un village vient en aide à un couple du Lot

un village vient en aide à un couple du Lot
un village vient en aide à un couple du Lot

l’essentiel
Jeudi 2 mai, les frères Benniks, à la tête de la boulangerie Cajarc, ont été interpellés pour trafic de drogue. Ils viennent de racheter la boulangerie de Marcilhac-sur-Célé, laissant le couple gérant sur le carreau. Les villageois se sont mobilisés pour sauver leur boulangerie.

Ils sont tirés d’affaire. À Marcilhac-sur-Célé, qui aurait cru que Christophe et Eunice Barillet achèteraient enfin leur propre boulangerie après avoir jeté l’éponge ? Personne. Car, dans ce petit village aux rosiers grimpants sur les murs de pierre, personne n’aurait pu imaginer une telle mésaventure. Les ennuis commencent en 2020. Christophe, le boulanger, s’effondre avec ses sacs de farine dans les bras. A l’hôpital, le médecin parle d’une “micro crise cardiaque”. Le commerçant doit être opéré, il est dans un état grave, il ne sait même pas s’il veut s’en sortir.

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Pendant six mois, Eunice, sa femme, tenait la boulangerie mais il était impossible de faire du pain, elle ne savait pas le faire. Les frères Benniks, à la tête de la boulangerie Cajarc, lui viennent en aide. « Ils m’aident de tout cœur en me fournissant du pain pendant les six mois d’inactivité de mon mari. Ils sont très sérieux, très vaillants aussi. Quand j’arrive à 5 heures du matin, ils travaillent déjà dur d’un pied à l’autre. Je les ai vu charger le camion pour livrer Ratier à Figeac », se souvient Eunice. A son tour, elle leur livrera ses pâtisseries quand ils en auront besoin. Un échange de bonnes pratiques, en somme.

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Une collaboration et une entente s’établissent entre les deux boulangeries. Christophe, qui a pu reprendre le travail, n’a pas l’esprit tranquille : il a peur que son aorte mécanique tombe en panne, que son corps s’épuise. Ajouté à cela l’explosion du coût de l’électricité et du gaz, non, vraiment, les Barillet n’en peuvent plus. D’ailleurs, à la banque, la dette augmente pour atteindre 10 000 euros. « Nous n’y parvenions plus. Nous sommes passés d’une facture de gaz de 500 euros au début, en 2015, à 1 500 euros. L’hiver a été trop calme, on n’a compté que 2 000 euros de chiffre d’affaires en février », raconte Eunice. Alors, l’année dernière, le couple s’est résigné et a décidé de vendre l’entreprise.

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Naturellement, ils se tournent vers les frères Benniks qui acceptent l’offre. La boulangerie est estimée à 74 000 euros par la Chambre des métiers. Les Lotois demandent 50 000 euros aux frères Benniks. Les deux couples se serrent la main et signent l’entrée en jouissance de la propriété en attendant l’acte définitif de vente, mardi 14 mai. Celui-ci n’aura jamais lieu : jeudi 2 mai, les frères Bennicks ont été interpellés lors de la perquisition de leur boulangerie. Ils sont alors mis en examen pour trafic de drogue, exercice de travaux dissimulés, blanchiment d’argent et défaut de justification de ressources.

Les habitants collectent 4 305 euros pour aider les boulangers

Les barillets sonnent. Trois semaines plus tard, ils n’y croient toujours pas. «Je les respecte beaucoup, tout était en ordre, même les factures», raconte la boulangère, les larmes aux yeux. Pour eux, c’est forcément « mauvaise compagnie ». Une partie de leur matériel comme des tables et des moules à pâtisserie est déjà partie à Cajarc. Depuis, ils ont été rapatriés par la famille des frères Benniks.

Quoi qu’il en soit, la vente est annulée et le couple de boulangers n’a d’autre choix que de se mettre en liquidation judiciaire. Sauf que les villageois en ont décidé autrement. Le lundi suivant l’arrestation, Sandra Zographos, conseillère municipale, a mis en ligne une collecte de fonds sur Leetchi pour aider les boulangers. En quelques jours, 4 305 euros ont été atteints, dépassant l’objectif de 2 000 euros.

Dans la petite commune de 176 habitants qui compte plus de la moitié de résidences secondaires, isolée dans cette vallée du saucisson, la solidarité dépasse toutes les attentes. “J’ai été très agréablement surpris et très fier de cette mobilisation, les riverains sont conscients qu’une entreprise dans un secteur aussi oublié que le nôtre est indispensable”, raconte Jean-Paul Mignat, le maire, en achetant sa baguette ce mercredi matin. Dans la boîte aux lettres du dossier, le couple a récupéré des chèques de 200 euros, 250 euros et 500 euros. Un cadeau inattendu. Et une motivation retrouvée. Ils ont pu rouvrir la boulangerie vendredi 17 mai. « Nous avons ré-libéré les fournisseurs et embauché un salarié pour la saison » confie Eunice, toujours très émue par tant de « reconnaissance ». Les voici de nouveau au four et au moulin. Sans regret.

 
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