Climat, écologie, travail… Dans le bassin nantais, récolter le muguet n’est plus si simple

Climat, écologie, travail… Dans le bassin nantais, récolter le muguet n’est plus si simple
Climat, écologie, travail… Dans le bassin nantais, récolter le muguet n’est plus si simple

La culture de ce symbole du 1er mai s’est déroulée principalement en Loire-Atlantique depuis près d’un siècle. Même si les producteurs sont moins nombreux, les volumes commercialisés résistent.

Le Figaro Nantes

Un pays de muguet. Grâce à son climat océanique et ses sols sableux, le bassin nantais concentre près de 95 % de la production nationale de fils récoltés. Une dizaine de producteurs sont toujours actifs même si leur nombre tend à diminuer : « Il n’y a pas d’acheteur. Les enfants ne prennent pas la relève mais les griffes (les plans) sont redistribuées aux producteurs présents”rassure d’emblée Thomas Loirat, conseiller technique en production de muguet au sein du comité départemental de développement maraîcher (CDDM).

La production reste ainsi importante : cette année encore, près de 60 millions de brins ont été récoltés sur 150 hectares. Ces bouquets, qui ravissent de nombreux acheteurs, cachent en réalité des contraintes climatiques et de travail croissantes. Cette année, les vendanges ont débuté le 15 avril, après un week-end où les températures ont brusquement augmenté. « C’était très doux, ça a accéléré les choses. Nous étions environ cinq jours en avance., se souvient M. Muguet du CDDM. La rechute climatique de lundi a permis d’étaler la cueillette : « Cette année, nous aurons un muguet frais. La conservation au réfrigérateur n’a pas pris trop de temps..

Une culture « difficile à produire » pour les jeunes

« Les brins repris après le 18 seront de qualité, mais ceux d’avant… », souligne Philippe Naulleau, président de la section Muguet des Nantais Maraîchers, moins optimiste. Personnellement, celui qui est lui-même producteur n’a pas collecté les 600 000 brins qu’il collectionne habituellement. L’heure des explications viendra plus tard. Une chose est sûre, l’entretien de cette usine est un processus laborieux qui nécessite douze mois de travail pour une journée de vente.

« La nouvelle génération considère que c’est une culture difficile à produire. La difficulté est élevée. Cette année est un exemple., observe-t-il, en écho aux aléas climatiques. Cette récolte précoce a donc engendré des problèmes de main d’œuvre. Normalement, les travailleurs sont difficiles à trouver. Mais durant cette courte période de cueillette, les tensions se font encore plus sentir. D’autant que là, le muguet était prêt « en grande partie avant les vacances étudiantes ». De quoi compliquer la tâche.

Le 18 avril, un élément est venu mettre de l’eau au moulin. Comme depuis dix ans, la CGT s’est rendue dans une exploitation agricole pour apporter son soutien aux salariés. Durant cette courte période, le maraîchage industriel « emploie des centaines de saisonniers, souvent les plus précaires. Retraités, gens du monde entier, Guinéens, Mayotte, migrants… : ils ne connaissent pas vraiment leurs droits. Nous avons l’habitude d’aller à leur rencontre”, justifie Ronan Lherbier, secrétaire du syndicat local du Sud Loire. Cette année, il a non seulement dénoncé le « des conditions de travail qui ne sont pas à la hauteur de ce qu’elles devraient être, en termes d’équipements, de respect des horaires… », mais a également souligné l’aspect écologique, accompagné par les agriculteurs.

Exploitation de la nature pour la CGT

“C’est le genre de production qui exploite les plus précaires et en même temps exploite la nature”, il ajoute. Au-delà même du muguet, auquel le syndicat reste attaché, il dénonce le maraîchage industriel et l’accaparement des terres et du sable par certains, au détriment des plus petits. « Ce sont des usages de l’eau qui ne sont pas arbitrés, des dérogations en été pour le maraîchage industriel alors que nous n’autorisons pas de dérogations pour les petites exploitations »explique Ronan Lherbier.

Une atteinte à l’exploitation de la nature qui fait grincer des dents les personnes visées. « Oui, le muguet, comme toute production florale, a un impact écologique. Mais il y a une tradition, il y a aussi l’envoi de fleurs pour se faire plaisir”. Et Thomas Loirat poursuit : « On peut mettre le doigt dessus mais la culture du muguet est encore traditionnelle et faite à la main. Ça reste en place 5 ans, on ne mélange pas les terres, on utilise de la matière organique, des auxiliaires naturels… Ce n’est pas une culture avide de phyto ou autres produits, il y a d’énormes progrès qui sont en train de se faire. faits”.

« C’est surprenant de venir nous dire que ce n’est pas écologique parce que nous arrosons. Il est exagéré de dire que c’est une culture polluante. Pour avoir des légumes, il faut de l’eau”, ajoute le maraîcher Philippe Naulleau. Un expert du secteur, qui suit bien les questions de réchauffement climatique, remet en question ces critiques visant un circuit court : « si on commence à s’interroger sur le muguet nantais, il faut s’interroger sur les fleurs exportées du monde entier… ». En attendant, le secteur peut compter sur le soutien de l’État. Vendredi, le préfet a reçu un brin de muguet des mains du président de la fédération des maraîchers nantais et l’a annoncé dans un communiqué : « Symbole d’une tradition ancienne, cette séquence est aussi l’occasion de reconnaître et de mettre en valeur l’excellence de la filière locale : une production valorisée, très technique, innovante et emblématique du territoire nantais depuis les années 1920 ».

 
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