« Nous n’avons pas l’autorité pour nous frayer un chemin »

« Nous n’avons pas l’autorité pour nous frayer un chemin »
« Nous n’avons pas l’autorité pour nous frayer un chemin »
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Avec les effets du changement climatique, la question de l’eau est au centre de nombreux débats. Le territoire girondin ne fait pas exception à ce sujet. Depuis vingt ans, un projet de champ de captage est à l’étude dans le massif forestier du sud du Médoc. Il s’agit de réaliser 14 forages dans une nappe phréatique profonde disponible sous les communes de Saumos et Le Temple. L’objectif est de mieux répartir les prélèvements sur l’ensemble de la Gironde et de trouver un équilibre dans la gestion collective de l’eau.

L’Éocène, les eaux souterraines qui fournissent l’essentiel de…

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Avec les effets du changement climatique, la question de l’eau est au centre de nombreux débats. Le territoire girondin ne fait pas exception à ce sujet. Depuis vingt ans, un projet de champ de captage est à l’étude dans le massif forestier du sud du Médoc. Il s’agit de réaliser 14 forages dans une nappe phréatique profonde disponible sous les communes de Saumos et Le Temple. L’objectif est de mieux répartir les prélèvements sur l’ensemble de la Gironde et de trouver un équilibre dans la gestion collective de l’eau.

L’Éocène, la nappe phréatique qui fournit l’essentiel de l’eau potable consommée dans la métropole bordelaise et ses environs, est surexploitée. Chaque année, 48 millions de m³ en sont extraits. C’est 10 millions de m³ de trop par rapport à son rythme naturel de renouvellement. Si rien n’est fait, la quantité d’eau disponible pourrait diminuer et sa qualité se détériorer. C’est cette eau de substitution que nous souhaitons prélever dans le Médoc. Cette question inquiète les forestiers. Ils craignent un abaissement de la nappe phréatique de surface. Celui qui nourrit la forêt de production. En juin, René Therrien, hydrogéologue de renommée internationale, sera en Gironde pour donner son avis. Il confrontera les études de la Métropole et des forestiers, qui se contredisent.


Sylvie Cassou-Schotte, vice-présidente de Bordeaux Métropole en charge de l’eau.

Fabien Cottereau Archives / SO

Qui se cache derrière l’arrivée de cet hydrogéologue de renommée internationale ?

C’est un observatoire composé d’acteurs locaux, de forestiers et de représentants de Bordeaux Métropole. Dans le cadre de toutes les discussions qui ont eu lieu sur cette question, cette instance a demandé l’intervention de René Therrien, un hydrogéologue québécois de renommée internationale. Elle doit se prononcer sur la validité scientifique du modèle hydrogéologique qui a été utilisé pour évaluer l’impact du retrait du champ de captage sur les nappes phréatiques du Médoc. René Terrien ne va plus étudier. Il examinera la validité scientifique des travaux déjà produits par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

Les forestiers craignent que ces forages n’affaiblissent la nappe phréatique de surface. Celui qui nourrit les pins. Quelle sera votre ligne de conduite si cet expert affirme que le champ de captage peut menacer la forêt ?

Si en effet il ne valide pas la méthodologie et qu’il exprime des doutes sur l’impact du champ de captage face au changement climatique, c’est le Plan d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) Nappes profondes (Parlement de l’Eau) qui sera saisi. C’est cet organisme qui a posé le diagnostic de la nécessité de fournir de l’eau de remplacement à Bordeaux Métropole et aux communes environnantes. Ce champ de captage est un projet d’intérêt général. L’État devra également se positionner. Concernant Bordeaux Métropole, nous prendrons nos responsabilités. Ce qui a déjà été fait en participant à la visite de cet hydrogéologue. Nous n’avons pas le pouvoir de forcer le passage. Nous travaillons sur ce projet depuis plus de vingt ans. Si des doutes surgissent, ils doivent être résolus. Dans tous les cas, c’est un dossier complet qui doit être déposé avec toutes ses études environnementales pour passer ensuite à la phase d’enquête publique. Il est prévu pour 2025.

Entre 2015 et 2021, le département de la Gironde a vu sa population croître de 6,87 %. Le territoire continue d’accueillir de nouveaux habitants. Comment comptez-vous résoudre cette équation mettant en avant un plan d’eau profond qui montre ses limites et un bassin de vie qui s’agrandit ?

A l’agence de l’eau de Bordeaux Métropole, nous travaillons sur un plan de sobriété. Son objectif est de sensibiliser les utilisateurs aux comportements des utilisateurs afin de réduire leur consommation d’eau. Dans ce même mouvement, tous les acteurs du territoire grands consommateurs d’eau ont également été sollicités : les entreprises, les bailleurs sociaux, les copropriétés et le CHU de Bordeaux qui en est un grand utilisateur. Un plan très agressif de lutte contre les fuites a été lancé pour les cinq prochaines années. Elle s’articule autour de trois axes : détection, réparation et anticipation. Ce service sera élargi avec du nouveau personnel. Nous nous engageons sur la voie des ressources alternatives. Il s’agit de la réutilisation des eaux usées traitées et des eaux de pluie. À Mérignac, une expérimentation a été lancée sur un bassin de rétention dans lequel les eaux de pluie peuvent être récupérées pour être utilisées pour l’arrosage des espaces verts, les opérations de nettoyage, etc. En 2023, nous avons inauguré une station d’épuration pour la réutilisation des eaux usées traitées pour des usages non domestiques. Mais pour utiliser ces eaux grises, il faut sortir du carcan administratif et pouvoir obtenir toutes les autorisations. On attend juste le feu vert !

 
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