Montréal et Québec obtiennent de mauvais résultats en matière de mobilité active dans un classement mondial

Montréal et Québec obtiennent de mauvais résultats en matière de mobilité active dans un classement mondial
Montréal et Québec obtiennent de mauvais résultats en matière de mobilité active dans un classement mondial

L’automobile individuelle est utilisée une fois sur deux (52 %) pour les déplacements professionnels dans les villes du monde et encore plus aux États-Unis et au Canada, où elle est utilisée plus de neuf fois sur dix (92 %) en moyenne. Ce n’est vraiment pas une bonne nouvelle, ni pour la santé, ni pour l’environnement, ni pour les finances familiales, ni même pour la qualité des déplacements au quotidien.

En Amérique du Nord (sauf le Mexique), la conduite exclusivement automobile ne laisse que 5 % des transports au bus ou au métro et 4 % aux modes actifs. Dans les villes asiatiques, l’essentiel des déplacements s’effectue par les transports publics. En Europe, les modèles cohabitent, avec certaines villes en mobilité active (comme Utrecht, aux Pays-Bas, où dominent la marche et le vélo), d’autres villes axées sur les transports publics (comme Londres) et d’autres encore où les deux tiers des déplacements s’effectuent en voiture. (Rome). En Afrique, on marche beaucoup.

Montréal et Québec, comme d’autres villes canadiennes, se sont construites autour de la voiture individuelle, un moyen qui s’est répandu en quelques décennies seulement. La métropole québécoise compte 71 % des déplacements pour le travail en voiture, 22 % en transports en commun et 7 % à vélo ou à pied. Les situations sont similaires à Ottawa (72 % pour les voitures), à Toronto (69 %) et à Vancouver (70 %). Dans la capitale nationale, le portrait donne en revanche plus de place à la voiture (81%) et moins aux transports en commun (11%) et aux modes actifs (8%).

Ces conclusions proviennent de l’enquête des chercheurs Rafael Prieto-Curiel (Complexity Science Hub à Vienne) et Juan Pablo Ospina Zapata (Universidad EAFIT de Medellín) intitulée L’ABC de la mobilité et publié dans le magazine Environnement International en mars. Les données de la dernière décennie proviennent de 794 villes réparties dans 61 pays, principalement en Europe et en Amérique du Nord, où vivent 850 millions de Terriens.

L’économie joue un autre rôle indéniable. La voiture chère écrase les autres modes de transport dans les villes les plus riches. L’étude montre même que doubler les revenus dans une ville augmente les déplacements en voiture de 37 %, avec tous les problèmes qui en découlent.

« En réalité, ce que nous avons fait n’a rien de nouveau », dit-il humblement. Devoir professeur d’urbanisme Juan Pablo Ospina Zapata, par courrier électronique. À l’échelle de la ville, revenus élevés [entraîne] les déplacements en voiture sont plus nombreux, les mobilités actives et les transports en commun sont alors moins fréquents. » Le chercheur cite les études pionnières de Peter W. G Newman et Jeffrey R. Kenworthy, dont Les villes et l’automobile dépendentdepuis (1989). « Réussir à collecter autant de données à travers le monde était notre plus grand défi. »

Quand on se compare…

Montréal peut-elle vraiment se consoler un peu avec son tiers de déplacements actifs ou publics ? Ses résultats le rapprochent de certains exemples européens, comme Manchester, mais l’éloignent du modèle dynamique, où la marche et le vélo dominent, comme à Copenhague (47 %) ou à Bilbao (66 %). A Paris, la part modale de l’automobile est en baisse constante.

«L’exemple de Montréal parle de lui-même», note Catherine Pilon, analyste en mobilité durable pour l’organisme écologique québécois Équiterre. Avec un réseau de transport collectif développé en grande partie dans les années 1960 et un réseau cyclable qui s’est sérieusement développé au cours des 10 ou 15 dernières années, nous nous démarquons de la majorité des villes nord-américaines. Cela dit, il ne faut pas se contenter d’être médiocres, il faut viser une transformation rapide, car l’urgence des enjeux climatiques, sanitaires et sécuritaires l’exige. »

L’automobile est utilisée pour moins de la moitié (45%) des transports en Europe, où la part active combinée (28,5%, dont 22% pour le vélo) et les transports publics (26,5%) dominent. “Quand nous regardons d’où nous partons en Amérique du Nord et que nous regardons les chiffres européens, il est clair que nous avons du chemin à parcourir”, déclare M.moi Pilon. L’Europe n’est pas non plus homogène : certains pays et certaines villes ou régions s’en sortent bien mieux que d’autres. Cela dit, l’Europe fait généralement quelque chose de bien mieux qu’ici, à savoir l’intermodalité et la mobilité intégrée. C’est-à-dire que les options de transport « se parlent » et se complètent. Par exemple, aux Pays-Bas, le vélo pour les courtes distances se connecte très bien avec le train pour les longues distances. »

Un mal inutile

L’automobile privée pose d’énormes défis aux villes, aux pays et à la planète. « La voiture, surtout lorsqu’elle est utilisée pour transporter une seule personne, draine une quantité phénoménale d’énergie, de ressources et d’espace », rappelle le spécialiste d’Équiterre. Elle a des impacts importants sur la santé, l’environnement, l’économie, l’aménagement du territoire et la sécurité des milieux de vie. Il faut repenser nos déplacements pour réduire ceux effectués en voiture et privilégier les modes de transports collectifs et actifs, avant même de penser à l’électrification. Les déplacements en voiture doivent être limités à ceux qui ne peuvent se faire autrement. Nous devons réduire au maximum le rôle de la voiture dans nos villes et notre dépendance à son égard. »

Le secteur des transports (et celui du transport routier en particulier) demeure le principal contributeur aux émissions de GES au Québec, représentant 42,6 % des émissions totales en 2021. L’électrification des transports ne changera certainement rien à la congestion ou à l’étalement urbain.

A l’opposé, les deux autres modes de transport étudiés ne sont bénéfiques que du point de vue de la santé physique et mentale ainsi que pour la protection de l’environnement. L’argument financier s’avère tout aussi convaincant : la marche ne coûte rien, et un vélo électrique (qui pourrait remplacer le quart des déplacements en voiture dans la grande région de Montréal) se vend entre 10 à 20 fois moins cher qu’une voiture. neuf, dont le prix moyen dépasse désormais les 60 000 $.

«Je ne suis pas surpris de voir que les gens achètent un véhicule lorsque leur situation financière le permet, non seulement pour la simplicité qu’il offre, mais aussi pour le statut social qui y est associé», souligne M.moi Pilon. Les transports actifs ou collectifs, aussi confortables, efficaces et luxueux soient-ils, ne bénéficieront jamais des milliards de dollars dépensés en publicité par l’industrie automobile pour promouvoir son produit et le positionner comme un objet de consolidation de statut social. »

457e sur 794…

Le magazine L’économiste utilisé des données de recherche L’ABC de la mobilité de classer les villes selon le pourcentage de leur population active, c’est-à-dire qui utilise principalement la marche ou le vélo pour se déplacer. Quelimane, une ville du Mozambique, occupe la première place, avec 91% de ses 300 000 habitants en mobilité active. Les quatorze places suivantes appartiennent à des villes européennes, dont quatre villes espagnoles qui figurent dans le top 10.

En fait, l’Europe domine largement cette liste d’urbanité active. Les premières villes nord-américaines de la liste, toutes mexicaines, arrivent en 118e place (Guadalajara, avec un score de 39% de mobilité active), San Miguel de Allende (165e) et la capitale, Mexico (184e). Il faut attendre le 362e endroit pour voir la première ville des États-Unis (Ithaque, avec 20% de voyages actifs) et les 382e pour la première mention canadienne (Victoria).

Le Québec en occupe 441e position (avec 8% de transport actif, comme à New York) et Montréal 457e place (7%, comme à Boston). À partir de là, 327 des 337 places restantes en bas de liste et donc peu enviables appartiennent à des villes nord-américaines. À Memphis (774e place), ville de 1,3 million d’habitants, seulement 1% des déplacements s’effectuent à pied ou à vélo.

M. Ospina Zapata avoue avoir été surpris de constater que même dans les petites villes nord-américaines (il cite Casper City, dans le Wyoming) tous les déplacements se font en voiture, alors que, dans des villes de taille similaire dans son pays, en Colombie, on se déplace en voiture. à pied. « Dans les villes américaines, la part modale varie peu, la plupart des gens préfèrent la voiture. L’équilibre actuel entre mobilité active, transports publics et voitures dans certaines villes ne garantit pas un avenir durable et ne montre pas non plus que les villes évoluent dans la bonne direction. »

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