« Minuit moins une minute après l’effondrement du système de soins aux personnes âgées », déclare le médecin

« Minuit moins une minute après l’effondrement du système de soins aux personnes âgées », déclare le médecin
« Minuit moins une minute après l’effondrement du système de soins aux personnes âgées », déclare le médecin

QUÉBEC — Une coalition d’organismes réclame que les CLSC soient ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, comme principale porte d’entrée pour les personnes âgées nécessitant des services à domicile.

C’est l’une des propositions qui ont émergé d’une rencontre nationale sur le maintien à domicile qui s’est tenue mercredi à Québec.

Les services de maintien à domicile vont des services d’aide ménagère au baby-sitting, en passant par le dépannage, la nutrition, les tâches familiales, les soins personnels, etc.

Actuellement, seule une minorité de personnes âgées ont un accès complet à tous les services à domicile dont elles ont besoin et le commissaire à la santé et au bien-être social a conclu que les résultats du système actuel sont « inquiétants » : il ne répond qu’à 10,7 % des besoins en heures de soutien.

Toutefois, la Coalition pour la dignité des aînés, qui a organisé la Rencontre de mercredi, réclame l’adoption d’une loi-cadre reconnaissant le droit à un logement abordable et adapté, ainsi que le droit d’accéder aux services à domicile. – qui obligerait l’État à fournir des services à tous.

Cependant, la coalition a abandonné l’une des recommandations proposées en raison de dissensions, à savoir le versement d’une « allocation d’autonomie » aux personnes âgées de 65 ans et plus afin qu’elles puissent obtenir toutes sortes de services assurant leur maintien à domicile.

Cela ressemble à l’assurance d’autonomie que le gouvernement péquiste de Pauline Marois voulait mettre en place en 2013.

Dans son discours matinal devant les participants, la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, a indiqué que moins de personnes âgées attendent désormais pour obtenir des services de maintien à domicile, mais qu’il sera impossible d’éliminer la liste d’attente.

«Le ministre abandonne», a déploré le député péquiste Joël Arseneau, présent aux délibérations en fin de journée, en entrevue à La Presse canadienne.

La députée libérale Linda Caron, qui représentait son parti au Rendez-vous, a pour sa part affirmé qu’elle devait consulter ses collègues pour savoir si le PLQ endosserait une loi qui reconnaîtrait le droit aux services à domicile.

Elle s’interroge sur la faisabilité de CLSC ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Liste d’attente

Dans son discours, Sonia Bélanger a indiqué que la liste d’attente qui était de 21 000 personnes l’an dernier a été réduite à 16 500 personnes au 31 mars.

Mais nous sommes encore au-dessus des chiffres d’avant la pandémie. Le nombre de personnes en attente d’un premier service est passé de 13 250 au 31 mars 2019 à 17 226 au 31 mars 2022.

Nous sommes donc encore loin d’un service universel offert à toutes les personnes âgées, comme le recommande le commissaire à la santé et à la protection sociale.

«Il ne s’agira pas de ramener (la liste d’attente) à zéro d’ici un an, c’est impossible de faire ça», a déclaré le ministre en entrevue à La Presse Canadienne.

“Il y aura toujours une liste d’attente car il y a toujours des gens qui s’inscrivent chaque jour.”

« Effondrement du système »

Lors d’une présentation matinale, un médecin ayant 40 ans de pratique en soins à domicile a tiré la sonnette d’alarme. D’ici 2030, le Québec passera du 15e au 6e rang mondial pour la proportion de personnes âgées de 85 ans et plus, a-t-elle souligné.

« Il est temps de dire les vraies choses, nous sommes minuit moins une minute avant un effondrement du système de soins aux personnes âgées », constate la Dre Geneviève Dechêne, pionnière des soins à domicile.

Le Dr Dechêne a conclu que le Québec se dirige droit dans le mur parce qu’il se situe « en queue de peloton » au sein de l’OCDE en termes d’investissement dans les soins et le maintien à domicile.

Cela s’explique notamment par le fait que les syndicats de médecins et l’Ordre des infirmières ont « trop de pouvoir » et imposent une vision centrée sur « l’hôpital », un « mot magique » pour les politiques, a-t-elle déploré.

Et il y a aussi la « pensée magique » des baby-boomers qui ont trop peur pour penser à la perte d’autonomie qui survient en moyenne 6 à 8 ans avant le décès.

Selon elle, il n’existe pas de véritables services de santé dans les milieux de vie, les résidences privées pour aînés ou les ressources intermédiaires, pour assurer l’autonomie et le maintien à domicile des aînés.

« Ne soyez pas surpris que nos salles d’urgence débordent de ces patients », a-t-elle souligné, alors que dans d’autres pays, médecins et infirmières assurent des services à domicile.

Pas moins de 90 % des Québécois n’ont pas accès à des services médicaux à domicile, et « c’est là que réside le problème », poursuit-elle.

Un personnage « universel »

La commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, qui a dressé un bilan inquiétant du système de maintien à domicile au Québec en début d’année, estime néanmoins que chacun devrait avoir accès aux services s’il en a besoin – comme les soins de santé, qui est universelle.

“Le caractère universel (du maintien à domicile) n’est pas négociable dans notre société, donc oui, c’est un principe qui est important parce qu’il est important pour notre population, je pense qu’il est très clair”, a soutenu le sous-commissaire à l’évaluation. et scientifique principal de l’organisme, Georges-Charles Thiebaut, en entrevue avec La Presse Canadienne.

« Si nous voulons préserver une société juste qui assure la protection de l’ensemble de sa population, c’est absolument essentiel. »

Mardi, le Parti libéral a appelé à un débat public sur l’universalité du maintien à domicile.

«Pour la perte d’autonomie, le régime universel est plus flou», reconnaît Philippe Voyer, professeur titulaire à la Faculté des sciences infirmières de l’Université Laval.

« Pendant qu’on discute, il y a des gens qui attendent des services », a déploré le directeur général du Réseau de coopération des entreprises d’économie sociale en aide à domicile, J. Benoît Caron.

«Je suis en urgence!» il a dit.

En 2023, le système ne répondait qu’à 10,7 % des besoins de maintien à domicile, a déclaré le commissaire à la santé et au bien-être social : il a fourni 25,4 millions d’heures de services, alors que 234 millions d’heures étaient nécessaires.

Mme Bélanger a toutefois indiqué que 37 millions d’heures de services ont été dispensées au cours de la dernière année.

« Situation préoccupante »

Dans son rapport, la commissaire à la santé et au bien-être a déclaré que « la situation actuelle est préoccupante » et qu’elle « met en danger la viabilité des services pour l’avenir ».

Le ministre avait remis en question la méthodologie du commissaire.

« L’écosystème québécois du maintien à domicile s’est développé à une autre époque. Aujourd’hui, il ne répond plus aux besoins de la population et il est inadapté aux besoins futurs », peut-on lire.

« L’accessibilité est la dimension la plus problématique des services de maintien à domicile », a souligné le commissaire.

Le système coûte actuellement 7,6 milliards de dollars par an, mais en 2040, il coûtera 16,5 milliards de dollars, soit 8,9 milliards de dollars de plus par an.

Toutefois, il coûte bien moins cher de fournir des services de maintien à domicile que de fournir un hébergement pour cause de perte d’autonomie.

Dans le rapport, on peut lire que pour l’année 2023, « le coût annuel moyen de fonctionnement d’une personne recevant des services de maintien à domicile (domicile ou résidence pour personnes âgées) est estimé à 13 900 $. Ce coût varie de 67 400 $ à 96 800 $ pour une personne en hébergement, selon le type d’hébergement (ressources intermédiaires-ressources de type familial et CHSLD).

 
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