Prise dans la guerre acharnée entre le Hezbollah et Israël, la Force intérimaire des Nations Unies pour le Liban (FINUL) voit, jour après jour, ses mouvements limités et ses options réduites à néant. Cette force internationale a pour mandat de veiller à la bonne application de la résolution 1701 qui a mis fin à la guerre de juillet 2006 et qui appelle au retrait du Hezbollah vers le nord du fleuve Litani, en échange de la fin des violations israéliennes de la souveraineté. Libanais. Aucun des belligérants n’a réellement respecté sa part du marché, ce qui a valu de nombreuses critiques aux soldats de la paix. Surtout dans le contexte de la guerre actuelle, dans laquelle la FINUL, à la pointe des affrontements et dont l’avenir est incertain, se trouve dans une position très difficile. Malgré cela, le commandement de la force onusienne persiste et signe : les Casques bleus continueront leur mission malgré tout. Et ce malgré une demande formulée il y a six jours par l’armée israélienne de « déplacer certaines de ses positions ».
Enivré par ses récents succès contre le Hezbollah, Israël affirme vouloir changer la donne, non seulement au Liban mais au Moyen-Orient. Une ambition qui nécessite, à ses yeux, de conquérir une partie du Sud-Liban – transformé en « terre brûlée » – pour instaurer un nouveau statu quo. Dans ce contexte, l’armée israélienne mène également une guerre de communication tout aussi féroce, ne lésinant plus sur la quantité de vidéos destinées à prouver son point de vue : une grande partie du territoire libanais a été transformée par le Hezbollah en un immense bunker où il entrepose son arsenal « menaçant ».
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Après avoir lancé lundi une incursion terrestre dans le Sud-Liban, l’armée israélienne a publié le lendemain des vidéos de tunnels présumés du Hezbollah qu’elle aurait découverts et détruits lors de cette opération. Le Hezbollah assure qu’il s’agit d’images anciennes. Dans ces vidéos, comme dans d’autres publiées samedi, on voit des soldats israéliens avancer dans des tunnels et trouver des armes et des munitions, des fûts en plastique, des vêtements militaires, des lits de camp, un évier et de la vaisselle et même de la nourriture et des friandises dans un réfrigérateur. D’autres documents montrent une maison qui aurait abrité dans son sous-sol un tunnel du Hezbollah rempli d’armes et de munitions.
Discréditer la FINUL ?
Selon l’État hébreu, ces tunnels devaient être utilisés par le Hezbollah pour « enlever ou assassiner des soldats ou des civils israéliens, et s’emparer d’une frange du territoire israélien en cas d’hostilités ». Mais une Source diplomatique anonyme affirme que celles-ci pourraient bien être « fausses », notamment des vidéos tournées après l’annonce de la découverte, par l’armée israélienne, en avril 2019, de six tunnels menant au territoire israélien. À l’époque, le commandant de la FINUL, le général Stephano Del Col, avait assuré L’Orient-Le Jour qu’il était « difficile de prouver quand ces tunnels ont été creusés et qui en étaient les auteurs ». Selon Israël, ces tunnels, d’une profondeur de 80 mètres, “étaient en violation de la résolution 1701”, et étaient destinés à être utilisés par le Hezbollah “pour passer du Liban vers Israël afin d’enlever ou d’assassiner des soldats ou des civils israéliens”. Après cette découverte, les Israéliens entreprirent de boucher ces galeries en injectant d’énormes quantités de ciment. Dépêchés sur place, les soldats de la FINUL ont été empêchés par le Hezbollah de se rendre sur place sous prétexte qu’il s’agissait d’une empiètement sur une « propriété privée ». Les dernières manœuvres pourraient donc être une manière de dire que des souterrains ont été fouillés malgré la présence de près de 10 000 militaires de diverses nationalités chargés du maintien de la paix. Une manière de discréditer la force multinationale, notamment aux yeux de la communauté internationale, à l’heure où Tel-Aviv semble opposé à un retour au statu quo à la frontière avec le Liban, considérant la loi 1701 comme obsolète.
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Pour les Casques bleus, souvent contraints de regagner des refuges à l’ombre de l’intensification des bombardements ces dernières semaines notamment, leur mission d’observation et de vérification de ces allégations est encore plus compromise. “Comment voulez-vous que les soldats de la Finul puissent accomplir leurs tâches quotidiennes si on leur demande également d’évacuer les lieux”, s’offusque le diplomate cité plus haut. En réponse à la demande israélienne d’évacuer certaines de ses positions, l’informant « de son intention de procéder à des incursions terrestres limitées au Liban », la FINUL a décidé : « Les casques bleus maintiennent leur présence sur l’ensemble des sites », assure à notre journal le porte-parole. pour la force multinationale, Andrea Tenenti. Il a indiqué à ce propos que les Casques bleus « adaptent régulièrement leurs positions et leurs activités » aux circonstances, assurant toutefois qu’ils continueront jusqu’à nouvel ordre à remplir leur mission dans la mesure du possible. « Les drapeaux des Nations Unies continueront de flotter », a-t-il déclaré. Avant de préciser que la FINUL a envisagé « des plans d’urgence qui sont immédiatement opérationnels si nécessaire », rappelant que la sécurité des unités sur place « est essentielle, les deux parties belligérantes ayant l’obligation de la garantir ».
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