affaire s’inscrit-elle dans le contexte actuel ?
C’est une sorte de #MeToo catholique. Elle s’inscrit dans la longue série de révélations d’agressions sexuelles et de crimes commis dans l’Église. Chaque nouvelle affaire (Preynat, les frères Philippe, Jean Vanier, etc.) réactive ce scandale propre à l’Église catholique, qui a véritablement éclaté en France fin 2018….
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