Dorlotez les bâtiments de la ville des gratte-ciel

« Nous ne faisons aucune nouvelle construction. Ce que nous faisons, c’est rénovation. La rénovation des équipements énergétiques dans les grands bâtiments», a expliqué Etienne Frenette, lors du récent passage du Soleil dans les bureaux d’EcoSystem à New York.

Samedi après-midi en avril. Le vice-président au développement des affaires, et donc des ventes, a accepté de faire l’entrevue alors que son fils participe à une fête entre amis, non loin de là.

Nous sommes à Manhattan, au 22ème étage de la 7ème Avenue. À quelques pâtés de maisons de Times Square. Si les locaux de travail sont vides le week-end, il y a toujours beaucoup de monde dans ce quartier.

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Etienne Frenette, vice-président d’EcoSystem, dans les bureaux de New York. (Olivier Bossé/Le Soleil)

Et beaucoup de grands immeubles. Pas tous jeunes.

«On regarde le bâtiment dans son ensemble et on essaie d’éliminer les inefficacités énergétiques», résume le seul Québécois et pilote du bureau new-yorkais d’une quarantaine d’employés. Une dizaine basée à Washington y sont également rattachées.

De l’UL à LA

Fondée il y a 31 ans par André Rochette, à la sortie de l’Université Laval, l’entreprise aujourd’hui dirigée par l’Ontarienne Lynne McArthur a toujours son siège social sur le boulevard Laurier, à Sainte-Foy, au coin du chemin de l’Église.

Son domaine d’expertise reste la réduction de la facture énergétique de ses clients et de l’empreinte écologique des bâtiments.

Mais son territoire d’action s’est considérablement élargi en trois décennies. Après Québec, Montréal et Toronto, viennent New York, Boston, Washington, Columbus et Los Angeles.

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Les bureaux new-yorkais sont situés au 22e étage de la 7e Avenue, non loin de Times Square, dans un immeuble pourtant peu économe en énergie. (Olivier Bossé/Le Soleil)

Sur quelque 200 employés, pour la plupart des ingénieurs, près de la moitié poursuivent leur carrière en Ontario ou aux États-Unis, un territoire qui représente 58 % du chiffre d’affaires de l’entreprise.

Au Québec, EcoSystem a à son actif la rénovation des bâtiments de plusieurs centres de services scolaires, centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS), cégeps, Collège de Lévis, CHU de Québec, UQTR, de l’hôpital Sainte-Justine, de le Biodôme.

Le stade de football de l’Ohio State University et le zoo de Toronto comptent parmi ses clients les plus prestigieux.

À New York, l’International Tailoring Company Building (ITCoB), sur la 4e Avenue, et l’ensemble du village de Stuyvesant Town, un complexe résidentiel de 11 250 logements construit à Manhattan au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, portent l’empreinte économe en énergie de ‘EcoSystème.

StuyTown appartient en partie à Ivanhoé Cambridge, la principale branche immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

EcoSystem fait également affaire au Rockefeller Center, un complexe mythique de style Art déco regroupant 19 bâtiments presque centenaires.

« La plupart des bâtiments ont une capacité de chauffage et de refroidissement supérieure à celle dont ils ont besoin, ils dépensent donc beaucoup plus d’énergie qu’ils ne le devraient. »

— Etienne Frenette, vice-président développement des affaires chez EcoSystem

Le bonhomme a passé sa jeunesse à Charlevoix et au Québec, avant d’aller étudier le génie mécanique à Sherbrooke, puis de travailler au Japon pendant 11 ans, à Tokyo et Yokohama. Puis retourne à Montréal, avant de s’installer à New York avec sa compagne et leurs trois enfants.

Il connaît bien les grandes villes. Mais New York reste New York.

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Installation de l’entreprise québécoise EcoSystem qui rend les bâtiments économes en énergie. (EcoSystème)

« À New York, le client veut savoir ce que vous avez fait à New York. Non pas qu’il veuille absolument travailler avec un New-Yorkais. Mais c’est tellement compliqué de travailler avec la bureaucratie new-yorkaise ! Il veut s’assurer que vous savez dans quoi vous vous engagez. Il ne veut pas être le cobaye», affirme celui qui énumère les différents permis de construire, la gestion des entrepreneurs et les syndicats de travailleurs comme de multiples écueils lors d’un seul projet de rénovation d’envergure.

En poste depuis cinq ans, il n’envisage pas de partir d’ici, à court ou même moyen terme.

Le potentiel des bâtiments anciens

La région de New York abrite de nombreux bâtiments anciens, dont beaucoup sont encore chauffés par le célèbre système souterrain de distribution de vapeur installé à la fin du XIXe siècle par nul autre que Thomas Edison.

C’est simple, convient M. Frenette. « Mais très inefficace, on perd beaucoup. Ça sort même dans les rues », souligne-t-il à propos de ces rejets de vapeur typiques des rues new-yorkaises.

« Lorsque vous commencez à ouvrir un mur pour toucher les tuyaux qui se trouvent derrière, vous ne savez jamais sur quoi vous allez tomber, ni quel type d’isolation il y aura. Alors oui, tout cela apporte des particularités très spécifiques à New York, où c’est plus complexe que dans d’autres endroits avec un pool de bâtiments plus récents.

>>>Projet de panneaux solaires pour une école de la région de New York installés par l'entreprise québécoise EcoSystem.>>>

Projet de panneaux solaires pour une école de la région de New York installés par l’entreprise québécoise EcoSystem. (EcoSystème)

L’avenir d’EcoSystem réside dans la décarbonation des bâtiments. Conversion souvent d’un système de chauffage au gaz naturel en système électrique.

Sur son site Internet, EcoSystem se vante d’avoir amélioré 1 785 bâtiments et d’avoir évité le rejet de 985 000 tonnes de dioxyde de carbone dans l’air au cours des 31 dernières années.

Les universités de New York, mais aussi de Californie, « veulent toutes décarboner leurs campus », affirme M. Frenette. La plupart de ces bâtiments ont une cinquantaine d’années sur la côte Ouest et encore plus sur la côte Est.

EcoSystem a la particularité de suivre ses projets du début à la fin. De la conception des plans à la réalisation des travaux de construction. Une rareté dans le domaine, selon son vice-président.

>>>Projet de l'entreprise québécoise EcoSystem dans un immeuble multifamilial à Brooklyn, New York.>>>

Projet de l’entreprise québécoise EcoSystem dans un immeuble multifamilial à Brooklyn, New York. (EcoSystème)

L’entreprise a également l’avantage de présenter des technologies éprouvées dans un climat nordique, celui du Québec. Par exemple, les pompes à chaleur de modèle industriel qui ont fait leurs preuves dans nos habitations par grand froid.

« Sur 30 ans, nos systèmes économes en énergie coûtent 20 ou 25 % de plus que ce que vous auriez de toute façon dépensé pour renouveler et entretenir votre équipement actuel. »

— Etienne Frenette, vice-président développement des affaires chez EcoSystem

« Mais il s’agit souvent davantage d’une question de planification. Vous réduisez votre empreinte carbone et, en plus, à New York, il y a des pénalités financières pour les immeubles de plus de 50 000 pieds carrés qui dépassent un certain plafond d’émissions de gaz à effet de serre», conclut-il, ajoutant qu’une ville comme Montréal serait sur le point d’emboîter le pas dans cette surtaxe sur les bâtiments polluants.

 
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