Les réseaux français et anglais de la SRC ont l’obligation de se repenser

Les réseaux français et anglais de la SRC ont l’obligation de se repenser
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J’ai reçu la nouvelle d’abord avec un peu d’incrédulité, puis avec espoir et enthousiasme. Finalement, les deux solitudes que forment depuis trop longtemps les réseaux français et anglais (CBC/Radio-Canada) de la Société Radio-Canada (SRC) allaient envisager des scénarios de coopération sans compromettre la mission fondamentale du groupe, ni celles plus spécifique aux deux. Et soyons francs, cette coopération ne peut être uniquement managériale ou technique dans le seul but de réaliser des gains d’efficacité. Elle doit aussi réussir à atténuer la résistance des silos qui empêchent toute alliance créative de contenus, finalement bénéfique à chaque chaîne.

Il suffit de regarder à travers le monde pour se rendre compte que le Canada accuse un retard important dans l’application de mesures concrètes et efficaces face au rouleau compresseur des géants du numérique. La révolution Netflix, qui a renversé en un clin d’œil deux tabous résistants d’Internet : les gens qui y adhèrent ne veulent pas payer un centime pour les contenus qu’ils consomment et la distribution des contenus audiovisuels reste soumise à des contraintes territoriales. .

Au dernier décompte, Netflix comptait 270 millions d’abonnés payants dans le monde. L’entreprise aura 17 ans le 29 août prochain, et son tronc semble plus solide que jamais au cœur de la forêt qu’elle a générée. Au Canada, les revenus d’abonnement accumulés par les plateformes numériques étaient encore en hausse en début d’année, et tout indique que les consommateurs restent attirés par leur offre. Le dernier rapport du groupe de recherche Convergence, publié fin mars, n’augure rien de bon. Partout au pays, y compris au Québec, les gens ont continué en 2023 à se désabonner de la télévision traditionnelle distribuée par câble ou par satellite, au profit des géants du numérique, dont les revenus ont augmenté de 14 %.

Dans ce contexte, les partisans du statu quo et de l’inaction doivent changer d’avis. Déjà en crise avec l’arrivée de Netflix, le système de radiodiffusion canadien est aujourd’hui au bord de l’effondrement. On l’a vu récemment avec les mises à pied au sein des deux groupes de radiodiffusion privés, TVA et Bell Média. Leurs cris d’alarme ne sont malheureusement pas suffisamment entendus dans les bureaux de l’autorité de régulation. Et la solution préconisée par le gouvernement fédéral pour remettre de l’ordre dans le système se concentre sur la soumission des plateformes numériques à de nouvelles contraintes réglementaires, plutôt que sur une mise à niveau et une modernisation des réglementations existantes visant à instaurer de nouvelles règles du jeu équitables pour les services canadiens, fondateurs de la radiodiffusion. système.

Il faut cependant équilibrer les malheurs qui menacent encore le système canadien avec les multiples hésitations du gouvernement à agir concrètement. Avec clairvoyance, Mélanie Joly n’a pas hésité, en 2017, à prendre l’initiative d’une entente avec Netflix, définissant ainsi un premier niveau de contribution à l’internationalisation des contenus canadiens. Le barrage de Québec a bouleversé l’accord. Bien sûr, rien n’était parfait, et le ministre a reconnu des années plus tard des « erreurs de gestion », notamment en termes de communication, dirais-je. Le Canada a perdu l’avantage du temps à cause de cette initiative imparfaite mais pertinente. L’élaboration d’une solution législative et contraignante a mis des années à être mise en place, et elle n’est toujours pas en vigueur. L’adage « il n’est jamais trop tard » va devoir repousser un peu ses limites.

Mais revenons à CBC/Radio-Canada. Comment la marque Radio-Canada s’est-elle diluée dans la sphère numérique avec deux plateformes concurrentes, tou.tv et CBC Gem ? Entre-temps, Bell Média a regroupé les offres de contenu de ses deux principales chaînes, CTV et Noovo, en une seule plateforme offrant des programmes en français et en anglais. Si vous discutez avec les dirigeants de ces deux chaînes, ils vous diront sans hésiter que le succès de la renaissance de Noovo est attribuable à l’innovation, l’audace et la créativité de sa direction, mais tout autant à la présence de la plateforme numérique Crave dans son pli.

Que cela nous plaise ou non, CBC et Radio-Canada ont aujourd’hui l’obligation de se repenser et de corriger la tangente historique de leurs relations stériles et infructueuses. Sans transiger sur les missions spécifiques de l’un ou plus clairement déshabiller l’un pour mieux habiller l’autre. Si des chaînes publiques aussi fortes que ZDF (Allemagne), RAI (Italie) et France TV ont ressenti le besoin d’unir leurs forces en 2018 pour mener une contre-offensive contre l’envahisseur numérique, je ne comprends pas que deux chaînes linguistiques au sein d’une même entreprise puissent échappent encore à une coexistence plus active et plus synergique. L’alliance ZDF-RAI-France TV coproduit chaque année des séries avec de grandes ambitions créatives avec des budgets à la hauteur, rivalisant avec ceux de Netflix. Les alliances, qu’elles soient de nature stratégique, créative ou fonctionnelle, constituent une voie inévitable, tandis que l’isolement ne peut conduire qu’à l’échec et à l’extinction.

Personnellement, j’aurais bien des raisons de me méfier de CBC, qui a refusé en moins de 24 heures le projet d’adapter la série en anglais. Les parents, dont j’étais le producteur. Le même affront, pire encore, a été commis contre la série Un garçon une fille, qui arrive toujours en tête de liste des comédies les plus adaptées au monde. Mais les réalités ne sont plus les mêmes et je ne crois pas que ces hérésies retrouveraient leur place dans un contexte de coopération systémique entre CBC/Radio-Canada.

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