Une exposition sur la figure de la grand-mère au centre Ahkwayaonhkeh

Une exposition sur la figure de la grand-mère au centre Ahkwayaonhkeh
Une exposition sur la figure de la grand-mère au centre Ahkwayaonhkeh

Le centre d’artistes Ahkwayaonhkeh accueillera l’exposition du 10 mai au 16 juin Tho ihchien’ ha’yeht hewetha’ de ändichia’ – Je marche vers toi grand-mère. Ni motan kimeskanamik kokom – Je suis tes traces, grand-mère.

Anne Ardouin et Eruoma Awashish présenteront chacune une série d’œuvres, en dialogue, inspirées de la figure de la grand-mère et de la notion de transmission. Réunis pour la première fois dans un contexte professionnel, les deux artistes se connaissent depuis plus de 30 ans.

En 1994, Anne Ardouin se rend pour la première fois à Opitciwan. Elle y a été invitée pour réaliser un documentaire sur les adolescents de la communauté. C’est à cette époque qu’elle rencontre Eruoma qui n’a alors que 13 ans.

« Je l’ai vue évoluer au fil des années et maintenant c’est une artiste qui brille », explique Anne.

Lorsque le Centre des artistes Ahkwayaonhkeh l’a contactée pour organiser une exposition et lui a proposé d’inviter un autre artiste, elle a immédiatement pensé à Eruoma. Les deux artistes sont ravis de pouvoir partager cette expérience ensemble.

« Anne est comme une grande sœur, c’est amusant de collaborer entre collègues », raconte Eruoma, maintenant basée à Pekuakami (Lac-Saint-Jean) près de son lieu de travail à Mashteuiatsh.

Deux univers qui se rencontrent

Le titre de l’exposition est présenté en deux parties. Je marche vers toi grand-mère témoigne de la démarche d’Anne Ardouin. N’ayant pas connu sa grand-mère paternelle, elle tente de restaurer cette rupture de transmission et de renouer avec une partie de son identité. A travers une série de neuf dessins représentant des paysages, l’artiste explore les structures du territoire.

« J’aime beaucoup être en silence, me ressaisir, regarder au loin. Quand je rentre à la maison, c’est dans ma mémoire. Le geste revient”, explique-t-elle.

Les dessins sont réalisés de mémoire et sont le résultat de gestes spontanés. Un court texte accompagne les œuvres. Les visiteurs pourront également observer les poupées de maïs réalisées par l’artiste pour « honorer les chemins de ses ancêtres et ceux des femmes qui traversent les rivières jusqu’aux océans ».

Crédit photo : Anne Ardouin

Je suis tes traces, grand-mère

La deuxième partie du titre de l’exposition, Je suis tes traces, grand-mère, décrit la vision d’Eruoma Awashish. Ayant grandi avec sa grand-mère, l’artiste puise son inspiration dans la relation qu’elle entretenait avec elle. Dans les leçons qu’elle a pu apprendre de son ancêtre.

« La transmission se produit différemment parmi les peuples autochtones. C’est beaucoup grâce à l’observation et aux silences que nous nous souvenons et absorbons soudainement des choses », explique Eruoma.

Plusieurs années après la mort de sa grand-mère, l’artiste continue d’apprendre d’elle. « Certains enseignements reviennent et refont surface et je comprends de nouvelles choses », confie-t-elle.

Les œuvres présentées par l’artiste sont construites autour de plusieurs symboles liés à sa grand-mère. Elle explique s’être inspirée d’un foulard qui lui appartenait et qui a été numérisé. Elle découpait ensuite des fleurs pour en faire une sorte de couronne, une auréole. Un symbole catholique qu’Eruoma se réapproprie à travers sa pratique artistique.

« Dans la culture indigène, le sacré est accessible à tous et est présent dans tous les petits gestes du quotidien […] qui deviennent des gestes spirituels et sacrés pour honorer la vie des êtres vivants qui nous permettent de survivre. C’est pour ça que je mets des auréoles partout : sur les plantes, les animaux… »

Eruoma Awashish, Kokom (éd. 7/7), 2006.
Crédit photo : Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

En s’appropriant ce symbole catholique, Eruoma le transforme et l’associe au symbole du cercle qui représente l’interconnexion et l’interdépendance des choses et des êtres vivants. Elle donne au sacré une dimension universelle qui rompt en quelque sorte avec l’idée du sacré catholique qu’elle perçoit comme s’adressant à une élite.

Une soirée d’ouverture aura lieu le 10 mai à partir de 17h pour lancer l’exposition. Les deux artistes seront présents pour discuter de leur travail.

 
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