le RACJ remet en question la compétence d’un gérant de Havana Resort

le RACJ remet en question la compétence d’un gérant de Havana Resort
le RACJ remet en question la compétence d’un gérant de Havana Resort

Une journée complète d’audiences s’est tenue mardi pour interroger et contre-interroger le sergent Sergio Miranda de la Sûreté du Québec dans le dossier opposant l’établissement de Maricourt à la RACJ.

Le camping Havana Resort a en effet fait appel du jugement RACJ rendu en mars dernier, qui lui a retiré sa licence d’alcool pour plusieurs atteintes à l’environnement, à la sécurité et à l’ordre public. Le Tribunal administratif du Québec (TAQ) entend actuellement l’appel.

Essentiellement, le sergent Miranda a été l’un des enquêteurs du Projet Mygale, une enquête majeure menée entre 2014 et 2016 sur un réseau organisé de contrebande de tabac entre les États-Unis et la communauté de Kahnawake.

Dès le début de cette opération, explique l’enquêteur, Dominic Perrier, aujourd’hui gérant du camping Havana Resort, a été ciblé comme personne d’intérêt. À l’époque, il était directeur de l’entreprise de camionnage Transport RPM.

M. Perrier est le père des deux actionnaires du camping et le fils de son administrateur. La Régie, dans son jugement initial, a considéré que la demande de permis d’alcool avait été faite au profit de M. Perrier, sans qu’il apparaisse aux documents.

C’est pourquoi le projet Mygale a été ramené. Dominic Perrier avait été placé sous surveillance, arrêté pour gangstérisme et fraude de plus de 5 000 $ et interrogé à l’époque de Mygale, car la police disposait de suffisamment de preuves pour étayer ces agissements. Or, le directeur des poursuites criminelles et pénales n’avait pas porté d’accusations contre M. Perrier, car il ne pouvait établir sa culpabilité hors de tout doute raisonnable, note le sergent Miranda.

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Le camping Havana Resort a perdu l’année dernière sa licence d’alcool, ce qui a notamment affecté son célèbre bar à l’intérieur de sa piscine. (Archives La Tribune)

Impliqué ou pas ?

Interrogé, il a souligné que le fait que « hors de tout doute raisonnable » n’ait pas été atteint ne signifie pas que M. Perrier n’était pas impliqué dans la contrebande de tabac.

“A notre niveau, M. Perrier était lié à l’administration” de la structure de contrebande, a précisé le sergent Miranda.

“Nous avions les raisons” de nous intéresser à M. Perrier, a-t-il ajouté.

Lors du contre-interrogatoire, l’avocat du Havana Resort, Me David Beaudoin, a longuement interrogé le policier pour lui faire répéter à plusieurs reprises que les enquêteurs n’avaient pas suffisamment de preuves contre M. Perrier et que ses liens avec plusieurs membres de l’industrie du tabac l’organisation de trafic ciblé en 2014 ne sont pas prouvées.

Me Beaudoin insiste sur le fait que, malgré « les filatures et les écoutes téléphoniques pour arrêter Dominic Perrier », les policiers n’ont pas réussi à rassembler des preuves suffisantes. Il estime que cela peut indiquer que son client n’a rien à se reprocher.

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Dominique Perrier (Jessica Garneau/Archives La Tribune)

Le lien

Mais qu’est-ce qu’une enquête vieille de dix ans a à voir avec la révocation ou non de la licence d’alcool d’un camping ?

Dans sa preuve déposée au TAQ, la RACJ a relié beaucoup de jurisprudence, notamment certaines qui tendent à démontrer qu’il est possible de refuser la délivrance d’un permis d’alcool dans des cas semblables à celui de M. Perrier et de l’enquête Mygale.

Dans une décision rendue au tribunal de la RACJ en juillet 2023, la gérante Maude Lajoie s’intéresse à un dossier où le titulaire d’un permis d’alcool dans un bar du Centre-du-Québec a vu celui-ci être contesté. Nous avons notamment noté le lien possible entre le titulaire, propriétaire du bar, et le crime organisé dans les affaires de trafic de drogue.

« Dans ses représentations, l’avocat du titulaire de permis fait valoir qu’aucune transaction de drogue n’a eu lieu dans l’établissement, qu’aucune preuve à cet effet n’a été apportée et qu’aucune accusation pénale n’a été portée contre lui. la rencontre [du propriétaire]. À cela, la Cour répondra qu’aucune accusation criminelle n’est requise pour que la Cour puisse évaluer la capacité d’un titulaire à exploiter un permis d’alcool avec compétence et intégrité. Par ailleurs, la charge de la preuve requise devant un organe administratif diffère de celle applicable devant un tribunal en matière pénale ou pénale. La soussignée doit juger selon la prépondérance des probabilités si le demandeur a établi cette capacité », écrit Mme Lajoie.

Autrement dit, le commissaire explique que les dossiers administratifs ne doivent pas s’appuyer uniquement sur des accusations criminelles formelles ou sur le principe « hors de tout doute raisonnable » pour considérer un élément de preuve, mais plutôt sur la prépondérance des probabilités.

Ceci, a répété le sergent Miranda mardi, semblait pointer vers l’implication de Dominic Perrier dans la contrebande de tabac en 2014. Il serait donc possible, selon la jurisprudence présentée par la RACJ, que cet élément décourage le TAQ d’accorder un permis d’alcool à La Havane. Resort dix ans plus tard.

De nouvelles dates d’audience sont prévues dans cette affaire en juin.

 
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