Dans l’Eure, ces deux villages se souviennent des bombardements d’août 1944

Dans l’Eure, ces deux villages se souviennent des bombardements d’août 1944
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Par Lina Tran
Publié le

3 et 24 mai à 16h00

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17 août 1944. Un rendez-vous inoubliable pour les villages d’Ajou et de La Ferrière-sur-Risle (Eure). UN bombardement détruit une partie des deux centres-villes, tuant 32 civils, « voire plus », ajoute Andrée Dorgère, historienne amateur du Mesnil-en-Ouche. Ce sont ces noms que nous avons réussi à récupérer. »

Marquer les 80 ansla mairie de La Ferrière-sur-Risle propose, une nouvelle fois, une exposition retraçant cet événement à la salle des fêtes, de 10h à 16h, le mercredi 8 mai 2024.

Elle sera proposée en parallèle de la traditionnelle cérémonie de commémoration organisée par l’association des anciens combattants regroupant Ajou, La Houssaye et La Ferrière-sur-Risle le même jour.

Cette exposition a été dévoilée, pour la première fois, à l’occasion du 70e anniversaire de cet événement et a accompagné l’installation de la plaque sur le pont Ajou honorant les civils morts au cours de cette journée.

Pour l’occasion, Andrée Dorgère – qui a grandi à La Ferrière et a travaillé comme secrétaire de mairie à Ajou – avait collecté plusieurs témoignages, publié dans un livre. 80 ans plus tard, elle nous invite à plonger dans le passé, pour ne pas oublier.

Une attaque américaine

Le pont d’Ajou était la cible des Américains. Les bombardements ont finalement touché les deux villages. ©DR

Objets, images d’archives, vidéos, mais surtout témoignages seront découverts ou redécouverts lors de cette exposition qui retrace un événement marquant pour les deux villages. Aujourd’hui, les traces sont minimes. Le centre-ville de La Ferrière a été reconstruit.

Ce bombardement n’est pas le fait des Allemands, mais plutôt les Américains, rappelle Andrée Dorgère. Initialement, le plan était de détruire le pont reliant les deux communes. « Nous avons dû bloquer les routes secondaires », se souvient l’historien local. Finalement, ils ont visé large. »

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Et personne ne s’attendait à cette attaque, « les habitants pensaient qu’ils seraient tranquilles dans ces villages ». Comme elle l’explique, la majorité des victimes étaient originaires de Beaumont-le-Roger :

Les habitants de Beaumont envoient leurs enfants avec leurs grands-parents à La Ferrière, car ils craignent la présence importante des Allemands dans la commune.

Andrée Dorgère, historienne amateur

Six ans, treize ans, mais aussi dix-sept et dix-huit mois, les pertes sont terribles et très jeune. Ce qui n’a pas empêché les habitants célèbrent la libération du pays et l’arrivée des Nord-Américains dans la région quelques semaines plus tard. « Il y avait un sentiment ambivalent. De nombreux témoins m’ont dit qu’ils représentaient la liberté », se souvient-elle.

Les derniers témoins

Andrée Dorgère a rassemblé les différents témoignages dans un livre, Au bord de la Risle, 2 villages normands se souviennent du 17 août 1944. ©Lina Tran

L’exposition est également destinée un enregistrement écrit de cet événement alors que les témoins se font de plus en plus rares. Parmi la trentaine de personnes interrogées pour son livre il y a dix ans, seule une poignée est encore en vie.

Ce devoir de mémoire importe à l’habitant du Mesnil-en-Ouche. Si elle s’est penchée sur cette histoire, c’est parce qu’elle est étroitement liée à cet événement : originaire du village de La Ferrière, son père est l’un des survivants du 17 août 1944.

« Il parlait très peu du passé. La seule chose qu’il m’a dit, c’est que lorsqu’il déjeunait, il avait tout. Après ce déjeuner, il a tout perdu», raconte Andrée.

Sa femme, sa belle-famille et ses amis sont morts sur le coup. Il se remariera par la suite (et elle naîtra de cette union) et il deviendra même maire du village pour plusieurs années. « L’histoire de mon père est comme bien d’autres », souligne-t-elle.

Il y a par exemple Jeannine Gousset, dans une maison de retraite, qui a échappé aux bombardements parce que elle est allée aux toilettes dans le jardin à cette époque, ou encore Mauricette Duval qui vivait dans une ferme qui accueillait de nombreux déplacés.

Mais il y a surtout l’histoire de Tao, une jeune femme juive, qui a fui Paris avec sa mère et son frère pour rejoindre La Ferrière. Seule survivante, elle a finalement été recueillie par sa tante, vivant dans le sud de la France. Elle ne reviendra dans l’Eure qu’en 2014, lorsque la plaque honorant les victimes sera installée.

Ainsi, les témoignages qu’Andrée Dorgère a recueillis sont encore plus précieux maintenant que dix ans ont passé. L’historienne locale s’est donnée pour mission de perpétuer l’histoire et multiplie les interventions dans les écoles et les universités pour en parler.

L’exposition aura lieu le mercredi 8 mai à la salle des fêtes de La Ferrière-sur-Risle, de 10h à 16h. ENTREE GRATUITE. 31 rue Jean-Jacques Hubert. Le programme de la cérémonie du 8 mai se trouve à la page suivante.

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